: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: Robert Castel
Affichage des articles dont le libellé est Robert Castel. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Robert Castel. Afficher tous les articles

dimanche 19 octobre 2014

Rifkin, au secours du capitalisme


Les théories de Rikfin sont un énième avatar du "capitalisme soutenable" et autres impostures "technoscientistes vertes" soi-disant au service du "bien (être) commun".  En somme, on continue à jouer sur les impostures novlangagières, à produire des constats biaisés, à refuser d'aller à la cause des causes des naufrages politique, social, économique, écologique...: soit le désastre anthropologique né de la modernité "accentué" par ses...modernisations ; la dernière étape de cette mutation de la modernité étant bien sûr la contre-révolution libérale-libertaire qu'est mai 68 : l'avènement de narcisse, "l'homme psychologique" sensible à tous les courants d'air du temps, malléable et influençable comme jamais l'être humain  ne l'a été dans toute l'histoire de l'humanité (en termes de manipulations, à côté de la publicité, des séries et jeux TV qui vendent le "rêve capitaliste" bien mieux que les économistes libéraux avec leur baratin d'ailleurs, les curés d'autrefois sont des petits joueurs...).

Rifkin  est un serviteur (et sacrément bien rémunéré par ses nombreux maîtres) de la société du "débilisme" du tout-technique, c'est un de ces rédempteurs progressistes, conseillers des "princes". Hypermoderne, il pense comme la plupart des contemporains vivre une période de l'histoire appelée à atteindre un sommet de développement technique et intellectuel (si ce n'est déjà fait).  Pour lui, le monde se dirige vers un avenir radieux, grâce au développement des nouvelles technologies (avant-hier c'était par l'utilisation du charbon, hier du pétrole que cet avenir devait être assuré...) génératrices de croissance, accroché qu'il est à un "sens de l'histoire". Au centre de la pensée de Rifkin,  les "communaux collaboratifs" qui mettront fin au capitalisme. Ainsi ceux-ci permettront qu' "au lieu d'avoir des acheteurs et des vendeurs, au lieu d'avoir des propriétaires et des travailleurs, tout le monde est entrepreneur. Tout le monde produit et partage sa production à un coût marginal quasi zéro, ou beaucoup moins cher, dans le cadre de ces communaux collaboratifs. C'est un système complètement nouveau pour organiser la vie économique." 

Le prospectiviste étasunien appartient, en réalité, au quart-monde intellectuel, bloqué au stade infantile avec ses fantasmes de monde standardisé, pacifié sans "aspérités" (l'imprimante 3 D qui reproduit les mêmes objets à l'infini). Ses écrits sur la Troisième Révolution Industrielle (TRI) ne font dont que théoriser une nouvelle évolution du capitalisme niveleur...

Des marxistes orthodoxes (peu nombreux) aux droites dites "nationales" en passant par les  sociaux-démocrates libéraux, tous sont technophiles. S'ils ne partagent pas tous la même vision du monde, tous veulent ignorer l'essentiel : l'aliénation engendrée par la société technicienne. Même les premiers cités pour qui la technique créée par le capitalisme deviendra instrument d'émancipation des classes laborieuses, ignorent sciemment, quelque chose de fondamental comme "la révolte des luddites" qui  est, une opposition  HAUTEMENT morale à l'industrialisation et au progrès technique aliénant (destruction des machines (1)) car l'existence historique de cette révolte leur renvoie certains de leurs théories (marxistes) à travers la figure. L'homme peut dire non tout de suite à l'aliénation (il en est sans doute de moins en moins capable cependant), sans passer par des phases d'ajustements ou de transitions de 70 ans qui ne permettront jamais le passage du socialisme au communisme. Et c'est pour cela que ces "marxistes" considèrent comme nécessaire l'existence d'une avant-garde (CHIEN DE GARDE) révolutionnaire (pour Lénine les ouvriers n'étaient que des cons) en mesure de tenir tout ce petit monde en laisse. Robert Castel a bien montré, d'ailleurs, que ce qui s'apparente à du "progrès social" (généralisation du salariat, avantages sociaux, salaire minimum...) n'est consenti que pour mieux fidéliser le travailleur, acheter sa soumission et renforcer sa subordination au patron.  

Qui peut encore, en outre, croire que les modernisations du capitalisme doivent poser les bases matérielles du "socialisme" ? 
Remettre en cause ce "mythe" politique tenace et, par ailleurs, incroyablement  paralysant pour l'émergence d'un véritable mouvement  politique "anti-système", c'est implicitement et  nécessairement contester l'héritage de la modernité des Lumières en tant que projet émancipateur. Mais les personnels politiques et intellectuels actuels, ne sont pas en mesure de le faire, parfois par manque de moyens...intellectuels...c'est ça le plus triste, si seulement, ils étaient uniquement de "mauvaise foi"...

(1) seuls des imbéciles ou des idéologues (encore une fois) peuvent voir dans ce rejet de la technique, un refus de toutes les innovations qui ont permis d'améliorer les conditions d'existence de l'être humain. Personne (?) ne songerait à remettre en cause les apports de la médecine moderne dans l'allègement de la souffrance physique et psychologique, même si certaines maladies (infarctus, diabètes, dépressions...) sont assurément des conséquences d'une existence moderne et qu'il y a une fuite en avant certaine dans cette modernité guérisseuse : les progrès de la médecine pallient les conséquences de la dégradation des conditions de vie de l'homme (hyper-)moderne. Dans une société idéale(-ment humaine), la seule question que devrait se poser l'homme face à une innovation technique : cela va-t-il me rendre plus humain, "meilleur" ? Si la réponse est négative alors cette "nouveauté" n'a pas lieu d'être. Cela implique donc de renouer avec une métaphysique particulière et d'en finir avec la société libérale-progressiste axiologiquement neutre.