: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: Nativité
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mercredi 5 octobre 2022

Jésus-Christ, Dieu fait homme, est bien né un 25 décembre. C'est écrit dans les Evangiles...

On trouve des milliers d'écrits reprenant cette version d'une date fête de la Nativité de Jésus-Christ qui aurait été choisie en remplacement de celle des fêtes païennes liées au culte du Soleil invaincu...C'est même la version d'une fête substituée à une autre sans autre explication qui constitue le discours dominant à ce sujet.

 Deux exemples dans des revues d'histoire grand public :

https://www.herodote.net/25_decembre_An_I-evenement-11225.php

https://www.historia.fr/id%C3%A9es-recues/j%C3%A9sus-est-n%C3%A9-le-25-d%C3%A9cembre-faux par Catherine Salles, historienne. Bref...

Très peu, en dehors des milieux de théologiens (et encore) font référence aux preuves scripturaires permettant de dater exactement la naissance du Christ le 25 décembre. Cette preuve de l'authenticité de la date du 25/12 est indirecte. C'est saint Jean Chrysostome qui à travers son homélie propose la démonstration. Il faut lire l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc qui relate l'annonce de la naissance de st Jean le Baptiste. Pour une analyse rapide :

 "Or, pendant que Zacharie remplissait sa fonction de prêtre devant Dieu – c’était le tour de sa classe –
  il fut désigné par le sort, d’après la règle en vigueur pour les prêtres, pour entrer dans le temple du Seigneur et y brûler l'encens
[Grand Jeûne du Kippour 10 du mois de Tishrî correspondant au 24 septembre]." Luc 1, 5-25

(Zacharie est prêtre-sacrificateur, de la classe  d'Abia)

On lit ensuite l'annonciation de la naissance de Jean-Baptiste qui fait écho à Celle du Christ le 25 mars :

 "Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie et se tint debout à droite de l’autel des parfums.
  Zacharie fut troublé en le voyant et la peur s’empara de lui.
  Mais l’ange lui dit : « N’aie pas peur, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth te donnera un fils et tu l’appelleras Jean."

Ensuite en Luc 1-26 on lit :  "Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie."

Entendre ici au sixième mois de la grossesse d'Elisabeth. On a donc déjà deux dates : 24 septembre, jour de l'annonciation du Baptiste et le 25 mars, l'Annonciation. Si on compte du 24/09 au 25/03, on a bien une durée de 6 mois. L'Annonciation a bien lieu six mois après l'annonciation de Jean-Baptiste. Marie, la Theotokos, est donc enceinte le 25 mars. Si on ajoute les 9 mois de gestation, on obtient quelle date ? Le 25 décembre.

On objectera peut-être que l'ensemble du corpus néo-testamentaire ne correspond pas à une oeuvre fiable sur laquelle les historiens peuvent s'appuyer. Ce qui est faux. 1) les historiens se basent sur ces écrits pour connaître des éléments de la vie du Christ au moins sa vie publique. 2) les Evangiles ont connu une large diffusion dans l'Antiquité, plus de 5800 copies antiques (de cet ordre). Ce qui est bien plus que les oeuvres de philosophes grecs par exemple. Plus on a de copies plus on peut comparer et mieux on distingue les éléments convergents. A ce titre, les Evangiles sont les écrits les mieux diffusés et sont ceux qui permettent une étude historiographique des plus confortables. En outre, ces copies antiques ont été réalisées sur une période excessivement courte, environ d'une cinquantaine d'années en moyenne (il faut, de surcroît, se replacer dans le contexte de l'époque, difficulté de reproduction, extrême rareté des "ouvrages").

Saint Jean Chrysostome donne d'autres arguments à partir de déductions basées sur la lecture de la Bible croisée à une connaissance approfondie du monde juif et romain. Il faut aussi les lire.

Que nous dit finalement, cette absence de références aux Evangiles (ou à l'homélie de saint Jean Chrysostome) chez ces prétendus historiens ?..

jeudi 17 décembre 2015

"Din cer senim", Colinda (chant de Noël) et signification des fêtes de fin d'année

COLINDE orthodoxes chrétiens

Les origines de la tradition des colinde (sing. colinda, étym. calendes), chants qui, originairement, répondaient à une structure rituelle fixe, se perdent dans la protohistoire roumaine. Si les motifs chrétiens sont, depuis des siècles, privilégiés, les thèmes païens sont très présents dans ces chansons particulières réservées à ce temps fort de l'année qu'est la réactualisation de la Nativité du Christ. Temps fort de l'année liturgique dont les comportements qui s'y rapportent sont largement hérités du monde pré-chrétien, ce moment répondait à la nécessaire levée périodique des tabous en vigueur dans les sociétés traditionnelles lors des fins d'année : rituels orgiaques, boulerversement temporaire de la hiérarchie sociale (l'esclave devient le maître, ce dernier est moqué...), etc. Cette période de chaos est ou était homologable à la fin des temps, à une fin de cycle, à la destruction d'un monde auxquels succède nécessairement un nouveau monde, un cosmos régénéré. C'est ainsi qu'il faut interpréter tout passage d'une année à une autre. Par là s'affirme le caractère cyclique de l'existence humaine et de la Création, qui suivent des périodes de destruction et de renouvellement (palingénésie).  Si la période de Noël évoque nécessairement les Saturnales romaines, puis la fête du Sol Invictus-Mithra, il est à peu près certain que les pratiques licencieuses qui avaient cours lors du solstice d'hiver ont une origine bien plus lointaine. Il faut assurément remonter au néolithique européen pour approcher  les origines de ces fêtes de réjouissances solsticiales communes en Europe. 

Masque rituel selon la tradition populaire roumaine
VOIR aussi sur ce blogue :

- christianisme cosmique -