: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: axe Baltique-Mer noire
Affichage des articles dont le libellé est axe Baltique-Mer noire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est axe Baltique-Mer noire. Afficher tous les articles

samedi 4 octobre 2014

Rôle stratégique de l'axe Baltique-mer Noire dans le contexte de guerre en Ukraine (guerres pour l'Eurasie)


2014, modif. 2022

 AJOUT d'un TEXTE DE 2016 (livre non publié) :

4- L'axe Baltique-mer Noire

Les frontières communes à la Roumanie, la Hongrie et à l'Ukraine sont dorénavant hautement belligènes. Le conflit ukrainien a réactivé certains courants de pensée que nous pouvions penser endormis, désuets, appartenant à une autre époque. La question des nationalismes et son corollaire les revendications irrédentistes en Europe centrale et orientale semblaient à peu près réglées. Voilà pourtant que la guerre en Ukraine donne des idées aux partisans de la Grande Roumanie à l'instar du Parti de la Grande Roumanie du feu Vadim Tudor, du très récent Parti Roumanie Unie (Partidul România Unita) de l'organisation métapolitique Nouvelle Droite (Noua Dreapta)[1]. La Bessarabie, les îles Serpents de la Mer noire, la Bucovine du Nord (Oblast ukrainien), territoires à l'histoire mouvementée et très violente sont l'objet de revendications des différents nationalistes roumains. Tout un discours se (re-)construit autour des "territoires volés". A terme, si les courants nationalistes des différents Etats de la zone Baltique-mer Noire finissent par s'imposer, il est possible d'envisager un projet de partition de l'Ukraine déjà engagé par les sécessionnistes russophones du Donbass. La Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Serbie, la Slovaquie pourraient invoquer un retour de  "populations captives" en Ukraine vers la mère patrie.

En outre, la mer Noire représente un enjeu géostratégique majeure du fait de sa richesse en hydrocarbures. Les litiges entre les différents Etats ayant accès à la mer Noire ne relèvent donc pas seulement de différents territoriaux. A ce jeu de rivalités entre puissances régionales (Roumanie, Ukraine, Bulgarie, Turquie, Géorgie) s'ajoutent celui entre les grandes puissances mondiales, la Russie et les Etats-Unis. L'enjeu est énorme. La Russie, bénéficie d'un débouché sur la mer Noire ce qui lui donne accès à la Méditerranée. Elle est présente militairement dans cette zone grâce ses bases de Sébastopol et de Novorossiisk, situées respectivement en Crimée et dans le kraï de Krasnodar (autre enjeu de la guerre ukrainienne). De surcroît, la mer Noire est un haut lieu de transit du gaz et du pétrole. Le plateau continental situé face au delta du Danube, mais aussi la mer d'Azov sont des sites d'extractions très convoités, à la fois donc par les Etats de la région et par les superpuissances étatsunienne et russe.

Enfin, l'hypothèse d'une guerre ouverte entre la Russie et la Pologne voire entre la Russie et les Pays Baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) n'est pas à exclure. La Russie organise régulièrement des opérations militaires en mer Baltique, au dessus de l'espace aérien des Pays Baltes, à proximité de la Lituanie (Kaliningrad). Ces exercices répondent à la politique belliciste du BAO qui compte bien se servir de  la Pologne, comme des anciennes républiques socialistes de la Baltique - en s'appuyant sur un sentiment anti-russe assez bien partagé au sein de la population de ces pays - pour mener à bien sa géostratégie d'endiguement de la Russie. La Pologne et les trois Etats baltes qui ont basculé dans le camp du "monde libre" depuis la disparition de l'URSS servent désormais de bases avancées de l'OTAN. Depuis la "crise ukrainienne", par provocation et en prenant l'excuse de protéger l'intégralité territoriale de ces pays composant l'Axe Baltique-Mer Noire, de l'Estonie à la Bulgarie, l'OTAN a renforcé son dispositif et ses manœuvres militaires. Régulièrement la presse française atlantiste présente la situation en attribuant la responsabilité des provocations à la Russie[2]. Ces agitations militaires du BAO sont, en outre, indissociables de cette volonté de réécriture de l'histoire dans les anciennes démocraties populaires et républiques socialistes soviétiques[3].



[1] Organisation qui se prétend l'héritière de la Légion de l'Archange Michel (Garde de Fer) de Corneliu Zelea Codreanu qui avait séduit nombre d'intellectuels roumains tels Mircea Eliade ou Emil Cioran

[2] "Moscou a effectué des vols 'agressifs' près d'un navire américain en mer Baltique" http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/04/13/97001-20160413FILWWW00268-moscou-a-effectue-des-vols-agressifs-pres-d-un-navire-americain-en-mer-baltique.php, en ligne le 13/04/2016, consulté le 14/04/2016

[3]"Des députés lettons participeront à une manifestation de vétérans SS à Riga", https://francais.rt.com/international/16975-deputes-lettons-participeront-manifestation-veterans, en ligne le 10/03/2016, consulté le 12/03/2016

 Guerres pour l'Eurasie

samedi 27 septembre 2014

Elections présidentielles en Roumanie (2014), Victor Ponta-Klaus Iohannis : un programme commun en matière de politique étrangère

Aux pages 19 et 20 du programme de Victor Ponta, candidat pour le PSD (Partidul Social Democrat), le mieux placé, à cette date, pour remporter la présidentielle roumaine, on lit que ce dernier prolongera la politique de soumission de la Roumanie à l'Euro-atlantisme. En effet, Ponta, s'il est élu continuera, si on s'en tient à la lecture de son programme, d'une part à consolider l'axe Bucarest-Londres-Washington privilégié par Basescu et d'autre part, à approfondir le processus d'intégration communautaire (entrée dans la zone euro sous 5 ans) de l'autre.
L'Union européenne donc, pour les fonds de développement, l'OTAN pour la sécurité nationale. A l'est, rien de nouveau... Ponta, le premier ministre, si critique à l'égard de Basescu maintiendra donc, à l'instar de son faux-ennemi, la Roumanie sous tutelle euro-mondialiste. 
Dans ce même programme, on lit que la Roumanie privilégiera les relations avec la Pologne au sein de l'Union (et implicitement avec les Pays baltes). Quoi d'étonnant ? La Pologne est sans doute l'élève le plus obéissant au sein du système germano-étasuno-bruxellois. Pareillement, le sous-axe géostratégique  Baltique-mer Noire qui passe par...l'Ukraine, nécessaire au renforcement de l'espace tampon Union europénne-Russie sera également une priorité, avec au sud un nécessaire partenariat renforcé avec la Turquie.
Le programme de Ponta :
http://victorponta.ro/materiale/program-prezidential-victor-ponta.pdf

L'adversaire (1) direct de Ponta, c'est Klaus Iohannis, maire très apprécié de la ville de Sibiu, ex-président du FDGR (Forumul democrat al Germanilor din România-Forum démocrate des Allemands de Roumanie), candidat pour le PNL (Partidul National Liberal)...Et là, pas de surpise, pour Iohannis, la ligne à suivre est la même que celle de Ponta : privilégier le partenariat, ou plutôt, disons-le, la domination étasunienne sur la Roumanie. Rien ne distingue les deux candidats en matière de politique étrangère : les Etats-Unis d'Amérique sont le grand allié de la Roumanie. Dans chacun des programmes des deux candidats, cet état de  fait est mentionné en gras. Aucune ambigüté. En résumé, l'est-europééen et la Roumanie, ont besoin d'un message ferme de la part des Etats-Unis d'Amérique pour faire face -c'est écrit en termes à peine voilés- au "péril russe"...
Le programme de Iohannis :
http://www.pnl.ro/pagina/programul-politic-al-presedintelui-pnl-klaus-iohannis

A l'issue de cette présidentielle, quel que soit le résultat, la feuille de route des anglo-étasuniens concernant la consolidation du protectorat est-européen post-1989, sera respectée. La crise russo-ukrainienne, loin d'être un contretemps, n'est rien d'autre qu'une des modalités possibles pour la mise en place de ce nouvel espace géopolitique postcommuniste pro-étasunien et finalement de ce plan de domination de l'anglosphere sur l'Europe tout entière (Russie incluse...).


(1) Un bien grand mot... Adversaire pour le poste de gouverneur de cette province du global state, certes, mais nullement adversaire idéologique...

Voir aussi :