: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: saint Michel archange
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samedi 9 avril 2016

Satanisme au Vatican





Revenons sur la "croix renversée", symbole largement utilisé par les satanistes. Nous savons que, selon ce que nous dit la tradition chrétienne  - par Eusèbe de Césarée (vers 265-339) - Pierre ou Simon-Pierre, disciple de Jésus de Nazareth, mourra crucifié sur ordre de Néron à Rome autour des années 64-70. Or, Pierre demanda à être crucifié tête en bas ne s'estimant pas digne d'adopter la position du Christ lors de sa crucifixion sur le mont Golgotha.

Lors d'une visite en Israël en l'an 2000, la pape  Jean-Paul II s'assoit sur un trône dont le dossier est marqué par cette croix renversée. Il n'en fallut pas plus, dans les milieux protestants et surtout évangéliques, pour désigner l’Église apostolique romaine comme "satanique". La preuve en image était là pour confirmer, définitivement, les propos de Martin Luther le fondateur du protestantisme, qui déclara en 1520, "Nous avons la conviction que la papauté est le siège du véritable et réel Antéchrist" ou ceux de Jean Calvin, "Certaines personnes pensent que nous sommes trop sévères et critiques lorsque nous qualifions d’Antéchrist le pontife romain. Mais ceux qui émettent cette opinion ne se rendent pas compte qu’ils accusent ainsi l’apôtre Paul, qui en dit autant (…) Je démontrerai brièvement que les mots de Paul dans 2 Thessaloniciens 2 ne peuvent être démontrés autrement qu’en les appliquant à la papauté".  

Sans entrer dans ces débats autour des supposés fourvoiements de l’Église de Rome qui remontent aux premiers temps de la Réforme protestante, il est un fait qu' aujourd'hui des auteurs (Réformés ou non) réactualisent ces anathèmes en proposant une littérature interprétant le texte de l'Apocalypse de Jean de Patmos, dans lequel ils voient tous les signes de la corruption de l’Église, à travers notamment  ces extraits où une correspondance est effectuée entre Rome (le Vatican) et Babylone : "La grande Babylone, la mère des impudicités et des abominations de la terre" ou encore avec cette femme  "vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres précieuses, et de perles" qui "tenait à la main une coupe d'or, pleine des abominations de l'impureté de sa prostitution" qui ferait référence aux cardinaux et évêques du Vatican… une femme assise sur 7 montagnes :"Pourquoi t’étonnes-tu ? Je te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, celle qui a 7 têtes et 10 cornes (...) les 7 têtes sont 7 montagnes sur lesquelles la femme  est assise". Selon ces exégètes improvisés qui pullulent sur Internet et au rayon ésotérisme de la FNAC qui reprennent des interprétations plus anciennes, la femme serait donc le Vatican et les 7 têtes donc les 7 montagnes, les 7 collines de Rome. 

Néanmoins, il est tout à fait intéressant de lire les propos du Père Dom Gabriele Amorth qui rejoignent en partie ces analyses en faisant état de l'existence de sectes sataniques au sein du Vatican. Des propos d'un prêtre, théologien, n'ayant rien à voir avec les spéculations douteuses relevant de la manipulation autour de cette croix inversée présente, outre sur une photographie de Jean-Paul II, sur différents édifices chrétiens sur lesquels est figurée la crucifixion de Pierre. Dans son livre  "Confessions. Mémoires de l’exorciste officiel du Vatican" (2010), Dom Amorth consacre un petit chapitre de son livre aux "satanistes du Vatican". Sans détours il affirme : "Même au Vatican, on trouve des membres de sectes sataniques", parmi lesquels des prêtres, des évêques et des cardinaux ! L’exorciste déclare avoir obtenu ces informations par l’intermédiaire de personnes dont il ne nous dit pas grand-chose et… "du démon lui-même" lors d’un exorcisme (Amorth, 2010 : p.257).  

Le père Amorth fait le lien entre ces satanistes et la déclaration de Paul VI du 29 juin 1972 sur cette fumée de Satan qui est bel et bien entrée dans l’Église : "Devant la situation de l’Église d'aujourd'hui, nous avons le sentiment que, par quelques fissures, la fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu. (...) On croyait qu'après le concile, le soleil brillerait sur l’Église, mais au lieu du soleil, nous avons eu les nuages, la tempête, les ténèbres, la recherche, l'incertitude. (...) Une puissance adverse est intervenue, dont le nom est le diable : cet être mystérieux dont saint Pierre fait allusion dans sa lettre. (…) Nous croyons à l'action de Satan qui s'exerce aujourd'hui dans le Monde, précisément pour troubler, pour étouffer les fruits du concile œcuménique et pour empêcher L’Église de chanter sa joie d'avoir repris pleinement conscience d'elle-même…". Ces propos font écho à ce qui se serait déroulé le 13 octobre 1884, lors du règne de Léon XIII. A la fin de la Messe célébrée au Vatican, le pape tombé en extase devant l'autel aurait entendu cette conversation entre Satan et le Seigneur des chrétiens : " -Je peux détruire ton Église! dit Satan. -Tu peux ? Alors, fais-le donc!  répondit le Seigneur  -Pour cela, j'ai besoin de plus de temps et de pouvoir -Combien de temps ? Combien de pouvoir ? -75 à 100 ans et un plus grand pouvoir sur ceux qui se mettent à mon service -Tu as le temps, tu auras le pouvoir. Fais avec cela ce que tu veux". termina Jésus-Christ. (Revue de l'ordre séculier de saint-Augustin, décembre 1981, New-York). Aussitôt après, sorti de son état extatique, Léon XIII rédigea une prière de protection dédiée à l'Archange saint Michel : "Saint Michel Archange, défendez-nous dans les combats. Soyez notre protecteur contre la méchanceté et les embûches du démon. Que Dieu lui commande, nous L'en supplions, et Vous, Prince de la milice céleste, par le pouvoir qui vous a été confié, précipitez au fond des enfers Satan et les autres esprits mauvais qui parcourent le monde pour la perte des âmes. Ainsi soit-il." A la suite de cet événement surnaturel où le monde suprahumain semble s'être manifesté, le pape rédigea également un manuel d'exorcisme "contre Satan et les anges rebelles" et encouragea autant les laïcs que les ministres du culte à réciter les prières contenues dans le manuel. En 1985, soit à peu près 100 ans après cette expérience mystique, le Vatican interdira la récitation des prières de délivrance aux laïcs sur d'autres personnes.

Le pape François a tenu des propos sans équivoque sur le combat à mener contre les "forces du mal" dans sa première homélie : "Quand nous ne confessons pas Jésus Christ me vient en tête cette phrase de Léon Bloy: celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable. Et quand nous ne confessons pas Jésus-Christ, nous confessons la mondanité du diable, la mondanité du démon." Il poursuit et déclare devant des cardinaux surpris par la fermeté du ton du nouvel évêque de  Rome :  "Quand nous cheminons, sans la croix, quand nous construisons sans la croix, quand nous confessons avec le Christ mais sans la croix, nous ne sommes pas les disciples du Seigneur. Nous sommes des mondains. Nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, tout, mais nous ne sommes pas des disciples du Seigneur…". Un jour seulement après son élection ces propos du pape François surnommé le "pape des pauvres" (mais comment pourrait-il en être autrement pour un pape?) sonnent comme un rappel à l'ordre doublé d'une mise en garde à l'égard d'un haut clergé dont il soupçonne, à n'en pas douter, des comportements intolérables au regard de leurs fonctions...Si Satan est entré, réellement ou symboliquement, au Vatican, a-t-il enfin réellement trouvé un ennemi décidé à le chasser et le détruire : le pape argentin François ?... 


Père Gabriele Amorth : Maçonnerie et sectes sataniques vaticanes

vendredi 8 avril 2016

La Légion de l'Archange Michel : changer le statut ontologique du monde

"Aujourd’hui, 24 juin 1927, je crée sous mon commandement la Ligue de Saint-Michel Archange. Qu’il
vienne parmi nous, celui qui a la foi illimitée. Qu’il reste loin de nous, celui qui ne l’a pas.". Corneliu Zelea Codreanu

Corneliu Z. Codreanu, fondateur de la Légion de l'archange Michel, rebaptisée plus tard "Garde de fer" expliquera à Bertrand de Jouvenel , les motivations qui ont conduit à la formation de son organisation : "La Légion a été fondée, non pour la conquête de l’Etat, cela c’était le rôle du parti, mais pour la transformation du peuple. Un homme entre dans la Légion, il est ignorant, veule, n’a confiance ni en lui-même, ni en ses
supérieurs, ni dans sa nation, ni en Dieu. Il a dans tous les actes de la vie cette démarche craintive, cette dérobade, ces coups de crocs perfides, qui sont la marque du chien errant. La fonction de la Légion, c’est de transformer cet homme, de faire de lui un héros ! Pour eux tous, politiciens qu’ils sont, la conquête de l’État est le but suprême. Pour moi, c’est un moyen parmi d’autres. L’essentiel, ce n’est pas d’exercer le pouvoir politique, c’est de faire des hommes". Codreanu écrit encore dans un de ses livres  : "Il ne suffit pas d’écraser le communisme. Nous devons aussi lutter pour la justice des ouvriers. Ils ont droit au pain et droit à l’honneur. Nous devons combattre les partis oligarchiques, en créant des organisations ouvrières nationales qui puissent gagner leurs droits, leur justice, dans le cadre de l’État et non contre l’État. Nous ne reconnaissons à personne le droit de hisser sur la terre roumaine un drapeau autre que celui de notre histoire nationale. Quels que puissent être les droits de la classe ouvrière, nous ne lui permettons pas de se retourner contre les frontières de notre pays. Personne n’admettra que, pour ton pain quotidien, tu détruises et livres à une nation étrangère de banquiers et d’usuriers tout ce qu’un peuple de travailleurs et de braves a amassé par son travail et sa peine deux fois millénaires. Ta justice dans le cadre de la justice de ton peuple. Il n’est pas admissible, que pour te faire justice, tu anéantisses le droit historique de la nation à laquelle tu appartiens. Nous n’admettrons pas non plus qu’à l’abri des formules tricolores, une classe oligarchique et tyrannique s’installe sur le dos des travailleurs de toutes catégories, et les écorche littéralement, en invoquant sans cesse : PATRIE – qu’elle n’aime pas, DIEU – auquel elle ne croit pas. ÉGLISE – où elle n’entre jamais, ARMÉE – qu’elle envoie à la guerre les mains vides".


C. Z. Codreanu - source non identifiée
La Légion se fixe pour mission de changer l'homme roumain, de l'amener à un régime existentiel supérieur et par là de changer le statut ontologique du monde. La jeunesse intellectuelle roumaine de l'entre-deux-guerres - notamment - qui vomissait toutes ces créations occidentales du parlementarisme bourgeois au marxisme, de la démocratie au capitalisme était dans l'attente d'un changement radical de la société roumaine mais aussi du monde comme nous l'avons déjà précisé. Cette jeunesse trouvait dans les  idées de la "Garde de Fer", la concrétisation de ses rêves, de ses fantasmes de renovatio totale du monde. Le cosmos tout entier était amené à se transfigurer grâce à ce mouvement. La haine que ces "hommes nouveaux" vouaient au conformisme et au pragmatisme bourgeois, au calcul et à l'indifférence spirituelle des élites éduquées à l'Ecole des Lumières, du rationalisme et du positivisme devait se transmuer en un idéal à caractère métaphysique. C'est à une transfiguration du genre humain, en une création d'un nouvelle morale entièrement fondée sur les valeurs de l'orthodoxie chrétienne (et en cela le mouvement légionnaire se différencie des autres "fascismes", certains comparent la Garde de Fer au métaxisme grec), sur la seule foi véritable que devait mener l'application des préceptes métapoitiques de la Garde de fer. Le projet légionnaire arrivé à maturité devait aboutir à l'avènement du Royaume, soit la victoire totale des Fils de la Lumière sur les Ténèbres pour s'exprimer comme certains gnostiques chrétiens...

La doctrine légionnaire s'enracinait géographiquement, historiquement et suprahistoriquement au coeur l'espace roumain, à la fois dans le passé mouvementé des pays roumains mais aussi dans l'âme roumaine sans cesse en danger de disparition totale ou de fusion avec des éléments exogènes, du fait des agressions  ou invasions (la lecture de l'histoire peut être appréciée différemment) continuelles au fil des siècles, qu'a dû subir le territoire de l'ancienne Dacie. Le mouvement peut-être considéré comme la volonté d'une élite (qu'importe le jugement que l'on peut porter sur la métaphysique de la Légion et sur les qualités morales et intellectuelles des ses fondateurs et de ses sympathisants) d'amener les masses roumaines à prendre leur revanche sur l'histoire, à célébrer un génie autochtone roumain venu du fond des âges, et de s'offrir un destin qui transfigurerait l'histoire de la Roumanie, de l'Europe mais aussi du monde pour toujours. De petit peuple perçu à tort à l'écart de l'histoire (voir Cioran et Eliade), les Roumains pouvaient alors envisager, rêver - à défaut d'avoir les moyens de le faire - de transmuter l'histoire en leur faveur, dans une perspective liée à l'éternité. 

A voir :
Documentaire sur l'histoire du mouvement légionnaire (langue roumaine) :



Site consacré au mouvement légionnaire : http://miscarea.net/


jeudi 14 janvier 2016

Croix de Belenos et saint Michel Archange - Gargantua, fils de Belenos - introduction (partie VII)


VOIR auparavant sur ce blogue :

http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/croix-de-belenos-et-saint-michel.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2013/10/croix-de-saint-michel-de-belenos-en.html

On reprendra donc ici l'étude (dernière publication début 2015) des rapports entre Belenos, saint Michel archange et leur "grande croix" bretonne, le complexe mégalithique de l'arrière pays du Mt-St-Michel en étendant géographiquement l'étude à la partie occidentale de l'Ille et Vilaine (monuments mégalithiques de St-Suliac, du mont Garreau et légende gargantuesque associée). Le travail de Paul Béziers  à l'appui.
En guise de présentation à cette nouvelle partie de notre travail, on peut rappeler que l'on sait avec quasi-certitude que le fameux Gargantua popularisé par Rabelais, est un dieu celtique (qui peut être) gaulois. Gargantua serait le fils de Belenos (cf. Geoffroi de Monmouth). Chez Rabelais le père du géant se nomme Grandgousier. Si on veut établir une homologation entre le dieu gaulois et le personnage littéraire, on peut conclure que celui-ci ne serait autre que Belenos, lui-même fils de Taranis.
Moins répandue est l'hypothèse d'un Gargantua appartenant à la catégorie des héros civilisateurs des temps mythiques. On trouve traces des légendes mettant en scène ce personnage, le long des voies romaines. Gargantua serait alors celui qui défriche et crée des voies de passages. De passage, on passe à passeur. Gargantua devient passeur, peut-être celui qui transmet...qui pose un geste aux origines et dévoile aux hommes une activité, forcément sacrée.
Si l'on veut faire un peu de philologie, on recherche les origines du nom Gargantua. On trouve alors que le nom vient du latin gurges qui signifie gouffre qui aurait donné Gargan (on reviendra sur le mont Gargan italien, frère jumeau du Mt-St-Michel d'un point de vue de sa création mythistorique en tant que lieu sacré) issu du latin gurges (gouffre). A partir du radical Garg se forme le mot gargate qui a donné gorge en français moderne ou en core gargariser. Gargan ou gargant est un participe présent signifiant avalant. Garguanta devient alors l'avalant. On retrouve ici une caractéristique du personnage littéraire : sa gloutonnerie. 

à suivre...

mardi 11 mars 2014

Chateaubriand, Haute-Bretagne, croix de saint Michel-Belenos...et autres sites sacrés (II) Chapelle Saint-Michel et autels tauroboliques du Mont-Dol, Mt-St-Michel...



A considérer la présence de deux autels consacrés aux sacrifices sanglants sur le Mont-Dol (1), le site fut assurément  un haut-lieu pour les cultes païens dans la région. A la religion propre aux hommes de la civilisation mégalithique (2) succéda, certainement, le culte druidique dédié au dieu Taranis (père de Belenos) et sans doute à Belenos lui-même, même si peu d'experts académiques font mention de son nom  (on a, pourtant, suffisamment montré l'équivalence des "qualités" entre le dieu solaire Belenos et l'Archange Michel) a laissé place à celui de Jupiter (Mont-Dol portait l'antique nom de Mont-Jovis, cf. (1)) lors de l'occupation romaine puis à celui de Cybèle réclamant des sacrifices équinoxiaux de taureaux. Mais, peut-être que le culte rendu à Mithra, dieu principal d'une religion proche-orientale importée en Europé par des légionnaires romains aux IIe et IIIe s. fut le seul à succéder à celui de Taranis-Belenos puis Jupiter.  De nombreux éléments du  mithraïsme ont, d'ailleurs, largement imprégné le christianisme.  Ces éléments sont suffisamment connus pour que nous soyons dispensés de les mentionner. En outre, l'analogie entre Mithra,  vainqueur du taureau et saint Michel Archange terrassant le Satan ou le dragon (ou Satan transformé en dragon) est asssez frappante...(la comparaison entre l'existence de Mithra, dieu solaire, né au moment du solstice d'hiver avec celle de Jésus-Christ l'est encore plus). C'est d'ailleurs suite à ce combat mythique, cosmique que fut bâtie l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Sur ce dernier, deux menhirs ou un dolmen aujourd'hui, évidemment, disparus attestent d'une présence humaine très ancienne (néolithique, et même palétolithique avant les bâtisseurs de mégalithes, donc ).  Quand au VIIIe s., Aubert, l'évêque d'Avranches est appelé par l'archange pour bâtir un lieu de culte consacré à saint Michel (3), il lui est donné l'ordre d'abattre les pierres païennes, il découvre en même temps un taureau. D'ailleurs, ces pierres du néolithique ont-elles été ensuite consacrées au Dieu Lug, autre Dieu solaire gaulois, équivalent du Mercure romain, tous deux des êtres divins ailés...comme saint Michel ? Ajoutons que Mercure est un dieu médecin comme Taranis...confondu plus tard avec... Jupiter...

Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que là où saint Michel passe, les taureaux et les dolmens trépassent...On sait, à quel point le christianisme eut du mal à s'imposer dans les campagnes, bretonnes notamment. Le récit faisant intervenir l'archange venu sur terre combattre le satan (les paganismes) a donc largement servi pour l'évangélisation des peuples attachés aux anciennes croyances. 
Sans doute que les parallèles, en termes de qualités archétypales, faits entre créatures païennes et chrétiennes ont évolué au fil des siècles, selon les besoins et donc selon le dégré d'enracinement des croyances antiques ou d'attachement à tel ou tel dieu chez le bas-peuple. C'est-à-dire qu'à chaque fois que les chrétiens rencontraient une divinité païenne, ils l'incluaient au sein  des légions de saints, d'anges ou de démons et/ou transposaient les attributs de certains de ces dieux dans le  système chrétien de croyances et de valeurs, pour faciliter l'éviction des cultes anciens les plus tenaces. En somme, une ligne à suivre pour enraciner le christianisme dans les campagnes : éliminer la concurrence...païenne...

(1) Il faut sans doute également reconnaître dans Mont-Dol, le mot breton "dol", signifiant table comme dans dolmen (dol et men, table de pierre), le Mont-Dol serait, en acceptant cette filiation étymologique, le "Mont Table". Il faudra revenir sur un certain nombre de toponymes  : Mt-St-Michel/tombelaine->mont tombe/tombe de Belenos (hypothèse étymo. abandonnée rappelons-le), le petit Bé, le grand Bé (îles malouines)->Bé pour Bélénos...Mais aussi, sachons que le nom du  Mont dédié à l'archange portait le nom de Mont Gargan avant le XIIIes. Cette appelation fait évidemment référence au légendaire Gargantua dont la tombe est...sinon le Mt-St-Michel, sur le Mont. Le géant est un être psychopompe (un guide) comme Michel peut l'être en même temps que ce dernier est psychostase. 
Le culte de saint Michel apparaît, d'ailleurs, en Europe au Mont-Gargan (Monte Sant'Angelo) en Italie au Ve siècle. Tous les lieux dédiés à Gargantua semblent avoir été conscacrés ensuite à saint Michel...Sachons aussi que, parfois, Gargantua est confondu avec un dragon...Le même que saint Michel Archange aurait terrassé ?
Ce que nous avons là, c'est au moins, la preuve que certains dieux et personnages des panthéons païens sont susbstituables à d'autres...

(2) Les pays de Bretagne portent le plus riche témoignage de celle-ci. Localement, en Ille et Vilaine : présence de ruines d'un cromlech sur le Mont-Dol, menhir du champ Dolent, allée couverté de Tressé... tel est le décors de l'arrière-pays du Mont-Saint-Michel, dont l'ensemble forme vraisemblablement un complexe religieux très sophistiqué dont la signification oubliée laisse le champ libre à toutes sortes de théories ("système zodiacal", "géométrie mégalithique", etc.). 
Nous concernant, nous nous sommes contentés, pour le moment, de d'écrire que l'ensemble Mt-St-Michel-Tombelaine/Mont-Dol est la partie de la grande croix de St Michel et Belenos orientée selon un axe sud ouest/ nord est.

(3) La ferveur païenne sur le Mont avait vraisemblablement diminué, peut-être disparu depuis deux siècles car saint Etienne était honoré en ce lieu avant la révélation d'Aubert...

à suivre... 

ARTICLES LIES :





samedi 8 mars 2014

Chateaubriand, Haute-Bretagne, croix de saint Michel-Belenos...et autres sites sacrés (I)

François-René de Chateaubriand et sa description romantique de ses promenades en ce lieu mythique qu'est le Mont-Dol, au moment où il est pensionnaire au collège de Dol-de-Bretagne.

Chateaubriand évoque ici, un pan de l'histoire des pays du nord de la Haute-Bretagne, méprisée par les Jacobins. L'écrivain situe, par ailleurs, la forêt de Brocéliande sur un territoire s'étendant du nord de l'actuelle Ille et Vilaine  à partir du pays de Saint-Malo jusqu'à  Rennes au sud en passant par Dol et Combourg, et délimitée à l'est par la forêt de Fougères et à l'ouest par un "axe" reliant Dinan à Bécherel (la question de la localisation de la forêt de Brocéliande fait toujours débat). Chateaubriand raconte qu'au XIIe s., cette forêt servit de champ de bataille aux Bretons de Domnonée luttant contre les Francs. La Domnonée est cette zone qui vit débarquer au VIe des Bretons insulaires fuyant les invasions anglo-saxonnes. C'est cet espace qui s'étend du Trégor au pays de Dol, traversant le Goëlo et le Penthièvre, autrement-dit l'essentiel de la côte nord de la Bretagne qui constitua un royaume fondé par le Breton Riwal au VIe s.

(Scans : Mémoires d'outre-tombe (Tome I), 1849, de François-René de Chateaubriand)


A quel autre écrivain faudrait-il faire appel pour trouver plus beau tableau de ces pays du nord-est de Haute-Bretagne ? Ecriture, manifestation d'un inconscient bouillonnant projeté sur le réel, plus qu'une description froide d'un paysage élaborée par un géographe prosaïque, ces pages parlent, en tout cas, certainement bien plus à l'autochtone sensible aux lieux, dont les ancêtres s'installèrent sur ces terres il y a des siècles et des siècles de cela qu'à une personne étrangère aux endroits dépeints...même si cette dernière aura peu de mal à s'immerger dans cette géo-histoire, cette nature bretonne (anthropisée depuis des millénaires mais violentée comme jamais depuis l'après-guerre) et à l'investir étant donné l'inimitable façon, propre à ce génie né à saint-malo en 1768, de (d-)écrire et de nous faire voyager avec lui. 
Enfin, celui pour qui un territoire n'est que le support matériel de son existence n'entendra, évidemment, rien à toutes ces considérations...


Ci-dessous, un extrait de l'ouvrage  de P. Bézier  "Inventaire des monuments historiques du département d'Ille et Vilaine" édité en 1883 dans lequel est mentionné l'antique chapelle dédiée à saint Michel Archange située au sommet de Mont-Dol. Le Mont-Dol (1)est un de ces 
sites remarquables, à l'histoire oubliée, constituant un des points formant la grande croix de saint Michel qui est également la croix de Belenos signant la terre bretonne (Voir notre article du 27/10/2013)




Au sommet du Mont, une pierre attire l'attention du visiteur. Elle a la particularité de porter une marque suffisamment atypique  pour se voir attribuer une origine suprahumaine. "Griffe du Diable", "patte du Diable", "pied du Diable" étant les dénominations les plus fréquentes pour la qualifier. Plus rarement, le stigmate porté par le rocher est attribuée à l'action de l'Archange Michel. 
Dans tous les cas, ce que nous dit l'attention portée à ce rocher et à cette signature, c'est que chaque fois que l'être humain rencontre un "objet" ou un "sujet" remarquable disons singulier, il l'inclut dans un récit mythique pour expliquer sa "venue au monde". Et dès que ce récit perd son caractère acceptable, il devient légende (cf. Infra).
C'est bien le cas ici, au Mont-Dol et de fait au Mont Saint-Michel (l'histoire des deux monts étant liée) avec ce récit mythique narrant le combat entre le chef des milices célestes Michel et Satan qui explique l'état de la pierre. Un combat mythique, c'est-à-dire toujours renouvelé (éternel), toujours d'actualité...pour le croyant en tout cas.
 A travers, ce mythe -tardivement devenu légende face au recul du paganisme et de l'acceptation des croyances chrétiennes parmi le peuple- c'est bien sûr,  la christianisation des monts (voir le récit chrétien de la fondation du Mont St-Michel par l'évêque d'Avranche) et la volonté de diaboliser des croyances païennnes qui nous sont présentées. 


(1) Il y a 7500 ans, à la fin de la dernière glaciation, le Mont-Dol était un île et il y a 30000 ans le Mont-Saint-Michel, très au sud dans les terres par rapport à la mer,  était parfaitement émergé.

à suivre...

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dimanche 27 octobre 2013

Croix de saint Michel-de Belenos en Bretagne

La présence du dieu solaire Belenos -et de celle de son équivalent chrétien l'archange saint Michel-  est très forte en Bretagne. En effet, on trouve dans cette région et province historique un grand nombre de chapelles consacrées à l'archange Michel. Au fil des siècles après l'arrivée des premiers chrétiens, ces dernières se substituèrent à des lieux de culte dédiés au dieu gaulois Belenos, dieu médecin, dieu de la Lumière, fils de Taranis.

Selon un axe nord-est sud-ouest, du Mont-Saint-Michel-Tombelaine (A) en passant par le Mont-Dol, les Monts d'Arrée (Menez Are) et Saint-Michel de Brasparts (Menez Mikael) jusqu'à la baie d'Audierne on observe un alignement des lieux consacrés à Belenos et Michel.  Il en est de même selon une direction nord-sud : de la baie de Lannion à Carnac traçant un axe sur lequel se situent des chapelles consacrées au chef des archanges et... à Belenos. On obtient donc une croix de saint Michel ou croix de Belenos.



Carte (très) schématique réalisée par nos soins (2002) d'après les indications relevées dans "Bretagne, terre sacrée. Un ésotérisme celtique", 1977, G. Le Scouëzec, Ed. Albatros, Paris

Ceux -i.e. les matérialistes grossiers- qui ne pourront que relever que le Mt-St-Michel n'est pas administrativement en Bretagne (1) n'ont même pas à lire ce billet. Les moins atteints par cette modernité catagogique qui rend ridicule toute évocation du sacré entendront que, d'une part, nous sommes ici face à une "géographie du sacré" et que, d'autre part, il faut accepter de considérer l’irrationalité comme une composante à part entière de l'être humain et des sociétés. On peut alors comprendre la "logique" de ces êtres humains et des sociétés auxquelles ils appartiennent, violentées récemment (depuis l'avènement d'une bourgeoisie marchande et urbaine durant le bas Moyen Âge jusqu'à notre époque post-moderne en passant par la révolution française bourgeoise) par les forces "anti-traditionalistes". Il faut bien sûr se soumettre à un long et pénible travail de définition des termes et expressions employés (que nous éluderons) pour éviter tout contresens. Nous dirons simplement que concernant le mot "Tradition", par exemple, il ne fait, ni référence à la frange dissidente de l’Église catholique romaine, ni aux détestables et méprisables mouvements néo-païens racialistes européens. Le christianisme breton (ou ce qu'il en reste) est fondamentalement un christianisme cosmique et populaire. Ici ni repli sur soi, ni fascination pour la "race".  Ce christianisme là n'est pas un christianisme moral, mais allez faire comprendre cela à la fois à des chrétiens traditionalistes et à des gauchistes athées (2). Outre le fait qu'il soit imprégné d'éléments pré-chrétiens, il présente un bon nombre d’éléments relevant de la pensée mythique.  Sans nier l'historicité du Christ, la dimension trans-historique du personnage de Jésus-Christ imprègne le caractère populaire et cosmique de ce christianisme rural. Une forme de christianisme que nous retrouvons partout à travers le monde et, par exemple, dans cette Roumanie encore rurale (n'en déplaise aux géographes propagandistes post-marxistes "fascinés par la ville", il existe encore en Europe un "rural isolé", un "berceau civilisationnel" en partie préservé, matrice des peuples ou "vagina gentium"), en Transylvanie, en Moldavie ou dans les Maramures.

Or donc, pourquoi l'ange psychostase qui pèsera l'âme des morts lors du jugement dernier est-il si présent sur cette partie de l'écorce terrestre ?  Des prophéties (Marie-Julie Jahenny) et la tradition populaire indiquent que la Bretagne sera épargnée des "derniers événements" à la fin des temps. On comprend le pourquoi de cette protection par Belenos et saint Michel si l'on sait que c'est cette terre qui a vu naître la grand-mère de Jésus (origine bretonne de Jésus-Christ). Enceinte de Marie avant son départ de Plonévez-Porzay en Finistère elle débarque en Galilée (proximité étymologique avec le mot Gaule ?) pour mettre au monde la mère du sauveur de l'humanité. La Bretagne est, ainsi, véritablement à la fois centre du monde et centre de l'univers (pas d'ethnocentrisme ici, il faut comprendre qu'il existe une multiplicité de "centres"). On peut dire que la Bretagne est marquée par la croix de l'archange et du dieu gaulois et se trouve être sous  le signe d'un dieu de lumière. Par cette croix c'est l'intégralité du territoire breton qui est sacré. Et les habitants passés, présents et futurs, plus généralement ceux qui trouvent "refuge" en Bretagne, sont sanctifiés par la présence éternelle de sainte Anne (qui finira ses jours en Bretagne (3)) et de son petit-fils -dieu incarné dans la chair- venu lui rendre visite. 
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(1) Le Mont fut breton par le Traité de Compiègne de 867 sous le règne de Salomon (Salaün en breton), roi de Bretagne, assassin d'Erispoé fils de Nominoë. Avec ce traité, le royaume de Bretagne atteint son expansion territoriale maximale. Outre le précieux Mont-Saint-Michel, c'est tout l'Avranchin, le Cotentin et les îles anglo-normandes qui passent sous domination bretonne. Quelques années auparavant Salaün obtient un territoire compris entre les rivières de la Sarthe et de la Mayenne.


Ajoutons. Il y a beaucoup trop  à dire sur la manipulation actuelle des identités régionales fortes par les forces mondialistes dont l'Europe communautaire est un des vecteurs. Cette manipulation s'exprime aussi à travers la promotion de la création des "métropoles" et la réforme des collectivités territoriales en France. Cette volonté de court-circuiter, in fine, l'échelon étatique français ne rappelle que trop le jeu des Anglais en Bretagne il y a des siècles, voire des Allemands durant la seconde guerre mondiale. Rien qui puisse annoncer une "renaissance" bretonne ou celtique car il s'agit bien d'un asservissement complet et définitif de ces régions à des forces qui leur sont, en réalité parfaitement hostiles. Autrement dit euro-régions, pièges à cons !
Deux cartes à comparer : celle de l'Europe des SS avec celle du "projet européen post-1945"...Vers une Europe des ethnies sous contrôle germano-étasunien...

(2) Nous prenons simplement l'exemple de deux types de populations aux antipodes l'une de l'autre. Nous ne sommes ni de ces "dominicains" chrétiens bourgeois dénaturant le message du Christ par leur sectarisme ni de ces "staliniens" rejetant le religieux par "principes" tout aussi sectaires (en termes d'intolérance, ils se valent autant) décrétant le vrai et le faux, l'acceptable et le méprisable ou encore ce qui est doit être politiquement classé à "droite" ou à "gauche" en termes de valeurs....à la manière des curetons d'autrefois ou de certains évangéliques de nos jours, faisant la part entre les œuvres de Dieu et celles du diable...Souvent, des obsessionnels laïcards, dans le second cas, manipulant et adaptant la laïcité pour (mal) dissimuler leur haine du religieux, du spirituel et par incidence de l'histoire des peuples européens. Très et trop Français.

(3) La Bretagne est la seule terre  sur laquelle est apparue la grand-mère du Christ. Anne apparut au paysan-cultivateur Nicolazic en 1625. Depuis lors la commune de Sainte-Anne-d'Auray est un lieu de pèlerinage pour les chrétiens, catholiques romains essentiellement. 

(A) NB : l'hypothèse attribuant une filiation étymologique entre le nom du l’ilot Tombelaine situé à proximité du Mont et le dieu Belenos semble avoir été abandonnée (tombe de Belenos...)...Qu'on nous explique alors cette croix de Belenos qui signe le territoire breton en tenant compte des éléments présentés ci-avant...