: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: juin 2016

samedi 25 juin 2016

Fin du pentecostaire - Dimanche de tous les saints : appel au retour à l'état naturel de l'homme

Dans l'Orient chrétien (1), les périodes liturgiques sont désignées selon le nom donné aux livres liturgiques. Durant la période s'étalant de la veillée pascale jusqu'au dimanche de tous les saints autrement appelé premier dimanche après la Pentecôte qui tombe cette année le 26 juin 2016, nous sommes dans le Pentecostaire qui inclut les fêtes mobiles (Pâques, fêtée en sept dimanches, le septième étant la Pentecôte, Ascension, Pentecôte cinquante jours après Pâques, dimanche de tous les saints). On inclut dans le pentecotsaire le dimanche de tous les saints par cohérence théologico-liturgique même si la période de Pâques à la Pentecôte est réellement la période des 50 jours. Or donc, le pentecostaire succède au Triode de carême qui comprend le précarême, le grand carême, la résurrection de Lazare, l'Entrée à Jérusalem, la semaine de la Passion. Ainsi, de Pâques, réactualisant la Résurrection du Seigneur Jésus-Christ au dimanche suivant la Pentecôté, il y a unité. La Pentecôte est en quelque sorte l'acmé d'un processus initié au moment de la Résurrection du Christ et correspond à la glorieuse descente de l'Esprit-Saint. Elle est achèvement et début. Achèvement de la période de cinquante jours, qui est préparation à recevoir l'Esprit et début car elle annonce un changement de régime existentiel pour les chrétiens, selon le modèle archétypique     des disciples. La Pentecôte réactualise la genèse ou la fondation de l'Eglise et doit s'entendre comme l'accomplissement de la mission du Christ mais aussi le commencement de l'ère messianique du Royaume qui est mystiquement présent dans l'Eglise chrétienne en ce monde. Lors de cette réactualisation rituelle de cet événement central de l'année liturgique, les chrétiens sont invités à redécouvrir, à en prendre réellement conscience de la présence du Saint-Esprit qui agit en eux depuis leur baptême. Les disciples durent attendre la descente de l'Esprit pour avoir la force d'accomplir leur mission : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit", Evangile de Jésus-Christ selon Matthieu. Le saint Esprit qui vînt dans le coeur des disciples en y incrivant une loi nouvelle, de fait une mission, réalise ainsi le mystère de l’Église en tant que sacrement de la présence christique dans son Corps, mais également dans ses membres  forcément baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.  Voir le topaire, ton 8 dans le Pentecostaire (à la Pentecôte).
Le premier dimanche après la Pentecôte est dédié à la commémoration de tous les saints. Dans l'Église catholique romaine, cette fête est célébrée le premier novembre. La fête du premier dimanche est originairement une fête de tous les martyrs. Les autres saints ont été ajoutés peu-à-peu.Elle a commencé à être célébrée à Antioche, au IVe siècle. Saint Éphrem le Syrien ou encore saint Jean Chrysostome ont écrit à propos de cette fête. Pentecôte et dimanche de tous les saints sont intimement liés. Sans aucun doute, ne faut-il pas seulement comprendre cette fête comme étant celle célébrant la sainteté d'hommes de haute réalisation spirituelle. Cette fête nous invite plutôt à la métanoia, à envisager et comprendre que l'état d’union avec Dieu existe chez tous les chrétiens que le péché n'a pas séparé de Dieu. Car, selon l'authentique tradition chrétienne, la sainteté est l’état normal du chrétien. Cette célébration de tous les saints est donc avant tout et surtout, sinon exclusivement, un appel à la sainteté adressé à tous les chrétiens. L'état naturel de l'homme n'a rien à voir à ce que les matéralistes (souvent de pseudo-jouisseurs névropathes) veulent laissert croire, soit un état dans lequel l'homme se laisse aller à satisfaire tous ses bas instincts, toutes ses pulsions, tous ses fantasmes. Et c'est pour cela que notre époque n'aime pas les chrétiens, car ces derniers, aussi médiocres soient-ils parfois, sont le témoignage vivant, les porteurs d'un message qui dit que Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu à son tour. Autrement dit, la sanctification, plus encore la déification est l'état naturel de l'homme. Ce ne sont, évidemment, pas nos bondieusards laicards, nos athées du néo-clergé gestionnaires de l'aliénation spectaculaire marchande qui pourront entendre cela...

(1) Les expressions "Orient chrétien" ou "christianisme oriental" prêtent à confusion; On aurait tendance à l'utiliser pour désigner les Eglises orthodoxes dans leur grande diversité (Eglises des trois conciles ou pré-chalcédoniennes, Eglises des 7 conciles)  or dans ces Eglises chrétiennes on compte aussi des Eglises rattachées à Rome.

dimanche 12 juin 2016

Quand les expériences mystiques valident la théologie orthodoxe (à partir d'un témoignage extrait du livre du Père Brune, "Les morts nous parlent" )

Dans son ouvrage "Les morts nous parlent, Tome 2" (rééd. 2005), le Père Françaois Brune relate une expérience mystique particulièrement intéressante confirmant la théologie orthodoxe comme la plus authentique. Il y en a eu d'autres durant des siècles, celle-ci date 1985 et concerne Vassula Ryden une grecque, orthodoxe, non "pratiquante" ou disons non messalisante. Cette femme raconte qu'un jour une force s'empare d'elle. Cette force se présente comme étant son ange gardien et se fait appeler Daniel. Plus tard, Mme Ryden affirme que qu'à nouveau une force suprahumaine vient en elle ou entre en elle (ou qu'elle entre dans cette "force"), mais cette fois il s'agit du Christ...Celui-ci lui apprend alors qu'elle ne doit plus se penser comme une personne séparée de LUI, autrement dit de Dieu, mais bien comme faisant partie de LUI ou inversement que le Christ fait partie d'elle. Mme Ryden rapporte, alors qu'elle achète un ticket de bus, que le Christ "proteste" et lui dit : "On est un, on est un seul". 
La mystique ira raconter cette expérience au Père Laurentin. Et dans l'attitude du Père Laurentin, catholique romain, théologien et spécialiste des mystiques, il y a quelque chose de tout à fait symptomatique (sinon pathologique) dans le comportement et la compréhension de Dieu et du but final de l'existence chrétienne chez les théologiens catholiques romains. En effet, face au récit de la femme qui lui rapporte la Parole du Christ ("On est un, on est un seul"), le Père Laurentin a cette question : "Unis ou un" ? Vassula Ryden répond alors très justement : "Unis et un". Si le Père Laurentin pose cette question c'est qu'il est totalement imprégné de cette désastreuse théologie catholique directement issue des écrits de saint Thomas d'Aquin, de saint Augustin mais aussi de la métaphysique d'Aristote dans lesquelles l'homme en son ultime accomplissement reste séparé de Dieu et le...contemple simplement...Une telle réponse de la part de la mystique grecque est donc considérée comme du panthéisme (le "Grand Tout") ou du panchristisme, finalement de l'hérésie, donc du mensonge par des catholiques de l'Eglise latine. C'est, sans doute, cela qui fait enrager nombre de catholiques romains traditionalistes ou modernistes (voir plus en avant)...
Nous pouvons donc sérieusement conclure que le Père Laurentin ne saisit tout simplement pas l'expérience dernière à laquelle est appelé à participer le chrétien. Et, il y a là quelque chose de tout simplement monstrueux...Laurentin - comme tant d'autres traditionalistes ET modernistes dans l’Église catholique romaine - ignore purement et simplement la parole des Pères de l’Église : "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu à son tour". Dans le même temps, l'expérience de Vassula Ryden prouve la véracité des écrits patristiques affirmant que le but ultime, dernier, de la vie chrétienne est la divinisation, la déification de l'homme et non pas, donc, la seule contemplation de la Face de Dieu. 
A travers cette expérience, nous avons également et nécessairement la confirmation de la réalité et de la possibilité de l'union hypostatique de deux natures, humaine et divine sans séparation mais sans mélange ou confusion, en une seule personne, union dont le modèle exemplaire est bien sûr celui du Christ...
Il faut signaler, cependant, que de nombreuses polémiques concernent la mystique. Nous ne jugeons pas ces prises de positions. Seulement, il faut noter (voir lien : http://www.pseudomystica.info/tliginterviewdermine_fr.htm) que l'autorité du Père Laurentin est évoquée (invoquée) ici. Or, nous avons montré dans ce petit article que celui-ci n'est pas en mesure de juger  "l'expérience Vassula" et, à l'évidence, d'autres expériences mystiques à l'aune de sa théologie. Le lecteur est bien sûr totalement libre de rejeter le témoignage de Vassula Ryden concernant "sa vraie vie en Dieu". Nous avons seulement montré ici que la théologie catholique est inapte à saisir complètement certaines expériences ayant rapport avec le monde suprahumain. Rappelons, par ailleurs, à tout hasard pour ceux qui l'ignoreraient, que l’Église orthodoxe ne fait pas la distinction entre nature et surnature, et que, pour ce qui nous concerne ici, nombre de membres des Églises orthodoxes accordent du crédit à l'expérience de Mme Ryden...