: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: USAID
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dimanche 27 février 2022

Les opérations de subversion des officines spécialisées en Ukraine (guerres pour l'Eurasie) - suite

 TEXTE DE 2016 (sans corrections)

1- Les opérations de subversion des officines spécialisées

Gene Sharp, philosophe et politologue étasunien, fondateur de l'Albert Einstein Institution est à l'origine de ces techniques basées par la non-violence visant la déstabilisation des gouvernements non-alignés sur la politique étasunienne. Il est véritablement le père de l'Agitprop (contraction d'agitation-propagande). L'Institut Albert Einstein  a participé avec les officines du milliardaire George Soros, créateur des hedge funds, à la réussite des "révolutions colorées" ou "fleuries", noms génériques donnés aux  mouvements insurrectionnels qui ont éclaté en Europe centrale et orientale, en Asie Centrale, au Proche-Orient ou en Afrique du Nord. La révolution de velours en Tchécoslovaquie en 1989,  la révolution des roses en Géorgie en 2003, la révolution orange ukrainienne en 2004, la révolution des tulipes au Kirghizistan en 2004, la révolution de jasmin en Tunisie ou encore la révolution ayant entrainé la chute de Slobodan Milošević parmi d'autres encore sont téléguidées par ces ONG. Toute la stratégie de Gene Sharp est exposée dans ce livre "From Dictatorship to Democracy"[1]. Il s'agit de mener des actions de  déstabilisations sociale, politique et économique, selon différentes modalités : manifestations pacifiques, grèves, utilisation d'internet et des réseaux sociaux. Si Gene Sharp et ses affidés, mettent en avant le rôle d'ONG qui ne seraient là que pour appuyer les révoltes populaires devant mener à plus de démocratie et à la libération des peuples du joug d'"affreux dictateurs", selon Eva Golinger activiste proche de feu Hugo Chavez (et selon toute évidence) : "En réalité, derrière ce langage, il y a les acteurs qui cherchent à récupérer le pouvoir dominant pour réprimer le peuple, utilisant la jeunesse comme protagoniste, à l’avant-garde des 'rébellions populaires', afin de convaincre l’opinion publique internationale".

Ces officines et opérations de subversion qui conduisent aux fameuses "révolutions de couleur" ou "révolutions des fleurs" font partie du plan global géostratégique de l'anglospère. Les organisations non-gouvernementales font partie intégrante de la stratégie étasunienne de déstabilisation des Etats "non-alignés". En Ukraine, c'est, notamment, à la Polish-Ukrainian Cooperation Foundation (PAUCI) financée par l'United States Agency for International Development (USAID) et administrée par Freedom House, qu'est assignée ce rôle déstabilisateur. Sur le site PAUCI, on peut lire : "The Polish-Ukrainian Cooperation Foundation - PAUCI was established in April 2005 as a legacy organization to the Poland-America-Ukraine Cooperation Initiative. Since 1999, this initiative served as a unique tri-lateral program aimed at sharing the best practices of Poland´s successful transition from a centrally planned economy to a liberal, market-oriented democracy. The mission of the PAUCI Foundation is to build the capacity of Ukraine to integrate more closely with the European Union and NATO through the application of Polish and European experience and to facilitate extensive cross-border dissemination of knowledge and experience in key areas that impact human capital and civil society"[2]. Les intentions sont claires. Les objectifs de la fondation rejoignent les intérêts étasuniens définis par Brzezinski. Créer un axe Pologne-Ukraine favorable aux intérêts de Washington (voir chapitre II-6). De la Serbie dans les années 1990 à l'Ukraine dans les années 2000, on retrouve bon nombre des mêmes ONG et autres officines directement connectées à l'Etat étasunien et aux banquiers, financiers, milliardaires, pesant sur la politique étrangère de la Maison Blanche depuis des décennies.

Il faut insister sur le rôle de l'Open Society Foundation de George Soros qui regroupe un ensemble d'officines spécialisées qui opèrent dans différentes parties du monde et dont l'influence est considérable. OTPOR "résistance" créée en 1998 est l'une d''elles. OTPOR s'est appuyé sur les étudiants réclamant le départ de Slobodan Milošević. Ce groupuscule avec l'aide d'autres ONG transnationales a été très actif dans la campagne de déstabilisation du régime de Slobodan Milošević alors président de la République Fédérale de Yougoslavie (ou de ce qu'il en restait) et qui avait réussi la synthèse entre nationalisme, ce qui restait de l'appareil communiste d'Etat yougoslave et le christianisme orthodoxe, religion majoritaire en Serbie. Or donc, derrière les agitateurs d'OTPOR, nous trouvons également George Soros, dont la fondation a tenu un rôle fondamental lors des révolutions de couleurs des années 2000 en Ukraine ou en Georgie notamment, mais aussi Gene Sharp et son "Albert Einstein fundation" ou encore "Freedom house" qui fournissent le matériel idéologique subversif anti-communiste et anti-chrétien à OTPOR et financent ce dernier mouvement.

La National Endowment for Democracy (NED) (qui a également financé OTPOR) a investi des milliards de dollars pour financer les opposants au président ukrainien Loukachenko renversé en 2005. Freedom House de l'ancien directeur de la CIA, James Woolsey est également un autre groupe d'influence d'une puissance redoutable. La Fondation Stefan Bathory, fondée en 1988, est une autre création de l'Open Society Foundations de Soros devant empêcher le retour du communisme en Pologne. Soros a de plus financé des blogueurs influents lors du "printemps arabe" en organisant des sessions de formations (Techcamps). Cette stratégie aurait aussi été utilisée pour favoriser la guerre civile en Ukraine.  De plus, le milliardaire Soros est à l'origine du Gayfest de Bucarest.

De la Yougoslavie à la Tunisie, de l'Irak à l'Ukraine, ce sont quasiment les mêmes officines et les mêmes hommes qui sont aux commandes : James Woolsey, Steve Forbes, Paul Wolfowitz, Donald Rumsfeld, Peter Ackerman, Jeane Kirkpatrick, Bzrezinski, Samuel Huntington, tous ayant fait partie de Freedom House à un moment ou à un autre.



[1] traduit en français et disponible en ligne à l'adresse : http://www.aeinstein.org/wp-content/uploads/2013/09/FDTD_French.pdf. L'ouvrage est libre de droits...

[2] source : http://pauci.pl/index.php?option=com_content&view=article&id=1&Itemid=8&lang=en, consulté le 7 mars 2016

 Guerres pour l'Eurasie

 VOIR sur ce blogue :  

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https://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/search/label/Eurasie

samedi 1 février 2014

Ukraine : nouvelle agression impérialio-messianique au coeur de l'Europe



I-L'administration étasunienne et les ONG manipulent les "Euro-maïdan"



Les barbares de Washington-Bruxelles(-Berlin) sont une nouvelle fois complices, sinon les fomenteurs, d'une guerre civile, cette fois en Ukraine. Ils propagent encore le choléra "orange-brun", nouvelle tentative, cette fois-ci plus musclée de faire tomber, un régime dorénavant favorable à la Russie. 


Qu'ont à voir les Etasuniens dans cette histoire ? C'est simple. Ils ont "partout". Relisons d'abord ce qu'écrivait Zbigniew Brzezinski dans son ouvrage "Le Grand Echiquier" (1997) : " Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire, mais elle le devient automatiquement avec une Ukraine subornée, puis subordonnée ". Mais aussi "l'Eurasie reste l'échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale (...) quiconque contrôle ce continent contrôle la planète". L'objectif des Etasuniens est avoué et parfaitement clair. Encercler la Russie, contrôler le Rimland. Tels sont les buts de la puissance thalassocratique étatsunienne. Un "bloc eurasiatique" uni porterait un coup d'arrêt à la politique impérialiste etasunoccidentale. En décembre, le sénateur républicain et ancien candidat à la présidentielle américaine John McCain était en Kiev et a déclaré aux insurgés pro-euro-atlantistes (1) qu'ils avaient "le soutien des Etats-Unis"C'est ce même cow-boy qui, en Lybie en 2011, avait appelé les Russes "à s’armer et à tuer Poutine comme l’avait été Kadhafi"...Cela ne fait que confirmer les buts de dominations avoués par Brzezinski.
L'Association Project on Transitional Democraties qui a financé toutes les "révolutions colorées'" (Ukraine, Georgie, Kirghizstan) s'appuie sur l'USAID ( Agence des Etats-Unis pour le développement international), et des ONG (Fondation Soros, Freedom House) pour "arroser" de millions de dollars les activistes anti-russes favorables aux intérêts atlantistes, mais aussi la "presse d'opposition indépendante" (sic), et les instituts de sondages lors des échéances électorales...Ces organisations sont évidemment toujours actives en Ukraine. 
II-Une Ukraine indispensable à la Russie et aux Etats-Unis...




Sans l'Ukraine (pour les Russes le peuple ukrainien est un peuple frère), la Russie perd un accès à la Mer Mediterranée et aux "mers du sud" via la Mer Noire (importance de la Crimée). Plus de 60% des échanges commerciaux ukrainiens se font avec la Russie. La question énergétique est aussi centrale dans la relation entre les deux Etats. Si on change d'échelle, on sait que la Russie essaie de créer une entente, en partie réalisée, avec d'anciennes républiques socialistes soviétiques : l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan. En somme, les enjeux géopolitiques ou géostratégiques sont énormes pour la Russie et l'Ukraine orthodoxe russophone. 

L'Ukraine est donc bien au cœur de ce "nouvel" affrontement Est-Ouest (avait-il seulement cessé depuis 1991 ?). Les élections de 2010 ayant été un échec pour les nervis "orange-brun" suppôts de l'union euro-atlantiste, ces guerriers impérialistes appellent désormais à l'insurrection en Ukraine. Les EUA et l'Union européenne ont, en effet, perdu leur agent en 2010 : le président atlanto-européiste Viktor Iouchtchenko qui, au passage, a réhabilité durant son mandat la figure du nazi ukrainien Bandera (2). Les oligarques qui ont soutenu le président Ianukovitch tant qu'il allait dans le sens de leurs intérêts (tournés vers l'Euroccident) l'ont désormais lâché face à la volonté du chef d'Etat de défier Bruxelles et se tourner vers Moscou. Cette clique oligarchique soutient désormais les opposants au régime en place, et Vitali Klitchko est le nouveau poulain des barbares euro-mondialistes. 

III-Une géographie électorale reflet des clivages ethnico-religieux ukrainiens sur lesquels s'appuient les forces atlantistes

La géographie électorale de l'Ukraine atteste d'une division du pays.... sur laquelle les fauteurs de guerre habituels vont s'appuyer et... manipuler. Cette géographie électorale reflète assez bien les clivages socio-ethnico-religieux du pays. Les opposants à Ianukovicth résident majoritairement dans la partie ouest de l'Ukraine nationaliste, catholique qui est la plus occidentalophile. Dans la partie orientale chrétienne orthodoxe, la plus russophone et russophile, on trouve les meilleurs soutiens au chef d'Etat actuellement en place. Une zone orientale à la culture ouvrière fortement enracinée et plutôt nostalgique de l'Union soviétique. Le centre de l'Ukraine est quant à lui peuplé de populations de religion grecque-catholique ou uniate. 


Document 3 : carte ethnolinguistique de l'Ukraine
  

La stratégie du nation building pourrait fonctionner encore une fois dans ce contexte ukrainien.

Et, même si Poutine semble mépriser le président actuel le trouvant bien trop affairiste et manipulateur à son goût, la Russie a bien compris le danger de laisser-faire ces factions séditieuses téléguidées par Washington et leurs sous fifres d'Europe occidentale. 

IV-Le monde chrétien orthodoxe est une des cibles privilégiées du bloc euro-germano-étasunien 


Des contre-révolutions de la fin des années 80 dans les démocraties populaires et URSS à la crise ukrainienne actuelle en passant par l'agression militaire contre la Serbie ("une agression du plus pur style hitlérien " selon Zinoviev) par le bloc euro-germano-étasunien, les mêmes acteurs sont à la manoeuvre.

Alors pourquoi cet acharnement de la part des barbares anglo-saxons, germains et de leurs sous-fifres ?
Parce que les valeurs de l’orthodoxie chrétienne sont incompatibles avec le projet messianique de "nouvel ordre mondial". Zbigniew Brezinski, élément majeur de l’Etat profond étasunien affirmait, par exemple, en 2007 que : "Le principal ennemi de l’Amérique est désormais l’Eglise orthodoxe russe".

N'en déplaise aux matérialistes (marxistes ou bourgeois) purs et durs, l'orthodoxie chrétienne est le ciment de nombreuses nations est-européennes. C'est bien l'appartenance religieuse et donc ce vieux fond pagano-chrétien orthodoxe propre aux civilisations rurales d'Europe centrale et orientale qui prime sur la conscience de classe, malgré l'arrogance des nouvelles aristocraties d'argent qui ont émergé dans ces pays dans les années 1990 et malgré toutes les humiliations subies par ces populations du fait de l'avènement du capitalisme sauvage. Ce sont peut-être les valeurs de l'orthodoxie chrétienne qui seront le fer de lance des révolutions anti-capitalistes futures dans ces ex-démocraties populaires et en Russie...et qui gênent, de fait, les matérialistes bourgeois euroccidentaux.

Ici, l'analyse marxiste montre donc toutes ses limites. Les attaques de natures diverses (par la guerre civile larvée ou la séduction/protection de l'OTAN-UE) à l'encontre d'Etats de culture chrétienne orthodoxe sont une constante. Que nous le souhaitions ou non, nous sommes face à un conflit civilisationnel et nos médias et politiciens euro-étasuniens veulent d'ailleurs absolument nous convaincre de sa réalité. Certains en ont décidé ainsi. Lire la situation actuelle en Ukraine à la lumière de cette grille de lecture ne signifie pas souhaiter ou adhérer à ce "choc". Force est d'admettre, pourtant, que c'est bien cette vision géopolitique qui guide la politique étrangère étasunienne aujourd'hui (3). Plus que des sytèmes économiques ou des "modes de production" antagonistes qui s'affronteraient, c'est bien un impérialisme matérialiste euroccidental (on incluera les Etats matérialistes arabo-wahabites) qui a pour projet de détruire un monde spiritualiste (malgré l'imprégnation de l'occidentisme capitalo-communiste dans l'aire civilisationnelle est-orthodoxe) de type chrétien orthodoxe (et en partie mulsulman).

En conclusion : des questions.

 Jusqu'où iront ces agents subversifs américains, leurs amis nazis manipulant bon nombre de ces manifestants pro-UE ? Comment réagira la Russie si le président actuel est destitué au profit de Klichtko ou tout autre nervi euro-atlantiste ? Se dirige-t-on vers un scénario à la Yougloslave ? Plus encore. Les Etats-Unis ruinés, au bord de l'implosion et du chaos social veulent-ils porter -avec la complicité des l"Europe communautaire- la "guerre civile" en Europe qui leur permettrait de sauver leur système militaro-totalitaire et le culte du veau d'or ?


(1) Qui se pose la question de savoir pourquoi des Ukrainiens auraient massivement le désir de rejoindre une Europe communautaire à l'agonie ?
(2) Bandera est la figure tutélaire du parti Svoboda, parti national-socialiste qui fait partie de la coalition hétéroclite hostile au pouvoir actuel.
(3) Précisons, toutefois, qu'Huntington ne mentionne pas originellement la "civilisation orthodoxe" et qu'il souhaitait une politique étrangère US pro-russe au début des années 90. En outre, la Grèce incluse dans le monde euro-étasunien selon ce même géopolitologue est fortement liée au monde chrétien héritier de Byzance. Ajoutons qu'Huntington réduit le "monde musulman" à un bloc uni, ce qui ne correspond pas à la réalité objective. En somme, on ne peut pas dire que les administrations américaines (et l'Etat profond) aient suivi à la lettre ce que le politologue préconisait.