: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: solstice d'hiver
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mercredi 24 juin 2015

Calendrier christianisme cosmique - J-M Lemonnier 24 juin 2015

Jean l'Evangéliste, Jean le Baptiste...D'un solstice l'autre...

Jean le Baptiste est fêté le 24 juin (nativité) et Jean l'Evangéliste le 27 décembre chez les catholiques (ou le 7 janvier chez les orthodoxes, deuxième jour de la Théophanie). Ces deux événements sont proche de la date des solstices d'été et d'hiver. Dans le premier cas, dans l'hémisphère Nord, nous sommes dans cette période de l'année où le soleil est au plus haut dans le ciel à midi. La durée du jour est, alors, la plus longue de l'année avant de diminuer et laisser progressivement plus de place à la nuit. Dans le second cas c'est, bien sûr, la durée du jour qui est la plus courte, le soleil est donc au plus bas à midi, mais dans le même temps, c'est le signe du triomphe prochain du soleil sur les ténèbres de la nuit. Or donc, à considérer ces deux fêtes catholiques, il y a une évidente (l'évidence s'impose aussi chez les orthodoxes) opposition-complémentarité entre les deux Jean. Tous deux sont gardiens des portes solsticiales, celle de l'été et celle de l'hiver. Le premier incarne le soleil déclinant (soit la vieillesse), quand le second représente le soleil invaincu, dies natali solis invicti (la jeunesse) qui tue les monstres des ténèbres...Soit la fin et et le début de l'année solaire.
Dans tous les cas le Soleil est Connaissance réprésentée par ce personnage bicéphale : Jean (Jean le Baptiste et Jean l'Evangliste). Ce dernier perpétue symboliquement les dieux solaires de certaines religions cosmiques.



Jean l'évangéliste, le théologien (ὁ Θεολόγος, ho theologos, on reconnaît sur l'icône le nominatif masculin...mes rudiments de grec ancien...). Jean porte son évangile. On peut ainsi lire les premiers versets de l'évangile de Jean (texte sur lequel travaillent forcément les apprentis "grécistes") : Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν, Au commencement - ou plutôt DANS LE PRINCIPE - était la parole (le verbe)...


 

Jean le Baptiste et ses attributs (1) : L'aigle (les ailes), son bâton de roseau en forme de croix, et témoignage de sa décollation, sa tête (et son sang) repose dans un calice. Saint Jean Baptiste, prophète qui fait la jonction entre l'Ancien et le Nouveau Testament annonce la venue du Christ. Seul être digne de baptiser le sauveur de l'humanité, il appelle à la métanoïa, i.e. à la conversion intérieure au-delà de l'intellect, seule authentique conversion sincère, pour accueillir le Verbe (hypostase de Dieu) afin que ce dernier puisse naître en l'homme...pour que l'homme se fasse Dieu à son tour. Là, nous rejoignons la théologie de Maître Eckhart, la tradition des mystiques de l'Occident chrétien et bien sûr celle du christianisme orthodoxe.
(1) L'agneau est aussi un attribut de Jean dans la peinture religieuse occidentale (ne pas confondre peintures et icônes. Ces dernières étant une vérité théologique), du fait de cette sentence prononcée par Jean le Baptiste "Ecce agnus dei, Voici l'Agneau de Dieu qui sauve le péché du monde" (Jean 1,29). L'Agneau de Dieu est une expression unique du 4e évangile. Dans l'Apocalypse, si l'agneau est une image récurrente utilisée pour désigner le Christ, l'expression Agneau de Dieu n'apparaît pas cependant.


VOIR AUSSI sur ce blogue :
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/06/les-fetes-du-24-juin-en-regions.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/10/fete-de-samonios-rappels.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/02/liturgie-orthodoxe-cosmique-exemple-du.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/01/theophanie-et-bapteme-du-christ.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/06/calendrier-christianisme-cosmique-j-m.html





lundi 22 décembre 2014

La lumière qui s'éteint - Mircea Eliade, partie II : metanoïa, nouveau solstice

La lumière qui s'éteint, p. 264 - Manuel, dieu païen
Extrait : la métanoïa de Manuel, l'un des héros du roman, participant au rituel orgiaque dans la bibilothèque -lieu initiatique- qui prendra feu (comme celle d'Eliade bien des années plus tard...événement traumatisant pour cet érudit, savant majeur du XXe s.)  Voir ici : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/06/la-lumiere-qui-seteint-mircea-eliade.html

Ce paganisme est très nietzschéen dans ses valeurs. L'homme qui devient dieu est en réalité le surhomme, le créateur de valeurs. Le chaos destructeur réalisé grâce au rite  orgiaque (au début du roman) aboutit à la création de nouvelles valeurs portées par Manuel, l'Emmanuel, c'est-à-dire "Dieu est avec nous (avec lui)". Le rituel orgiastique fut bien un évenement comparable au  "25 décembre", à un solstice (le soleil qui "s'arrête" et adopte un nouveau mouvement), à une victoire de la Lumière sur la Ténèbre (Dies natalis solis invicti). C'est à la fois une cratophanie et une théophanie (hiérophanie suprême). On a vu qu'Eliade pouvait très bien faire référence aux comportements des phibionites. Avec ce passage, l'auteur nomme  l'hindouisme. Le savant roumain évoque, de toute évidence, la consubstantialité dieu-esprit (ou âme)-lumière-semen virile dont on retrouve la trace dans les constructions religieuses indo-aryennes. N'oublions pas qu'Eliade, loin de défendre une tradition et d'en montrer la supériorité par rapport à telle ou telle autre, a montré à travers ses recherches, à l'instar de Guénon, l'unité des différentes traditions religieuses présentes et passées. 
Or donc, le paganisme de Manuel est tout autant hindouiste que nietzchéen. Manuel est Shiva, destructeur et créateur. La destruction se fait sur le plan physique -la bibilothèque détruite par le feu régénérateur- et sur celui des valeurs. Manuel, le jounaliste (quelle profession plus médiocrement moderne ?) découvre que tout était faux jusque là. Désormais, il a enterré Dieu, le dieu chrétien ou plutôt le dieu des chrétiens (aussi lâche et médiocre qu'eux, à leur petite hauteur...),  il ne tremble plus devant l'univers, devant l'immensité du cosmos, il n'a plus ni terreur ni effroi. L'homme fait l'expérience de la solitude cosmique...Il devient lui-même un dieu...païen. Manuel devient Shiva Nataraja, le danseur cosmique. La voie de la délivrance vient par la danse dans le monde religieux hindouiste.  Manuel-Shiva détruit les anciennes valeurs et en crée de nouvelles à l'infini, c'est l'éternel retour des cycles de destructions et de créations (différent du sens nietzchéen). 
La danse cosmique de Shiva
Source non identifiée
A partir de ce passage, on peut peut-être considérer, par déduction, que les  trois acteurs du rituel dans la bibilothèque à savoir Melania, le professeur et Manuel incarnent symboliquement trois divinités (avant d'acquérir leurs qualités, au moins dans le cas de Manuel le double "sombre" dans le sens de "caché" et "non controlé"du bibliothécaire Cesare héros principal du roman. Cesare est-il simplement schizophrène du fait de sa difficulté à interpréter le réel ou plus encore atteint du trouble de la personnalité multiple, ce qui ne serait pas contradictoire avec son "état", la maladie comme signe divin, phénomène transitoire vers la délivrance, sa recosmisation ?...) : Shakti, Kali ou plus sûrement Parvati, le principe féminin suprême, la Lumière, est Mélania et les deux divinités complémentaires Shiva et Vishnu (Hari Hara) sont Manuel et l'universitaire? En effet, Parvati procrée en même temps qu'elle détruit les illusions et l'ignorance, Shiva détruit lui aussi pour créer ensuite un nouveau "cosmos". A travers ces interprétations et "incarnations", on lit la prostitution sacrée telle que pratiquée, par exemple, autrefois dans certains temples hindouistes ? L'acte sexuel qui imite l'acte divin de hiérogamie (imitation de la syzygie), est donc un rite initiatique, ici effectué dans la bibilothèque-temple brûlée par le feu de Shiva (attribut phallique porteur du feu infini) donne naissance à "l'homme nouveau", ou plutôt au surhomme affranchi des contraintes de ce monde, un dieu finalement, si on doit le comparer aux autres hommes de condition spirtuellle misérable.

Dernières remarques. Ce dieu païen "au-delà de toutes catégories", s'oppose en tout au "dernier homme", au médiocre petit homme gris de notre ère, bien dans son époque, éternel satisfait de sa  condition, de ses centres d'intérêts qui ne dépassent guère son horizon immédiat, abruti par son travail, ses loisirs, son absence de convictions profondes etc.  Notre époque hypermoderne semble être réellement celle du dernier des hommes, de ce nouveau type anthropologique, de cet être faible moralement (homme ou femme), construit sur un mode hystérique, arrogant, sarcastique et stupide, ce narcisse dégénéré, imbu de lui-même  (sans pouvoir s'avouer consciemment qu'il se déteste pronfondément), pousseur de caddie dans les galeries marchandes -non-lieux- du supermarché mondial.."Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez en vous un chaos. Malheur ! Les temps sont proches où l’homme ne mettra plus d’étoile au monde. Malheur ! Les temps sont proches du plus méprisable des hommes, qui ne sait plus se mépriser lui-même.Voici ! Je vous montre le dernier homme." Nietzsche, "Ainsi parlait..."

Prophétie réalisée...







Pour une lecture nietzschéenne des évangiles, le bon livre d'Eric Edelmann :