: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: métaphysique
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dimanche 12 juin 2016

Quand les expériences mystiques valident la théologie orthodoxe (à partir d'un témoignage extrait du livre du Père Brune, "Les morts nous parlent" )

Dans son ouvrage "Les morts nous parlent, Tome 2" (rééd. 2005), le Père Françaois Brune relate une expérience mystique particulièrement intéressante confirmant la théologie orthodoxe comme la plus authentique. Il y en a eu d'autres durant des siècles, celle-ci date 1985 et concerne Vassula Ryden une grecque, orthodoxe, non "pratiquante" ou disons non messalisante. Cette femme raconte qu'un jour une force s'empare d'elle. Cette force se présente comme étant son ange gardien et se fait appeler Daniel. Plus tard, Mme Ryden affirme que qu'à nouveau une force suprahumaine vient en elle ou entre en elle (ou qu'elle entre dans cette "force"), mais cette fois il s'agit du Christ...Celui-ci lui apprend alors qu'elle ne doit plus se penser comme une personne séparée de LUI, autrement dit de Dieu, mais bien comme faisant partie de LUI ou inversement que le Christ fait partie d'elle. Mme Ryden rapporte, alors qu'elle achète un ticket de bus, que le Christ "proteste" et lui dit : "On est un, on est un seul". 
La mystique ira raconter cette expérience au Père Laurentin. Et dans l'attitude du Père Laurentin, catholique romain, théologien et spécialiste des mystiques, il y a quelque chose de tout à fait symptomatique (sinon pathologique) dans le comportement et la compréhension de Dieu et du but final de l'existence chrétienne chez les théologiens catholiques romains. En effet, face au récit de la femme qui lui rapporte la Parole du Christ ("On est un, on est un seul"), le Père Laurentin a cette question : "Unis ou un" ? Vassula Ryden répond alors très justement : "Unis et un". Si le Père Laurentin pose cette question c'est qu'il est totalement imprégné de cette désastreuse théologie catholique directement issue des écrits de saint Thomas d'Aquin, de saint Augustin mais aussi de la métaphysique d'Aristote dans lesquelles l'homme en son ultime accomplissement reste séparé de Dieu et le...contemple simplement...Une telle réponse de la part de la mystique grecque est donc considérée comme du panthéisme (le "Grand Tout") ou du panchristisme, finalement de l'hérésie, donc du mensonge par des catholiques de l'Eglise latine. C'est, sans doute, cela qui fait enrager nombre de catholiques romains traditionalistes ou modernistes (voir plus en avant)...
Nous pouvons donc sérieusement conclure que le Père Laurentin ne saisit tout simplement pas l'expérience dernière à laquelle est appelé à participer le chrétien. Et, il y a là quelque chose de tout simplement monstrueux...Laurentin - comme tant d'autres traditionalistes ET modernistes dans l’Église catholique romaine - ignore purement et simplement la parole des Pères de l’Église : "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu à son tour". Dans le même temps, l'expérience de Vassula Ryden prouve la véracité des écrits patristiques affirmant que le but ultime, dernier, de la vie chrétienne est la divinisation, la déification de l'homme et non pas, donc, la seule contemplation de la Face de Dieu. 
A travers cette expérience, nous avons également et nécessairement la confirmation de la réalité et de la possibilité de l'union hypostatique de deux natures, humaine et divine sans séparation mais sans mélange ou confusion, en une seule personne, union dont le modèle exemplaire est bien sûr celui du Christ...
Il faut signaler, cependant, que de nombreuses polémiques concernent la mystique. Nous ne jugeons pas ces prises de positions. Seulement, il faut noter (voir lien : http://www.pseudomystica.info/tliginterviewdermine_fr.htm) que l'autorité du Père Laurentin est évoquée (invoquée) ici. Or, nous avons montré dans ce petit article que celui-ci n'est pas en mesure de juger  "l'expérience Vassula" et, à l'évidence, d'autres expériences mystiques à l'aune de sa théologie. Le lecteur est bien sûr totalement libre de rejeter le témoignage de Vassula Ryden concernant "sa vraie vie en Dieu". Nous avons seulement montré ici que la théologie catholique est inapte à saisir complètement certaines expériences ayant rapport avec le monde suprahumain. Rappelons, par ailleurs, à tout hasard pour ceux qui l'ignoreraient, que l’Église orthodoxe ne fait pas la distinction entre nature et surnature, et que, pour ce qui nous concerne ici, nombre de membres des Églises orthodoxes accordent du crédit à l'expérience de Mme Ryden...


vendredi 8 avril 2016

La Légion de l'Archange Michel : changer le statut ontologique du monde

"Aujourd’hui, 24 juin 1927, je crée sous mon commandement la Ligue de Saint-Michel Archange. Qu’il
vienne parmi nous, celui qui a la foi illimitée. Qu’il reste loin de nous, celui qui ne l’a pas.". Corneliu Zelea Codreanu

Corneliu Z. Codreanu, fondateur de la Légion de l'archange Michel, rebaptisée plus tard "Garde de fer" expliquera à Bertrand de Jouvenel , les motivations qui ont conduit à la formation de son organisation : "La Légion a été fondée, non pour la conquête de l’Etat, cela c’était le rôle du parti, mais pour la transformation du peuple. Un homme entre dans la Légion, il est ignorant, veule, n’a confiance ni en lui-même, ni en ses
supérieurs, ni dans sa nation, ni en Dieu. Il a dans tous les actes de la vie cette démarche craintive, cette dérobade, ces coups de crocs perfides, qui sont la marque du chien errant. La fonction de la Légion, c’est de transformer cet homme, de faire de lui un héros ! Pour eux tous, politiciens qu’ils sont, la conquête de l’État est le but suprême. Pour moi, c’est un moyen parmi d’autres. L’essentiel, ce n’est pas d’exercer le pouvoir politique, c’est de faire des hommes". Codreanu écrit encore dans un de ses livres  : "Il ne suffit pas d’écraser le communisme. Nous devons aussi lutter pour la justice des ouvriers. Ils ont droit au pain et droit à l’honneur. Nous devons combattre les partis oligarchiques, en créant des organisations ouvrières nationales qui puissent gagner leurs droits, leur justice, dans le cadre de l’État et non contre l’État. Nous ne reconnaissons à personne le droit de hisser sur la terre roumaine un drapeau autre que celui de notre histoire nationale. Quels que puissent être les droits de la classe ouvrière, nous ne lui permettons pas de se retourner contre les frontières de notre pays. Personne n’admettra que, pour ton pain quotidien, tu détruises et livres à une nation étrangère de banquiers et d’usuriers tout ce qu’un peuple de travailleurs et de braves a amassé par son travail et sa peine deux fois millénaires. Ta justice dans le cadre de la justice de ton peuple. Il n’est pas admissible, que pour te faire justice, tu anéantisses le droit historique de la nation à laquelle tu appartiens. Nous n’admettrons pas non plus qu’à l’abri des formules tricolores, une classe oligarchique et tyrannique s’installe sur le dos des travailleurs de toutes catégories, et les écorche littéralement, en invoquant sans cesse : PATRIE – qu’elle n’aime pas, DIEU – auquel elle ne croit pas. ÉGLISE – où elle n’entre jamais, ARMÉE – qu’elle envoie à la guerre les mains vides".


C. Z. Codreanu - source non identifiée
La Légion se fixe pour mission de changer l'homme roumain, de l'amener à un régime existentiel supérieur et par là de changer le statut ontologique du monde. La jeunesse intellectuelle roumaine de l'entre-deux-guerres - notamment - qui vomissait toutes ces créations occidentales du parlementarisme bourgeois au marxisme, de la démocratie au capitalisme était dans l'attente d'un changement radical de la société roumaine mais aussi du monde comme nous l'avons déjà précisé. Cette jeunesse trouvait dans les  idées de la "Garde de Fer", la concrétisation de ses rêves, de ses fantasmes de renovatio totale du monde. Le cosmos tout entier était amené à se transfigurer grâce à ce mouvement. La haine que ces "hommes nouveaux" vouaient au conformisme et au pragmatisme bourgeois, au calcul et à l'indifférence spirituelle des élites éduquées à l'Ecole des Lumières, du rationalisme et du positivisme devait se transmuer en un idéal à caractère métaphysique. C'est à une transfiguration du genre humain, en une création d'un nouvelle morale entièrement fondée sur les valeurs de l'orthodoxie chrétienne (et en cela le mouvement légionnaire se différencie des autres "fascismes", certains comparent la Garde de Fer au métaxisme grec), sur la seule foi véritable que devait mener l'application des préceptes métapoitiques de la Garde de fer. Le projet légionnaire arrivé à maturité devait aboutir à l'avènement du Royaume, soit la victoire totale des Fils de la Lumière sur les Ténèbres pour s'exprimer comme certains gnostiques chrétiens...

La doctrine légionnaire s'enracinait géographiquement, historiquement et suprahistoriquement au coeur l'espace roumain, à la fois dans le passé mouvementé des pays roumains mais aussi dans l'âme roumaine sans cesse en danger de disparition totale ou de fusion avec des éléments exogènes, du fait des agressions  ou invasions (la lecture de l'histoire peut être appréciée différemment) continuelles au fil des siècles, qu'a dû subir le territoire de l'ancienne Dacie. Le mouvement peut-être considéré comme la volonté d'une élite (qu'importe le jugement que l'on peut porter sur la métaphysique de la Légion et sur les qualités morales et intellectuelles des ses fondateurs et de ses sympathisants) d'amener les masses roumaines à prendre leur revanche sur l'histoire, à célébrer un génie autochtone roumain venu du fond des âges, et de s'offrir un destin qui transfigurerait l'histoire de la Roumanie, de l'Europe mais aussi du monde pour toujours. De petit peuple perçu à tort à l'écart de l'histoire (voir Cioran et Eliade), les Roumains pouvaient alors envisager, rêver - à défaut d'avoir les moyens de le faire - de transmuter l'histoire en leur faveur, dans une perspective liée à l'éternité. 

A voir :
Documentaire sur l'histoire du mouvement légionnaire (langue roumaine) :



Site consacré au mouvement légionnaire : http://miscarea.net/