: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: marcusiens
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lundi 18 novembre 2013

Plus-de-jouir et néo-capitalisme. Dressage à la consommation ludique, libidinale, marginale. Narcissisme et capitalisme. Marché du désir.

La partie de l'œuvre de Clouscard, consacrée au Mai 68 libertaire -révolte petite-bourgeoise- expliquée à partir de l'évolution du mode de production (répression du producteur/permissivité pour le consommateur) est incompréhensible, irrecevable  pour le "gauchiste", dispensé de l'impératif de production, qui hurle au fascisme, à la "Réaction", à un  retour à un prétendu ordre moral ante-1968 (1) à chaque évocation du surmoi et à chaque critique des injonctions au plus-de-jouir dictées par un "marché du désir" qu'il prend comme étant une somme de "libertés authentiques". Libertés qui ne sont, la plupart du temps (cf. infra) pas autres choses, qu'aliénations, qu'un impitoyable conditionnement et une soumission aux codes de ce système  néo-capitaliste qui émerge dans les années 1960. 


 "Pour une consommation ultra-rapide, immédiate, brutale. Il faut en prendre pour la semaine. Une bonne et grosse soupe pour les rustauds du mondain. Dressage sommaire : boum-boum et pam-pam. Le rythme et la "violence" et allez vous coucher. Les deux animations essentielles de la mondanité capitaliste, la bande et le rythme, sont réduites à leur plus simple expression. (...) C'est qu'on n'a plus besoin de raffiner [on s'adresse] au tout venant, aux incultes du mondain. (...) Il faut enrégimenter la populace, les troupiers du mondain, ses bidasses. On doit les amener (...) à un gestuel si élémentaire qu'à côté le salut militaire peut paraître un raffinement. [Ce ne sont] que les restes du festin de la consommation mondaine, du néo-capitalisme. (...)
Cette consommation mondaine, la part du vulgaire, doit permettre trois opérations idéologiques. D'abord fixer les sensibilités aux symboles de la consommation mondaine du capitalisme. Et selon les figures les plus pauvres. Pour empêcher ces jeunes d'accéder à une conscience politique. Pour fabriquer des abrutis. Verrouiller les âmes et les cœurs. La sono et les coups. Ensuite créer le besoin, du ludique, du marginal. Sans le satisfaire réellement. Exaspérer l'envie et ne pas laisser accéder au festin. (...) Exciter la concupiscence et ne laisser que les miettes. Ainsi conditionner une immense clientèle au marché du désir. Et préparer une certaine intégration des masses à la social-démocratie libertaire du loisir et du plaisir."

Michel Clouscard, 1981/Ed. sociales, rééd. 2012, Le capitalisme de la séduction : critique de la social-démocratie libertaire, Delga, pages 291-293 (Chapitre "Le prosaïsme du mondain : les nouvelles coutumes de masse et la cascade des snobismes")






Passage intéressant sur le paganisme. Où on lit (mais Clouscard n'est pas le seul à écrire cela, nous l'écrivons à peine différemment) que le paganisme, contrairement à ce qu'avancent les benêts béats chantres de la (post-)modernité "festive", n'a rien à voir avec cette désinhibition libertaire mais bien avec une "civilisation du sacré", interdisant le "permissif" libéral. C'est donc uniquement la dégénérescence du monde païen antique (gréco-romain a priori) qui entraîne le déchainement du libidinal et du permissif que l'on retrouve dans notre société désacralisée du "capitalisme total". La levée de tous les interdits est la condition du triomphe de ce dernier.

A noter que Clouscard -même s'il est évidemment rationaliste et matérialiste- fait partie de ces rares penseurs marxistes de haut niveau qui ne tient pas de propos caricaturaux de crétin gauchisant quand il évoque les religions (sans les idéaliser, essentiellement le christianisme/les références sont du début des années 1980 concernant ce livre). Il ne défend pas un système métaphysique, ni bien sûr un "clergé", ni un "c'était mieux avant" réactionnaire, mais une conception du temps, de l'espace (sur ce plan, un penseur comme Eliade aux antipodes de la pensée clouscardienne  ne dit pas autre chose au final) et des valeurs particulières incompatibles avec le capitalisme. Les sociétés pré-capitalistes (ou celles qui en étaient les héritières, jusqu'aux années 50 et 60 en France) païennes et/ou chrétiennes étaient construites sur des temporalités, des "rythmes" particuliers, cycliques, des réseaux de solidarités, des "valeurs", des "garde-fous"  qui protégeaient les personnes, les communautés de l’émergence d'un capitalisme total et du rythme pathologique de la modernité. Dans ces sociétés pré-industrielles ou celles qui en présentaient encore certaines caractéristiques, pas de superpositions ou juxtapositions des temporalités/des rythmes, pas d'arythmie sociale. 

La modernité d'après-guerre puis la contre-révolution capitaliste que constitue "Mai 68" entraînent la disparition définitive de ces conceptions du temps et de l'espace en France. Ces bouleversements spatio-temporels d'une brutalité incroyable génèrent alors des pathologies mentales à une échelle encore inédite dans l'histoire de l'humanité. Ce constat rejoint celui de Pier Paolo Pasolini, par exemple, quand il affirme que cette modernité ou plutôt post-modernité (il ne dit pas autre chose quand il  pointe  du doigt le néo-fascisme démocrate-chrétien) transforme l'individu (contre la personne) jusqu'au plus profond de son âme.

 Seuls des abrutis finis (prétendument anti-capitalistes, d'ailleurs, c'est l'histoire du mai 68 sociétal, des naïfs conduits par des agents parfaitement conscients de la perversité de la "manipulation") peuvent se féliciter de la disparition de ces structures et modes de vie. Ajoutons que la planification gaullienne, l'urbanisme de grands ensembles -habitat concentrationnaire- la désertification/modernisation des campagnes qui l'accompagne considérés comme des progrès (contexte de reconstruction, migrations vers  la ville des années 50 à 70, ruraux partant travailler à l'usine, etc.) jouent un rôle fondamental dans cette disparition de ces façons d'être au monde en France (2) A décharge pour les gaullo-communistes, les choix concernant les questions d’aménagement du territoire dans l'immédiat après-guerre ont été guidés par un impératif d'urgence.

De plus, contrairement à Baudrillard ou Pasolini,  Clouscard ne produit pas une critique de la "société de consommation" en général, mais fustige uniquement la part cette société de consommation (ou soi-disant telle) qui relève du "ludique", du "libidinal", i.e. le "marché du désir". Il établit une distinction entre accession à des "biens d'équipements" et "consommation mondaine", "culture de l'incivisme", "rebellitude" qui ne sont que respects et adhésions aux principes du néo-capitalisme. Les classes moyennes récupèrent les surplus, les signes de la consommation mondaine et bourgeoise (cf. premier extrait).
Enfin, ajoutons que cette critique clouscardienne du "marché du désir" et... du "gauchisme", est -culture politique/économique déficiente généralisée aidant- souvent perçue comme étant de droite ou d'extrême-droite. Rien de plus faux et pourtant terrible récupération actuelle de Clouscard dans certains milieux droitiers ! Les premiers à parler du "gauchisme" comme maladie infantile du communisme sont les... communistes eux-mêmes (Lénine) et la pensée clouscardienne (non ou anti-stalinienne d'ailleurs) c'est le remède radical aux prurits populistes. Seulement, Mai 68 et son "tas de chair libertaire qui sert de présentoir au marché du désir, Cohn-Bendit" sont passés par là, brouillant les cartes idéologiques... 
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(1)  un ordre moral qui n'a jamais réellement existé autre part  que dans l'imaginaire d'une certaine gauche mais aussi dans celui de certains dextristes, d'ailleurs...Le Mai sociétal n'a "libéré" que ceux qui étaient déjà "libérés" et le laxisme post-68 n'est en rien une émancipation vis-à-vis de mœurs rigoristes, mais une hystérie individualiste à l'échelle de la société française, "occidentale" plus généralement, accompagnant la mutation du capitalisme. Régression anale et coprolalie...

(2) lire dans ce même ouvrage, le passage sur la "maison de campagne" et les modalités de son acquisition par les parvenus de la nouvelle bourgeoisie -hippies inclus- s'installant dans la misère rurale et profitant de la désertification des campagnes post-1945...Trois étapes : le départ vers la ville des néo-prolétaires, l'acquisition pour trois fois rien du bâti et des terrains "abandonnés", puis spéculation, entre-soi choisi et mise à distance d'autres (trop tard) parvenus, pour les empêcher d'accéder au "festin" ("ségrégation" par le prix du foncier)...

jeudi 17 octobre 2013

Voici venu le temps des frustrés revanchards (1) : surtout la faute aux « gauches »

 Publié  par Jean-Michel Lemonnier jeudi 17 octobre 2013 - sur AGORAVOX

On ne dira jamais assez à quel point la responsabilité (certes indirecte) des mandarins de l'université française et plus généralement des intellectuels des "gauches" social-démocrate et crypto-trotskiste (sévissant essentiellement dans le domaine des sciences sociales), est grande dans la montée des idées "réactionnaires" ou entendues comme telles par ces mêmes caciques, "têtes pensantes" de la nation. En s'appuyant largement sur l'œuvre de Gilles Deleuze et surtout celle de Michel Foucault et sa critique de l'Etat (et en la prolongeant) ceux-ci n'ont fait qu'accompagner ou valider les thèses des ultra-libéraux depuis les années 70. Ces "intellectuels" en faisant des travaux de Foucault (déconstruction...) la pierre d'angle de leur système de pensée, ont défendu, de fait, la thèse de l'Etat minimal (la tentation minarchiste, Foucault, Hayek même combat !). Or, si cette analyse pouvait (vraiment à l'extrême limite) être considérée sérieusement, il y a 45 ans, on sait aujourd'hui que le pouvoir réel n'est plus vraiment dans les mains de l'Etat, et pas exclusivement non plus dans celles des firmes transnationales mais bien dans les mains d'un vaste réseaux d'acteurs privés (économie offshore par exemple) et d'instances supra-nationales (il y a plus de lobbies que de députés à Bruxelles !). Disons, pour faire court, que ce pouvoir économique s'observe à travers des dynamiques conjointes, dans un compromis sans cesse renouvelé entre des États certes affaiblis et des acteurs financiers et des superinstitutions internationales.


 En laissant le soin aux caricaturaux représentants des "droites" dites nationales (de De Villiers à Le Pen) de discréditer tout discours sur la souveraineté nationale depuis 30 ans (ce fut le rôle de la bande à Mitterrand de faire taire le discours souverainiste à gauche en inhumant le patriotique P.C.F.), ces "sensibles de gauches" ont volontairement permis la relégation des discours défendant l’État fort et souverain au rang d'outrances fascisantes. Tout cela, évidemment, pour "vendre" un projet européen (en réalité euro-étasunien) qui servirait les lobbies, les puissances d'argent et sûrement pas la qualité de vie des peuples du vieux continent...(comment l'Union européenne détruit les services publics français) De même, en abandonnant l'idée de prolétariat (il faut inclure, aujourd'hui une grande partie des classes moyennes productives -l'ingénieur par exemple- dans celle-ci) et en ayant renoncé à défendre les classes populaires en s'appuyant sur des catégories d'analyses sociologiques nulles et non avenues (les "jeunes" par exemple) et développant à l'infini des sujets d'études (mobilité-flexibilité, genre, domination patriarcale...) empruntés à la gauche libérale étasunienne, en somme, en abandonnant les raisonnements en termes de classes sociales et en "construisant" des "communautés", des "tribus postmodernes" -le tout s'accompagnant d'une inflation verbale et de langages hermétiques- et en se désintéressant des préoccupations des plus démunis (socialement, culturellement), ils se sont mis à dos le peuple souffrant.


On sait quel a été le rôle fondamental des "gauchistes de mai" dans la liquidation du marxisme (à droite, l'avènement de la droite économique/des affaires initiée par Pompidou, achevée par Sarkozy devait enterrer le gaullisme). Ce travail effectué, ces faux-ennemis que sont les gauchistes libertaires et les libéraux économiques ont tracé une autoroute au néo-capitalisme et... à des travaux à prétention scientifique qui ne pouvaient que s'inscrire dans les limites de ce postulat : le caractère indépassable du capitalisme auquel on pourrait bien faire quelques reproches, dénoncer les abus, sa violence (appels incantatoires à plus de justice sociale) sans bien évidemment le remettre en cause. De surcroît, en traitant systématiquement sur le mode du sarcasme, du mépris tout ce qui a rapport avec les "traditions", les "coutumes", l'idée de transmission, et d'éducation (2), la famille (qui serait une valeur de DROITE !), et plus encore la religion (en somme tout ce qui est contenu dans le catéchisme de la veulerie gauchiste) auxquelles encore une bonne part des classes populaires semble (cf. infra) attachée, ces "analystes" et leurs analyses qui ont guidé les différentes politiques sociales et sociétales depuis 40 ans se sont, définitivement, mis à dos toute une frange de la population française.


Aujourd'hui, crises sociale, économique, sociétale et identitaire gravissimes aidants, cette sphère des élites politico-intellectuelles de "gauche" apparaît en tout cas totalement discréditée aux yeux du Français moyen (il est bien sûr presque totalement exclu que ces êtres intellectuellement supérieurs fassent un travail d'introspection, un examen de conscience). Qui peut savoir quelles seront les conséquences définitives de l'incurie d'une partie de cette génération issue de 68 (et de ses non moins fidèles  héritiers politiques (ou ici) et intellectuels (ou ici)) ; le mai 68 sociétal sorbonnard, autrement dit ce qui n'aura été qu'une régression infantile et "anale" d'histrions fangeux  ?


Au fil des ans, face à l'imposture 68arde, aux trahisons successives des "gauches" et d'une droite de gouvernement piétinant les acquis du gaullisme et l''impuissance de l'ensemble de la classe politique à résoudre les problèmes de fond du pays, se développent alors des pseudo-oppositions totalement étrangères aux préoccupations de la majorité de la population qui s'illustreront à merveille à travers un fameux débat avec d'un côté, des libéraux-lepenistes fustigeant les "marxistes", les "socialo-communistes" la "menace rouge" (entendu que la gauche a enterré le marxisme il y a plusieurs décennies de cela) de l'autre des gauchistes-libéraux répondant aux premiers sur l'air de la "menace fasciste" à laquelle un Lionel Jospin (le socialo-trotskard par excellence) voire un Julien Dray avouent, finalement, ne jamais avoir cru. Mais il fallait bien une figure du diable, un repoussoir absolu pour permettre la pérennité de "l'alternance unique"...


Face à la nullité du débat politique, les classes moyennes (la fameuse "classe unique", constituée par l'arrachement des individus aux valeurs traditionnelles, qui a voulu participer au pouvoir) veautants quinquennaux, abruties à coups de ligue des champions, de tambours et de grosses caisses d'orchestres de variétés, de séries et de jeux débilisants d'importation US, de consommation transgressive, de beauferies TF1-Canaplusiennes, de "soirées entre potes" devant "pop-academy" (pour rigoler bien sûr !...) ont été mis devant des faux-choix politiques (Sarkozy/Royal-Hollande ou encore fascisme/antisfascisme) ou sociétaux (hystérie féministe contre machisme de gros beaufs) permettant le maintien du système en l'état. Il est donc, sans doute, permis de relativiser l'attachement des classes populaires aux valeurs précitées... L'homo festivus, "fils naturel de Guy Debord et du web" (Ph. Murray) est-il devenu le type anthropologique dominant en France ? Si tel est le cas, la partie est finie...(3)

 
Clouscard avait-il donc raison en affirmant l'enfantement de Le Pen par Cohn-Bendit ou disons leur engendrement réciproque (4) ? Le lépenisme alimente le gauchisme et réciproquement, certainement. Mais pour déboucher sur quoi à terme ?


"Le néo-fascisme sera l’ultime expression du libéralisme social libertaire, de l’ensemble qui commence en Mai 68. Sa spécificité tient dans cette formule : 'Tout est permis, mais rien n’est possible.' [ Puis ], à la permissivité de l’abondance, de la croissance, des nouveaux modèles de consommation, succède l’interdit de la crise, de la pénurie, de la paupérisation absolue. Ces deux composantes historiques fusionnent dans les têtes, dans les esprits, créant ainsi les conditions subjectives du néo-fascisme. De Cohn-Bendit à Le Pen, la boucle est bouclée : voici venu le temps des frustrés revanchards.", Michel Clouscard, 2002


Qui proposera un projet politique ni "permissif", ni "répressif", qui pemettra de renvoyer dos à dos gauchistes-droitards-libéraux/libertaires et leurs nécessaires complices lepenistes ? Qui ou quoi s'élèvera contre l'hyper-vulgarité et l'indigence de cette classe politique et de son double extrêmisme épouvantail, essentiel à sa survie, pour envoyer l'ensemble (intelligentsia incluse) dans les poubelles de l'histoire, refermera le couvercle et mettra un terme à cette pathétique période de l'histoire de France ?...


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(1) Ce n'est pas nécessairement une insulte...mais ça peut l'être...

 
(2) L'enfant n'est plus un être à civiliser, mais un narcisse, un monstre d'égoïsme face auquel aucune barrière ne doit être érigée pour permettre son avènement, le développement de sa toute-puissance. L'affirmation d'une différence entre adultes et enfants, de même celle d'une différence homme/femme étant aux yeux de ces marcusiens, une horrible discrimination qui devra être corrigée par des mesures particulières, par une rééducation (on en revient toujours à ces fameuses déconstructions) pour faire taire à jamais ces abominables archaïsmes. Ce travail de déconstruction est évidemment, encore une fois, assigné à ces universitaires "freudo-marxistes" (mais bien sûr ni freudiens, ni marxistes) ou "marxistes culturels" (autrement dit non marxistes) qui affirment le primat presque absolu du culturel sur le biologique. Et, on comprend en lisant ici et là certaines publications, le niveau de démence atteint par certains de ces chercheurs accrédités...

 
(3) Il est peut-être déjà trop tard... "L'immense majorité de la population française" est-elle déjà "enfermée et abrutie" dans le "ghetto du nouvel apartheid spectaculaire (a) " ? (Debord (G), 1985, Œuvres complètes in Michéa (J-C), 2011, p. 344 Le complexe d'Orphée, Climats). On ne peut proposer une réponse définitive.


        (a) Notes/digression sur Debord et son "spectacle" : alors qu'il refuse de considérer le spectacle comme de simples images, en décrivant le spectacle comme partie de la société ou la société porteuse du spectacle, réduit bien ce dernier à des images. A savoir, la pub/les marques, la télé et le sport professionnel par exemple et deux trois autres choses dans les démocraties libérales et la propagande dans les Etats totalitaires...Debord aurait dû en rester à "le spectacle est la société même" ou à "le spectacle est rapport social d'individus médiatisé par des images". Ses adorateurs qui citent avec un air pénétré des passages de "la société du spectacle" n'auront pas relevé les contradictions de l'auteur préféré des bourgeois du 16e arrondissement parisien et/ou des publicitaires. Debord n'a rien inventé (Jacques Ellul le confirme) et l'œuvre de Debord n'est donc qu'un affadissement d'une partie de l'œuvre de Karl Marx mêlée à des références sado-reichiennes (incompatibles avec celle du marxisme) qui ne pouvaient guère parler aux classes laborieuses.


Pour finir, le concept de spectacle a été défini confusément au fil de la plume de Debord (donc mal compris) et l'I.S. des Debord -le fils de bonne famille- et cie comme d'autres organisations gauchistes de mai n'auront été que des organisations d'alcooliques névrosés affectivement bloqués, monomaniaques anti-chrétiens (éduqués sur les genoux des jésuites, ceci expliquant cela...) qui auront indirectement produit des personnages caricaturaux de beaufs anar-bourgeois à la Siné...et autres subjectivistes radicaux à la Michel Onfray, incapables de créer de nouveaux mythes en mesure de remplacer ceux du "vieux monde", comme les membres de l'I.S. le prétendaient. Le festivisme des indignés des "gauches actuelles" est certainement un des plus "beaux" héritages des fumisteries situationnistes des années 60.


En outre, face à la conceptualisation clouscardienne de haute volée, l'œuvre de Debord apparaît bien faible...Le concept de "société du spectacle" ne serait qu'un habillage idéologique forgé avec "l'aide" des classes moyennes, un système d'enfermement conceptuel au sein duquel les exploiteurs dictent leurs règles et taisent la réalité de la lutte des classes, donc un faux système de représentation verrouillé par des intellectuels de gauche. Affirmons la supériorité de la socio-philosophie de Clouscard sur les vulgaires slogans situationnistes qui ont tant inspiré la rédaction des directives ministérielles depuis 40 ans...mais aussi face à la verbeuse philo-sociologie foulcado-bourdieusienne pour comprendre le jeu politique actuel et les rapports de dominations.


(4) Cohn-Bendit/ Le Pen soit le couple "permissif-répressif ".
Sur le "mai Cohn-Bendit" : on n'insistera pas sur le fait que ces supposées émancipations des jeunes, des femmes, n'ont été que des conditionnements à l'imaginaire capitaliste. Sujet méritant amples développements...

Publié  par Jean-Michel Lemonnier jeudi 17 octobre 2013 - sur AGORAVOX