: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: Christianisme orthodoxe
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vendredi 27 mai 2016

SAINT-JEAN DAMASCÈNE LA FOI ORTHODOXE. Suivie de DEFENSE DES ICÔNES Préface de Mgr JEAN KOVALEVSKY Traduction, introduction et notes du Dr E.

SAINT-JEAN DAMASCÈNE LA FOI ORTHODOXE. Suivie de DEFENSE DES ICÔNES Préface de Mgr JEAN KOVALEVSKY Traduction, introduction et notes du Dr E.: SAINT-JEAN DAMASCÈNE LA FOI ORTHODOXE Suivie de DEFENSE DES ICÔNES Préface de Mgr JEAN KOVALEVSKY Traduction, introduction et notes du Dr E. PONSOYE PUBLICATION DE L'INSTITUT ORTHODOXE FRANÇAIS DE THÉOLOGIE

Christologie et théologie orthodoxe des icônes (Jean Damascène) (II)

Bien avant que l'empereur byzantin Léon III l'Isaurien ne promulgue ses décrets contre les icônes, les images, le patriarche de Constantinople Germain Ier (715-730) s'oppose aux iconoclates en utilisant l'argument christologique orthodoxe qui consiste à affirmer que l'image du Christ est nécessairement une profession de Foi en l'Incarnation du Verbe dans la chair, en l'incarnation de Jésus-Christ dans le temps historique. 
Mais c'est durant le concile in Trullo de la fin du VIIe siècle (691-692), non reconnu par l’Église catholique romaine, que commence à s'élaborer une théologie de l'icône. Ainsi, Germain Ier se fait le continuateur de cette théologie ou plutôt reprend les arguments de du concile. Dans "De Haeresibus et synodis", il écrit : " En  mémoire éternelle de la vie dans la chair de notre Seigneur Jésus-Christ, de sa passion, de sa mort salvatrice et de la rédemption du monde qui en résulte, nous avons reçu la tradition de le représenter sous sa forme humaine, c'est-à-dire dans sa théophnaie visible, entendant par là que nous y exaltons l'humiliation de Dieu le Verbe". Face à son refus de signer l'édit de l'empereur Léon III instaurant l'iconoclasme et prescrivant de détruire les icônes, Germain est contraint de démissionner. C'est alors Jean Damascène ou Jean de Damas (676-749), arabe chrétien, qui reprend la tête du combat pour la défense des saintes images.  Vivant en Palestine, ministre du Calife, il est dénoncé comme traître auprès Calife par son ennemi Léon III qui créé des faux compromettant le théologien l'accusant de vouloir livrer Damas aux Byzantins. Le Calife le condamne à avoir la main droite coupée et le renvoie en territoire byzantin où les iconodoules sont persécutés. Jean demande alors à la sainte Mère de Dieu de l'aider en priant devant une icône de la Théotokos-Théophore. Celle-ci en lui répondant lui permet de retrouver sa main droite et lui ordonne de composer des hymnes et des louanges à sa gloire. En remerciement de la grâce accordée et en témoignage de sa Foi extrêmement profonde en la Vierge et en la réalité de la manifestaion du sacré à travers l'image, Jean de Damas fait alors placer une main en bas à gauche de l'icône. Or donc, Jean Damascène défenseur des icônes écrira trois traités majeurs ("Traités apologetiques contre ceux qui attaquent des saintes images")qui reprennent l'argument christologique, notamment dans le premier dans lequel on peut lire : "Je représente Dieu, l'Invisible, non pas en tant qu'il est invisible mais dans la mesure où il est devenu visible pour nous en participant à la chair et au sang". A travers ce passage, on comprend que Jean veut exprimer l'idée que lorsque Dieu s'est fait homme, il s'est produit une modification profonde entre Dieu et le monde visible. Il écrit aussi : "Dans les temps anciens, Dieu n'ayant ni corps ni forme, ne pouvait être représenté en aucune manière. Mais aujourd'hui, depuis que Dieu est apparu dans la chair et a vécu parmi les hommes, je peux représenter ce qui est visible en Dieu. Je ne vénère pas la matière mais je vénère le Créateur de la matière, qui est devenu matière pour l'amour de moi, qui a assumé la vie dans la chair et qui a accompli mon salut à travers la matière". Ces argumets auront une portée considérbale, décisive, quand viendar alors le temps du rétablissement de la vénération (qu'on doit de signaler "relative") des icônes...
VOIR LE CHAPITRE XVI "Des icônes" : http://docplayer.fr/14581693-Saint-jean-damascene-la-foi-orthodoxe-suivie-de-defense-des-icones-preface-de-mgr-jean-kovalevsky-traduction-introduction-et-notes-du-dr-e.html
Jean Damascène

à suivre...
A LIRE également sur ce BLOGUE : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2016/05/iconoclasme-et-christologie-i.html

Entretien avec le père François Brune "l'orthodoxe"

Il faut passer ce générique particulièrement énervant et abrutissant avant d'accéder au début de l'entretien vers 30 s.

Entretien avec le père François Brune. 
Catholique iconoclaste ? Plutôt catholique iconodoule... Il a accompli sa mission de soldat du Christ à la marge de l’Église catholique romaine (ECR). Critique de la théologie de saint Thomas d'Aquin soit celle de l'ECR (d'ailleurs reconnue comme fausse par son auteur), par incidence de celle de saint Augustin, lien entre les expériences des mystiques chrétiens occidentaux, les expériences de mort provisoire et l'orthodoxie chrétienne, la théologie de l'icône chez les orthodoxes...
Le Père François Brune a parfaitement compris la rupture entre Orient et Occident chrétien qui porte évidemment sur la question de l'infaillibilité du pape ou encore, évidemment, l'ajout du Filioque par les catholiques (au sens de ceux qui se rattachent à l’Église catholique romaine, on doit en outre toujours préciser que les orthodoxes confessent leur croyance en la sainte Église catholique et apostolique, il faudrait revenir sur ce point) qui a des conséquences théologiques graves. Saint Augustin (IVe s.) et à sa suite saint Thomas d'Aquin (XIIIe s.) sont les principaux penseurs à avoir dessiné la voie funeste sur laquelle les chrétiens occidentaux se sont engagés depuis des siècles. Le Filioque mais aussi la place limitée qu'occupe le Saint-Esprit (la Vierge Marie l'a quasiment remplacé) chez les catholiques romains sont le fait d'Augustin. C'est à lui que l'on doit également une théologie de la Grâce, source d'un profond désaccord entre catholiques romains et orthodoxes. Augustin  a dans sa pensée introduit la notion de "nature pure" , même si l'expression n'est pas utilisée telle quelle. Il distingue deux ordres, celui de la nature et celui de la grâce et montre par là la profonde contamination de son œuvre par le dualisme platonicien. La grâce se surajoute à la nature, la première rachetant la seconde. Cette positon est intenable pour les orthodoxes qui ne font pas de différences entre nature et surnature et n'ont guère besoin de faire appel à l'idée de "nature pure". Nous donnons ici quelques éléments d'explications que nous serons à amener à développer dans une future publication...
Or donc, le point de vue orthodoxe dit contre saint Augustin que nous subissons les conséquences du péché originel mais que nous n'en sommes pas responsables. Par contre, nous sommes bien responsables de nos fautes présentes. En outre, pour les chrétiens orthodoxes, Adam n'est pas un être parfait puisqu'il commet l'erreur. Or, les catholiques sous l'influence d'Augustin l'envisagent donc comme un être de perfection et considèrent que la liberté absolue a été détruite par le péché originel. Nous pouvons affirmer que c'est  la doctrine la Grâce de saint Augustin (piètre théologien puisque...philosophe), qui engendrera la désastreuse théologie de saint Thomas d'Aquin mais aussi des siècles plus tard la philosophie des Lumières. En somme, un chrétien qui dénoncerait l'idéologie des Lumières mère de la catastrophe anthropologique actuelle (engendrée par le freudo-nietzschéo- marxisme)  sans dénoncer l'augustinisme et le thomisme, comme c'est souvent le cas, n'a pas fait le début même d'un travail critique...

VOIR AUSSI sur ce BLOGUE : 
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/01/dieu-de-voltaire-dieu-de-st-thomas-et.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/p/francois-brune.html

jeudi 26 mai 2016

Christologie et iconoclasme (I)

Le débat christologique est central dans la crise iconoclaste. Cette dernière a été soutenue par les empereurs byzantins, souvent d'origines arménienne ou isaurienne (Isaurie, région de l'actuelle Turquie), aux VIIIe et IXe siècles. Il faut savoir qu'au VIIIe siècle l'Orient chrétien non-grec était majoritairement monophysiste. Le monophysisme est une hérésie christologique du Ve siècle considérant que la nature humaine de Jésus-Christ est absorbée par sa nature divine. Elle sera condamnée par le Concile de Chalcédoine en 451. La première théologie iconoclaste émane de Constantin V Copronyme (741-775) présentée au Concile d'Hiéria de 754, prétendument oecuménique. Nous connaissons le contenu des actes de ce Concile car ceux-ci sont conservés dans le compte rendu du VIIe Concile (Nicée II) de 787 qui rejette catégoriquement l'iconoclasme. Plusieurs facteurs contribuent à générer cette crise. D'abord, l'héritage spirtuel hellénique ;  l'iconoclasme grec différent de l'iconoclasme oriental et musulman (ou islamique) sur le plan philosophique influence la pensée iconoclaste. Ensuite, les accusations de polythéisme mais aussi d'idolâtrie de la part des musulmans. L'islam est à l'époque en pleine expansion. L'accusation portée vers les chrétiens accusés de vénérer plusieurs dieux, révèle surtout la méconnaissance ou l'incompréhension dans le monde musulman du Dieu trine/trinitaire. Les iconoclastes ("idéologiquement" et politiquement) en lutte contre l'islam veulent donc, en quelque sorte, "purifier" le christianisme et le laver de tous les soupçons que les musulmans  font peser sur lui.
Mais quels sont les arguments théologique des iconoclastes ? Pour ces "briseurs d'images", peindre l'humanité du Christ c'est être face à un dilemme. En effet, pour eux, on peut soit peindre uniquement l'humanité du Christ, soit peindre son humanité et sa divinité en même temps. Dans le premier cas c'est alors reconnaître que l'humanité et la divinité du Sauveur sont séparées,  c'est donc adhérer au nestorianisme, autre hérésie christologique du Ve siècle, qui consiste en la distinction de deux natures et même deux personnes : l'humaine et la divine. Marie étant, par ailleurs, la mère de Jésus-Christ, l'homme et non la mère de Dieu. Dans le second cas, une telle approche revient à valider l'idée que la divinité du Christ est limitée par son humanité, ce qui est proprement absurde ou encore que les deux natures sont confondues, ce qui revient à avaliser le monophysisme. On peut pourtant rapprocher la position des iconoclastes de celle des monophysistes. Cependant, les premiers considèrent que la déification du Christ-Homme absorbe ou supprime son humanité. 
La position des iconoclastes révèlent, en réalité, une ignorance à propos de l'union hyspostatique qui  implique forcément une distinction nette entre "nature" et "personne" mais aussi que les deux natures sont préservées. Par l'Incarnation se réalise l'union hypostatique, c'est-à-dire l'union en une seule hypostase ou personne de la nature divine et de la nature humaine. Jésus-Christ est donc une seule personne avec deux natures sans partage, sans séparation, sans changement. 
La crise iconoclaste soulève également un problème concernant la définition de l"'image". Les iconoclastes font la confusion entre l'image et le prototype. Pour eux, il y a égalité. Or, une image ne peut réprésenter ce modèle originel. Seul l'eucharistie, est pour ces "briseurs d'icônes" en mesure d'être  l"'image" ou le "symbole" du Christ

à suivre...

jeudi 5 mai 2016

Je suis la lumière du monde...




Sur ces icônes représentant le Christ pantocrator, Jésus porte les saintes écritures et plus précisément, l'évangile selon Jean ouvert. Avec quelques rudiments de grec biblique, on arrive à comprendre et bien sûr à reconnaître le texte de l'évangile de Jean chapitre 8, verset 12 (selon une division du texte sacré communément admise). On lit ainsi une  transcription moderne du texte avec séparation des mots (tronquée sur la réprésentation à droite) : " Ἐγώ εἰμι τὸ φῶς τοῦ κόσμου: ὁ ἀκολουθῶν ἐμοὶ οὐ μὴ περιπατήσῃ ἐν τῇ σκοτίᾳ, ἀλλ’ ἕξει τὸ φῶς τῆς ζωῆς " (EGO (je) EIMI (suis) TO PHOS (lumère) TOU KOSMOU (cosmos, le monde, la création)...), "Je suis la lumière du monde et ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie". 
VOIR AUSSI sur ce BLOGUE : Jean l'évangéliste, Jean le Baptiste, d'un solstice l'autre  http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/06/jean-levangeliste-jean-le-baptistedun.html




dimanche 24 avril 2016

Duminica Floriilor - christianisme cosmique - Dimanche des Rameaux

"Duminica Floriilor", fête pagano-chrétienne ou bien plutôt chrétienne-cosmique...A la réactualisation rituelle de l'entrée du Christ dans Jérusalem se mêle une fête  païenne célébrant le printemps, certainement d'origine daco-romaine mais vraisemblablement antérieure au moment de l'arrivée des Indo-européens en Europe. On rappelera que l'existence d'un calendrier litugique identique d'une année à l'autre, milite en faveur de l'existence d'une pensée mythico-cyclique au sein du christianisme, orthodoxe ou non par aillers. De surcroît, on sait, de manière quasi-certaine que nombre de réjouissances festives liées aux cycles bio-cosmiques existaient bien avant l'installation des Indo-aryens en Eurasie occidentale (nous incluons ici l'Europe centre-orientale et occidentale). La naissance  de ces  fêtes s'incrivant dans un calendrier bio-cosmique sont sans doute contemporaines des peuples néolithiques, voire paléolithiques.
En outre, à l'évidence, c'est la célébration chrétienne (les "Rameaux" ou "Palmes" chez les orthodoxes), réactualisation d'un événement de la vie de Jésus-Christ qui s'est superposée à cette fête païenne "des fleurs" (il existe d'autres fêtes de ce type, célébrant l'arrivée du printemps ou de l'été comme Saint-Jean/Sânziene en juin par exemple), donnant naissance à toutes ces créations originales que sont les fêtes chrétiennes roumaines et plus généralement européennes centre-orientales. C'est évidemment dans le monde rural que celles-ci ont été le mieux conservées. Aujourd'hui, elles subissent le funeste sort de toute tradition appartenant aux sociétés traditionnelles (archaïques) et qui subsistent en ces temps de modernité (avancée)...

samedi 23 avril 2016

Saint-Georges, Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux

Le 23 avril revêt une importance toute particulière dans la tradition écclésiale mais aussi populaire d'Europe centrale et orientale et notamment en Roumanie. Ce jour là, on fête le glorieux martyr saint George le tropeophore, c'est-à-dire celui qui "porte la victoire" mais aussi de ses compagnons et ses compagnons, Anatole, Protoleon, Athanase et Glykerios.
 Issu d'une famille originaire de Cappadoce, né au IIIe siècle, tribun de la garde impériale de Dioclétien, Georges refuse d'obéir à ce dernier lors de la grande persécution des chrétiens. Bien né, aristocrate, devant l'attitude politique de Dioclétien, il abandonne tous ses biens, affranchit ses esclaves et confesse sa Foi en Christ à l'empereur, ce qui lui vaudra d'être persécuté et torturé. Sa vie après sa rupture totale avec le monde païen romain est pleine de phénomènes extraordinaires. 
En Roumanie, selon la tradition populaire, la saison des strigoi ("vampires") débute à la Saint-André, le 30 novembre, date d'entrée dans l'Avent de Noël qui est une période Carême (voir la thèse sur les carences aliementaires provoquant des hallucinations -> vampires, durant les périodes de jeûne) et s'achève à la Saint-Georges. Sachons que lors de sa persécution, le martyr tropeophore, réussit à faire avouer aux démons possédant la statue de l'idôle Apollon que Jésus-Christ est le seul dieu véritable. Or,saint Georges est réputé pour avoir combattu un Dragon, soit symboliquement le Diable (Drac, Dracul en roumain) et Vlad Dracul est en quelque sorte le saint patron des strigoi (des "vampires"). La Saint-Georges, en Roumanie, marquerait donc la victoire des soldats du Christ sur les légions de Satan, sur le Diable (le "Drac").  
Mais nous avons aussi proposé une autre analyse sur la nature de Vlad Dracul ici qui contrarie cette interprétation, et par incidence cette catégorisation de Vlad Dracul (Tepes).

saint Georges

Tropaire, ton 4 
"Libérateur des captifs, toi qui assures aux pauvres ta protection,  en qui les malades trouvent aussi médecin  et les princes, leur Seigneur,  victorieux défenseur,  saint Georges, victorieux et grand martyr intercède auprès du Christ notre Dieu  pour le salut de nos âmes".
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Le 23 avril de cette année 2016 est aussi le samedi de Lazare...

A lire sur ce blogue :
Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux, entrée du Seigneur dans Jérusalem
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/04/sambata-lui-lazar-sarbatoarea-intrarii.html
La resurrection de Lazare et la régénération du monde moderne
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/lazare-et-la-regeneration-du-monde.html



dimanche 10 avril 2016

Marie-Madeleine - Maria Magdalena et les Saintes Femmes Myrophores (Icônes) (1)

Montage : JML, 2016
Le troisième dimanche de Pâques (date de Pâques fixé au 1er mai pour cette année 2016) est le moment de l'année liturgique correspondant à la fête des Saintes Femmes myrophores. 


                                                                                           Montage : JML, 2016

vendredi 8 avril 2016

La Légion de l'Archange Michel : changer le statut ontologique du monde

"Aujourd’hui, 24 juin 1927, je crée sous mon commandement la Ligue de Saint-Michel Archange. Qu’il
vienne parmi nous, celui qui a la foi illimitée. Qu’il reste loin de nous, celui qui ne l’a pas.". Corneliu Zelea Codreanu

Corneliu Z. Codreanu, fondateur de la Légion de l'archange Michel, rebaptisée plus tard "Garde de fer" expliquera à Bertrand de Jouvenel , les motivations qui ont conduit à la formation de son organisation : "La Légion a été fondée, non pour la conquête de l’Etat, cela c’était le rôle du parti, mais pour la transformation du peuple. Un homme entre dans la Légion, il est ignorant, veule, n’a confiance ni en lui-même, ni en ses
supérieurs, ni dans sa nation, ni en Dieu. Il a dans tous les actes de la vie cette démarche craintive, cette dérobade, ces coups de crocs perfides, qui sont la marque du chien errant. La fonction de la Légion, c’est de transformer cet homme, de faire de lui un héros ! Pour eux tous, politiciens qu’ils sont, la conquête de l’État est le but suprême. Pour moi, c’est un moyen parmi d’autres. L’essentiel, ce n’est pas d’exercer le pouvoir politique, c’est de faire des hommes". Codreanu écrit encore dans un de ses livres  : "Il ne suffit pas d’écraser le communisme. Nous devons aussi lutter pour la justice des ouvriers. Ils ont droit au pain et droit à l’honneur. Nous devons combattre les partis oligarchiques, en créant des organisations ouvrières nationales qui puissent gagner leurs droits, leur justice, dans le cadre de l’État et non contre l’État. Nous ne reconnaissons à personne le droit de hisser sur la terre roumaine un drapeau autre que celui de notre histoire nationale. Quels que puissent être les droits de la classe ouvrière, nous ne lui permettons pas de se retourner contre les frontières de notre pays. Personne n’admettra que, pour ton pain quotidien, tu détruises et livres à une nation étrangère de banquiers et d’usuriers tout ce qu’un peuple de travailleurs et de braves a amassé par son travail et sa peine deux fois millénaires. Ta justice dans le cadre de la justice de ton peuple. Il n’est pas admissible, que pour te faire justice, tu anéantisses le droit historique de la nation à laquelle tu appartiens. Nous n’admettrons pas non plus qu’à l’abri des formules tricolores, une classe oligarchique et tyrannique s’installe sur le dos des travailleurs de toutes catégories, et les écorche littéralement, en invoquant sans cesse : PATRIE – qu’elle n’aime pas, DIEU – auquel elle ne croit pas. ÉGLISE – où elle n’entre jamais, ARMÉE – qu’elle envoie à la guerre les mains vides".


C. Z. Codreanu - source non identifiée
La Légion se fixe pour mission de changer l'homme roumain, de l'amener à un régime existentiel supérieur et par là de changer le statut ontologique du monde. La jeunesse intellectuelle roumaine de l'entre-deux-guerres - notamment - qui vomissait toutes ces créations occidentales du parlementarisme bourgeois au marxisme, de la démocratie au capitalisme était dans l'attente d'un changement radical de la société roumaine mais aussi du monde comme nous l'avons déjà précisé. Cette jeunesse trouvait dans les  idées de la "Garde de Fer", la concrétisation de ses rêves, de ses fantasmes de renovatio totale du monde. Le cosmos tout entier était amené à se transfigurer grâce à ce mouvement. La haine que ces "hommes nouveaux" vouaient au conformisme et au pragmatisme bourgeois, au calcul et à l'indifférence spirituelle des élites éduquées à l'Ecole des Lumières, du rationalisme et du positivisme devait se transmuer en un idéal à caractère métaphysique. C'est à une transfiguration du genre humain, en une création d'un nouvelle morale entièrement fondée sur les valeurs de l'orthodoxie chrétienne (et en cela le mouvement légionnaire se différencie des autres "fascismes", certains comparent la Garde de Fer au métaxisme grec), sur la seule foi véritable que devait mener l'application des préceptes métapoitiques de la Garde de fer. Le projet légionnaire arrivé à maturité devait aboutir à l'avènement du Royaume, soit la victoire totale des Fils de la Lumière sur les Ténèbres pour s'exprimer comme certains gnostiques chrétiens...

La doctrine légionnaire s'enracinait géographiquement, historiquement et suprahistoriquement au coeur l'espace roumain, à la fois dans le passé mouvementé des pays roumains mais aussi dans l'âme roumaine sans cesse en danger de disparition totale ou de fusion avec des éléments exogènes, du fait des agressions  ou invasions (la lecture de l'histoire peut être appréciée différemment) continuelles au fil des siècles, qu'a dû subir le territoire de l'ancienne Dacie. Le mouvement peut-être considéré comme la volonté d'une élite (qu'importe le jugement que l'on peut porter sur la métaphysique de la Légion et sur les qualités morales et intellectuelles des ses fondateurs et de ses sympathisants) d'amener les masses roumaines à prendre leur revanche sur l'histoire, à célébrer un génie autochtone roumain venu du fond des âges, et de s'offrir un destin qui transfigurerait l'histoire de la Roumanie, de l'Europe mais aussi du monde pour toujours. De petit peuple perçu à tort à l'écart de l'histoire (voir Cioran et Eliade), les Roumains pouvaient alors envisager, rêver - à défaut d'avoir les moyens de le faire - de transmuter l'histoire en leur faveur, dans une perspective liée à l'éternité. 

A voir :
Documentaire sur l'histoire du mouvement légionnaire (langue roumaine) :



Site consacré au mouvement légionnaire : http://miscarea.net/


mardi 29 mars 2016

Prière du coeur, Hésychasme et mensonges des gourous du Nouvel Âge


Il existe un nombre considérable d'articles, de vidéos, de livres traitant en partie ou totalement de la "Prière du cœur". Or parmi ces productions, un bon nombre n'a absolument aucun rapport avec l'authentique "Prière du cœur", celle transmise par les Pères de l'Eglise et relevant de l'orthodoxie chrétienne. L'inculture religieuse crasse qui prévaut dans les milieux "new age" spiritualistes est la raison de l'usurpation de l'expression "Prière du cœur" qui au...cœur de la tradition spirituelle hésychaste. Il est inutile de faire la liste de toutes les niaiseries "nouvel âge" qui correspondent à ce que Oswald Spengler appelait "religiosités secondaires" et qui loin d' annoncer un renouveau spirituel au sein de ce que nous pouvions encore autrefois le "monde occidental" (expression avec laquelle, nous européens-eurasiatiques, devons rompre) est le prodrome de la disparition imminente de toutes formes de traditions religieuses sérieuses "enracinées". Dans le cadre de ces discours dans lesquels - cela dit au passage - on relève généralement une haine presque totale, vomitive, envers les traditions ecclésiales et un tas d'aberrations comme celle consistant à dire que la prière ne présente pas forcément un caractère religieux. Il convient de rappeler ici que ces bigots du "nouvel âge", ayant élaboré une bouillie œcuménique totalement aberrante, excluent la plupart du temps les traditions chrétiennes catholique et orthodoxe. Ces remarques liminaires posées, passons à la définition et à l'explication de cette "Prière du cœur" qui vise l'Union du fidèle avec Dieu. Cette "prière du cœur" est aussi nommée "Prière de Jésus" et s'inscrit au cœur de la tradition chrétienne de l'hésychasme. L'esychia, terme grec signifiant "paix, silence", c'est la recherche de Dieu. Cette pratique prend sa source dans les Evangiles, dans le message du Christ. La "Prière du cœur" ou "Prière de Jésus" consiste en la répétition permanente d'une phrase simple (avec des variantes) : "Seigneur, aie pitié", "Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur", c'est le Kirie Eleison. Il n'est pas question ici de rabâcher continuellement la même phrase. Il faut avoir conscience qu'il s'agit avant tout d'une attitude du cœur, de contemplation, de désirer le Christ. Signalons que c'est Joseph l'Hésychaste (1898-1959) qui rétablira le mode de vie hésychaste au Mont-Athos. Mais c'est saint Syméon le Nouveau Théologien qui définit cette méthode. Aux alentours de l'an 1000, il décrit cette technique ainsi : "Pour prier, il faut fermer la porte de sa cellule, se mettre dans un état de tranquillité, s'asseoir, incliner la tête sur sa poitrine, regarder vers le milieu du ventre, comprimer la respiration, faire un effort mental pour trouver le "lieu du cœur", c'est-à-dire pour se représenter cet organe, tout en répétant "l'épiclèse de Jésus-Christ" ". On le voit, nous sommes très éloignés ici des niaiseries "nouvel âge" qui consistent à  définir la "Prière du cœur" en évoquant cette vague notion d'amour universel, d'intentions envoyées à ses frères humains et autres fadaises sentimentalistes petites-bourgeoises, que sais-je encore...
Saint Grégoire Palamas (cf. théologie palamite), moine du mont Athos qui deviendra évêque de Thessalonique, parmi d'autres religieux va défendre l'hésychasme. En 1782,  l'évêque Macaire de Corinthe écrit sa "Philocalie" (traduit par "amour de la beauté") en se basant, notamment, sur l'œuvre des Pères du désert. La "Prière de Jésus" est alors essentiellement réservée aux moines. Au XIXe siècle, le livre "les Récits d'un pèlerin russe", fait découvrir cette pratique spirituelle au plus grand nombre qui connaît alors un très grand succès dans tout le monde chrétien orthodoxe. Durant la période soviétique, malgré les persécutions religieuses et alors que l'édifice ecclésiastique s'effondre, la "Prière du cœur" devient une forme de résistance face au régime athée de Moscou. 

Or donc, cette prière s'accompagne d'une technique basée sur le souffle, ce qui n'a rien d'anodin. Associée à la respiration, cette prière est donc très puissante et génère à terme une profonde modification physique et psychologique et finalement un changement de mode d'être au monde, une modification du régime existentiel du pratiquant qui progresse vers sa déification (divinisation de la nature de l'homme). L'homme psychique devient homme spirituel.

La prière du cœur une prière divino-humaine engendre progressivement un changement intérieur chez celui qui la pratique mais a aussi pour objectif de changer le statut ontologique du monde. Le néophyte doit donc veiller à prendre toutes les précautions nécessaires quand il se lance dans cette expérience. Le Royaume de Dieu est Jésus-Christ et c'est Marie qui conduit le prieur vers cette demeure. Marie est la maison de Dieu. C'est Elle qui a reçu l'homme-dieu en son sein. En nous offrant à Elle, à Marie qui est donc porte du Ciel, nous pouvons nous introduire en Christ. Il s'agit alors de s'abandonner à Elle avec une confiance parfaite. Cette prière doit alors permettre d'abolir la distance infinie entre le croyant et Jésus-Christ avec l'aide de la Theotokos et aboutir à la divinisation de l'homme. Il s'agit, dans un premier temps d'entrer en soi-même en faisant taire les bavardages mentaux, puis de dans un deuxième temps de trouver Dieu pour s'unir à Lui. Cette union à Dieu, cette divinisation est donc le but le plus élevé qui soit et demande un effort considérable en empruntant un chemin ardu où le risque de découragement est grand. Cette voie de salut s'oppose donc en tout point aux mensonges de tous les gourous du "nouvel âge" qui promettent à leurs brebis une transformation spirituelle spontanée en affirmant a priori la divinisation de l'homme alors que rien n'a été fait dans ce sens par le "disciple" pour atteindre cet état. Nous sommes, finalement, avec ces pseudo-maîtres spirituels, qui pullulent dans cette société sécularisée dans laquelle les authentiques traditions religieuses ont été oubliées, typiquement dans le mensonge bourgeois du monde post-chrétien du "tout est permis, tout est possible"...

Prière de Jésus  en Roumain : 
"Doamne Iisuse Hristoase, Fiul lui Dumnezeu, ai mila de mine, pacatosul"

samedi 19 mars 2016

Synodikon de l'orthodoxie - Dimanche du Triomphe de l'orthodoxie (20 mars)

Demain dimanche 20 mars, c'est le premier jour du Grand Carême et le dimanche du triomphe de l'orthodoxie. La première célébration a eu lieu en 843. Ce dimanche est devenu la fête de la victoire de l'orthodoxie sur toutes les hérésies dont une des plus importantes est la condamnation de la vénération des icönes : http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icones-intro.htm 
 C'est l'occasion de lire ce document "Le Synodikon de l'orthodoxie" (traduction Jean Gouillard). 
Cet article est éclairant pour ceux qui ignorent de quoi tout cela relève :  "Controverses et continuité de la conscience orthodoxe à Byzance à la lumière du Synodikon de l'orthodoxie" (Jean Gouillard, 1964) http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0001_1964_num_1_1_4879
A lire aussi : http://www.doxologia.ro/puncte-de-vedere/icoana-cea-mai-credibila-lui-hristos-lume

Voir aussi sur ce blogue : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/dimanche-du-triomphe-de-lorthodoxie.html


samedi 23 janvier 2016

L'Europe communautaire légifère sur la mort en Roumanie...

S'occuper des vivants ne suffit plus aux commissaires euro-atlantistes. Ils s'intéressent désormais aux morts et à des rituels funéraires multiséculaires. En Roumanie, on enterre toujours, majoritairement, ses morts de manière identique depuis le XIIe siècle. Ces rites immuables, certes chrétiens, mais qui ont bénéficié des apports des rites funéraires venus de la protohistoire sont donc voués à disparaître sur décision de technocrates imbéciles et de leurs exécutants tout aussi stupides. Bien sûr, cela ne risque pas d'émouvoir l'Européen occidental de base pour qui on doit "gérer la mort" comme on gère les déchets. Cette funeste nouvelle, m'évoque une discussion remontant à quelques années que j'ai eue avec un de ces margoulins du matérialisme marchand qui est, d'ailleurs, a peu près le même chez les bourgeois que chez les marxistes fossiles  (il existe une catégorie de marxistes très fins mais malheureusemnt peu nombreux).  Ce dialogue portait sur le sacré. Ce porcin qui se revendiquait libre penseur n'entendait rien au sacré, qui, certes, n'implique pas nécessairement la croyance en un Dieu, mais ne relève pas pour autant de la catégorie dans laquelle ce petit gauchiste hargneux le classait. Aussi ai-je eu droit à tous les poncifs modernes sur la nouvelle nature du sacré. S'il est inutile de s'étendre sur cet épisode, il est nénanmoins réprésentatif du discours de haine et de mépris du type d'invidu moderne portant en lui cette détestation du sacré religieux. 
Or, donc que prévoient ces nouvelles mesures culturicides concernant les rites funéraires en Roumanie ? Ni plus ni moins que l'éradiction de rites ancestraux, très complexes et intimement liés à la conscience religieuse des peuples chrétiens orthodoxes. L'Europe communautaire veut faire table rase non seulement de gestes, d'attitudes mais aussi d'une mentalité, celle de l'homme du monde carpato-danubien qui malgré les assauts chtoniens de la modernité libérale-marchande continue à perpétuer des traditions - et cela les fanatiques de la modernisation catagogique, des crétins qui ne pensent que développement, infrastructures et compétition des territoires ne peuvent l'entendre - qui s'incrivent dans la réalité d'une Weltanschauung indo-européenne archaïque enracinée au coeur même du christianisme cosmique-orthodoxe.
Prenons un exemple concret. Ces lois anti-traditionnelles, empêcheront la famille de conserver le corps du défunt plus d'une heure dans la maison. De fait, la tradition de veille du mort qui dure jusqu'à trois jours est prohibée. Et quand on sait à quel point cette coutume ancestrale est enracinée dans les pratiques funéraires des Roumains, il s'agit là d'un véritable affront, d'une humiliation (encore une) faite à la culture roumaine. Les communistes n'avaient jamais pris de décisions en ce sens, même si d'autres non moins mortifères avaient déjà bien entamé la richesse des pratiques religieuses traditionelles. Il est, d'ailleurs, presque inutile d'évoquer les destructions d'églises et de monastères durant le règne du mégalomane.Ce qui est choquant (mais qui, en réalité, ne devrait plus l'être), c'est que cette Europe communautaire et "l'Occident" comme disent encore les Roumains devaient apporter plus de liberté. Or, c'est l'inverse qui se produit. Les interdictions fixées par l'Europe marchande se multiplient dans les domaines les plus archaïques (au sens noble du terme) de la société roumaine : paysannerie, religions...
Il faut situer ces décisions dans le contexte de la vaste opération de laïcisation forcée de la société roumaine lancée par l'Union européenne. Même si l'influence de l'Eglise orthodoxe est encore très grande en Roumanie, les attaques répétées contre la coutume et la tradition par la loi du techno-gestionnaire bruxellois et par le divin Marché devront, à terme, réduire drastiquement le rôle de cette institution. L'homme d'attitude moderne ne verra dans cette démarche qu'une nécessaire voie vers la modernisation du pays et une lutte contre l'obscurantisme, niaiseries récurrentes évidemment conjuguées à d'autres lieux communs anti-religieux. Pourtant, le pousse-caddie réduit à son travail d'esclave moderne ignore que l'Eglise orthodoxe, à travers ses prêtres et ses moines, joue un rôle fondamental dans la protection des plus pauvres ou encore des enfants orphelins. C'est cette Eglise qui pallie l'incurie des différents gouvernements roumains qui enregistrent et appliquent les directives des commissaires européens. Alors quand on entend certains se plaindre des promoteurs d'une Union européenne faisant l'apologie des racines chrétiennes de l'Europe, il y a de quoi rire...Cette Europe, méprisant les peuples européens, est un puissant instrument devant mener à la sécularisation de toutes les sociétés européennes et plus encore à une déculturation massive, finalement, sans exagérer, à un ethnocide...
La Grande Guerre pour l'Eurasie contre l'euro-atlantisme ou bloc américano-occidentaliste (dit globalisme) se situe aussi au niveau culturel...A suivre...

Voir cet article -> Directive UE : les morts pourront être enterrés sans prêtre et ne pourront être gardés plus d'une heure à la maison. L'Eglise Orthodoxe Roumaine sans réaction.


samedi 19 décembre 2015

Sur les dimensions de la Liturgie : dimension eschatologique, temps et centralité cosmiques (partie IV)

La Divine Liturgie est au centre la Création. Le lieu où elle est célébrée devient le centre de la Création. L'Univers tout entier rayonne autour de ce centre liturgique. Chaque lieu de culte où elle est célébrée devient donc le centre de l'univers, mais s'il y a une multiplicité de centres, il n'existe bien sûr qu'une Création. Qui plus est par Création il faut non seulement entendre le monde sensible mais aussi le monde invisible, l'Autre Monde. La Liturgie (orthodoxe) est donc bien une liturgie cosmique qui convoque l'entiéreté des mondes. Lors de la célébration liturgique, toute l'économie de la Création est actualisée, des commencements à la fin des temps. Le centre de  la Divine Liturgie projette l'éternité dans le temps. C'est un temps en dehors du temps. Formule paradoxale qui dit que toutes les catégories du temps et d'espace sont abolies. 
La Liturgie est Théophanie. La présence du Christ n'est pas imaginaire ou symbolique, elle est réelle durant la célébration ou plutôt réactualisation rituelle. Cette seconde expression devrait être préférée  à la première, car il s'agit moins de se souvenir ou de commémorer que de régresser aux origines, i.e. lors de la vie du Christ.
La Liturgie réactualise ainsi  le mystère de l'Incarnation par l'Anaphore quand le célébrant en présence des co-célébrants prononce les paroles dites lors de la Cène. A partir de ce moment, Le célébrant et les co-célébrants (les fidèles), donc ceux qui "réactualisent", deviennent contemporains du Christ. Ce dernier est avec eux, ici et maintenant. 
Toute l'économie du salut est présente dans la Liturgie, de la première à la seconde Venue. La Liturgie affirme autant le temps des commencements, ab origine que la présence des fins dernières. Elle a donc bien une dimension eschatologique dans ses différentes déclinaisons : à l'échelle individuelle (mort de la personne), de la société (du monde) et dans celle concernant la "dernière génération".

La liturgie eucharistique est le centre de l'énergie divine qui se diffuse à travers tout l'univers. Elle n'est pas une idée, un concept théorique, elle est expérience. Expérience de la Gloire de Dieu...

Les temps de la vie de l'Eglise sont organisés de manière à ce qu'ils soient ouverts sur l'éternité. Différents temps cohabitent les uns avec les autres qui sont autant de cycles. Ils sont tous liés. 
1) le premier correspond au cycle des jours, c'est celui de la vie du Christ,
2) le deuxième est le cycle des semaines qui correspond au temps de la Création, soit 8 jours ; le 8e jour étant une ouverture sur l'éternité, 
3) le troisième est le cycle des mois centré sur les différentes fêtes et sur la vie des saints, sur des dates fixes,
4) le quatrième correspond au temps des fêtes mobiles comme Pâques et qui sont véritablement ouverture sur l'éternité. Par l'exemple de sa vie, le Christ, ayant vaincu la mort, nous fait passer du temps à l'éternité.

source non identifiée

Si chaque jour du temps liturgique cyclique oblige à la répétition, à la mêmeté rituelle, à l'actualisation des mêmes événements, des changements subtils se produisent en l'homme religieux. La tension d'epectase, celle qui ouvre le coeur à Dieu et remplit progressivement de Grâce transforme ce temps cyclique, spiralique en éternité sphérique correspondant à un état de plénitude absolue, "finale". C'est ce vers quoi doit tendre l'homme religieux, en l'occurrence le chrétien sincère. C'est un chemin de grande humilité, très risqué et décourageant. Mais c'est aussi la seule voie de la sincérité spirituelle, forcément discrète et secrète. Il faut donc montrer la plus grande méfiance à l'égard des êtres qui étalent leur vie spirituelle, affichent leurs convictions religieuses à leur boutonnière. L'indécence n'est, évidemment, pas de se déclarer chrétien mais de se déclarer chrétien et illuminé. L'authentique chrétien éclairé, espèce rare, n'éprouve, de toute évidence, aucun besoin d'affirmer son état de béatitude à la face du monde...

VOIR aussi sur ce blogue :
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/10/sur-les-dimensions-de-la-liturgie-et.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/10/precisions-sur-le-concept-de.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/11/sur-les-dimensions-de-la-liturgie-et.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/10/jacques-le-juste-frere-du-seigneur-23.html