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2014, modif. 2022
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AJOUT d'un TEXTE DE 2016 (livre non publié) :
4- L'axe Baltique-mer Noire
Les frontières communes à la
Roumanie, la Hongrie et à l'Ukraine sont dorénavant hautement belligènes. Le
conflit ukrainien a réactivé certains courants de pensée que nous pouvions
penser endormis, désuets, appartenant à une autre époque. La question des nationalismes
et son corollaire les revendications irrédentistes en Europe centrale et
orientale semblaient à peu près réglées. Voilà pourtant que la guerre en
Ukraine donne des idées aux partisans de la Grande Roumanie à l'instar du Parti
de la Grande Roumanie du feu Vadim Tudor, du très récent Parti Roumanie Unie
(Partidul România Unita) de l'organisation métapolitique Nouvelle Droite (Noua
Dreapta).
La Bessarabie, les îles Serpents de la Mer noire, la Bucovine du Nord (Oblast
ukrainien), territoires à l'histoire mouvementée et très violente sont l'objet
de revendications des différents nationalistes roumains. Tout un discours se
(re-)construit autour des "territoires volés". A terme, si les
courants nationalistes des différents Etats de la zone Baltique-mer Noire
finissent par s'imposer, il est possible d'envisager un projet de partition de
l'Ukraine déjà engagé par les sécessionnistes russophones du Donbass. La
Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Serbie, la Slovaquie pourraient invoquer
un retour de "populations
captives" en Ukraine vers la mère patrie.
En outre, la mer Noire représente un
enjeu géostratégique majeure du fait de sa richesse en hydrocarbures. Les
litiges entre les différents Etats ayant accès à la mer Noire ne relèvent donc
pas seulement de différents territoriaux. A ce jeu de rivalités entre
puissances régionales (Roumanie, Ukraine, Bulgarie, Turquie, Géorgie)
s'ajoutent celui entre les grandes puissances mondiales, la Russie et les
Etats-Unis. L'enjeu est énorme. La Russie, bénéficie d'un débouché sur la mer Noire
ce qui lui donne accès à la Méditerranée. Elle est présente militairement dans
cette zone grâce ses bases de Sébastopol et de Novorossiisk, situées respectivement
en Crimée et dans le kraï de Krasnodar (autre enjeu de la guerre ukrainienne). De
surcroît, la mer Noire est un haut lieu de transit du gaz et du pétrole. Le
plateau continental situé face au delta du Danube, mais aussi la mer d'Azov
sont des sites d'extractions très convoités, à la fois donc par les Etats de la
région et par les superpuissances étatsunienne et russe.
Enfin, l'hypothèse
d'une guerre ouverte entre la Russie et la Pologne voire entre la Russie et les
Pays Baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) n'est pas à exclure. La Russie
organise régulièrement des opérations militaires en mer Baltique, au dessus de
l'espace aérien des Pays Baltes, à proximité de la Lituanie (Kaliningrad). Ces
exercices répondent à la politique belliciste du BAO qui compte bien se servir
de la Pologne, comme des anciennes
républiques socialistes de la Baltique - en s'appuyant sur un sentiment
anti-russe assez bien partagé au sein de la population de ces pays - pour mener
à bien sa géostratégie d'endiguement de la Russie. La Pologne et les trois Etats
baltes qui ont basculé dans le camp du "monde libre" depuis la
disparition de l'URSS servent désormais de bases avancées de l'OTAN. Depuis la
"crise ukrainienne", par provocation et en prenant l'excuse de
protéger l'intégralité territoriale de ces pays composant l'Axe Baltique-Mer
Noire, de l'Estonie à la Bulgarie, l'OTAN a renforcé son dispositif et ses
manœuvres militaires. Régulièrement la presse française atlantiste présente la
situation en attribuant la responsabilité des provocations à la Russie. Ces
agitations militaires du BAO sont, en outre, indissociables de cette volonté de
réécriture de l'histoire dans les anciennes démocraties populaires et
républiques socialistes soviétiques.