: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: strigoi
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samedi 23 avril 2016

Saint-Georges, Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux

Le 23 avril revêt une importance toute particulière dans la tradition écclésiale mais aussi populaire d'Europe centrale et orientale et notamment en Roumanie. Ce jour là, on fête le glorieux martyr saint George le tropeophore, c'est-à-dire celui qui "porte la victoire" mais aussi de ses compagnons et ses compagnons, Anatole, Protoleon, Athanase et Glykerios.
 Issu d'une famille originaire de Cappadoce, né au IIIe siècle, tribun de la garde impériale de Dioclétien, Georges refuse d'obéir à ce dernier lors de la grande persécution des chrétiens. Bien né, aristocrate, devant l'attitude politique de Dioclétien, il abandonne tous ses biens, affranchit ses esclaves et confesse sa Foi en Christ à l'empereur, ce qui lui vaudra d'être persécuté et torturé. Sa vie après sa rupture totale avec le monde païen romain est pleine de phénomènes extraordinaires. 
En Roumanie, selon la tradition populaire, la saison des strigoi ("vampires") débute à la Saint-André, le 30 novembre, date d'entrée dans l'Avent de Noël qui est une période Carême (voir la thèse sur les carences aliementaires provoquant des hallucinations -> vampires, durant les périodes de jeûne) et s'achève à la Saint-Georges. Sachons que lors de sa persécution, le martyr tropeophore, réussit à faire avouer aux démons possédant la statue de l'idôle Apollon que Jésus-Christ est le seul dieu véritable. Or,saint Georges est réputé pour avoir combattu un Dragon, soit symboliquement le Diable (Drac, Dracul en roumain) et Vlad Dracul est en quelque sorte le saint patron des strigoi (des "vampires"). La Saint-Georges, en Roumanie, marquerait donc la victoire des soldats du Christ sur les légions de Satan, sur le Diable (le "Drac").  
Mais nous avons aussi proposé une autre analyse sur la nature de Vlad Dracul ici qui contrarie cette interprétation, et par incidence cette catégorisation de Vlad Dracul (Tepes).

saint Georges

Tropaire, ton 4 
"Libérateur des captifs, toi qui assures aux pauvres ta protection,  en qui les malades trouvent aussi médecin  et les princes, leur Seigneur,  victorieux défenseur,  saint Georges, victorieux et grand martyr intercède auprès du Christ notre Dieu  pour le salut de nos âmes".
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Le 23 avril de cette année 2016 est aussi le samedi de Lazare...

A lire sur ce blogue :
Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux, entrée du Seigneur dans Jérusalem
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/04/sambata-lui-lazar-sarbatoarea-intrarii.html
La resurrection de Lazare et la régénération du monde moderne
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/lazare-et-la-regeneration-du-monde.html



lundi 21 septembre 2015

Constantin Brǎiloiu - Ethnomusicologue / Rites funéraires de la tradition populaire en Roumanie

Constantin Brǎiloiu (1893-1958) est un ethnomusicologue roumain qui, le premier, a établi une disticntion entre "chants des Aubes" et "chants funèbres". Les premiers appartiennent au domaine des rituels funéraires et suivent un schéma bien précis, le chant variant uniquement par la mention du nom du défunt, les seconds sont l'expression du chagrin, de la tristesse, de la détresse et trouvent, vraisemblablement leur origine dans les rites funéraires de la protohistoire, en des temps préchrétiens. Le chant funèbre porte le nom de bocet et s'adapte aux particularités du défunt. Il prend des formes extrêmement variées. Le bocet a pour but d'apaiser l'âme du trépassé. Les femmes qui chantent le bocet sont les bocitoarele. Les chanteuses se confondent parfois avec les femmes-chamanes ou guérisseuses, de moins en moins nombreuses de nos jours. Elles se considérent comme des "prêtresses". Elles doivent préparer la personne décédée à l'arrivée de la Mort, l'accoutumer à cette idée, lui décrire le chemin qu'elle devra suivre dans l'Autre Monde  et demander ainsi aux aurores ne pas se présenter trop vite. Elles sont les messagères du défunt et chantent auprès de lui dans sa maison. Ceci est valable sur certains espaces ruraux de Roumanie. Ailleurs, ces comportements n'ont quasiment plus ou pas cours. Non que l'on ne s'occupe pas de ses défunts et que les rites mortuaires n'existent pas mais, d'une part, certaines coutumes sont circonscrites à certains pays roumains et d'autre part l'avancée de la modernité dans ces régions -que l'on y pratiquait le chant ou pas- a largement entamé la richesse des pratiques accompagnant le mort vers l'Autre Monde. Les rites populaires positifs (ou négatifs qui relèvent dans ce cas de l'interdit) sont, pour autant, indifférement de la zone géographique, très riches. S'il n'y a pas de chanteuses dans certains villages de Transylvanie, il y a par contre des femmes très pieuses qui se chargent, par exemple, de renverser les chaises (elles les mettent à terre) les chaises qui ont servi au support du cercueil dans la maison du mort avant le départ pour l'église. De même, si le défunt est une femme, trois femmes souvent vieilles et également très pieuses auront la charge de faire prendre un bain à la morte, etc. Ces rites exécutés et ces coutumes pratiquées en l'honneur du trépassé s'inscrivent dans le temps long (un repas spécifique, "pomana", en l'honneur du défunt où l'on convie membre de la famille et villageois est organisé à des moments précis durant des années) et sur des espaces de qualités différentes (la maison, l'espace public du village, l'église). 

Ces pratiques et attitudes sont beaucoup trop nombreuses pour que nous les exposions toutes dans le cadre de ce petit article. Il serait même illusoire de vouloir entreprendre une telle démarche ici. De plus, décoder leur signification exigerait d'amples développements. On peut, cependant, avoir un bel aperçu de ces rites et coutumes à partir de témoignages de première main dans ce livre. En ce début de XXIe s., j'ai sans doute eu l'immense privilège d'entendre et de récolter les derniers  témoignages de Roumains, -le plus souvent des campagnards, chez qui les traditions sont encore les plus vivantes- concernant les conceptions sur la mort, les longues préparations au "Grand Voyage" et les pratiques rituelles populaires qui durent des années encore après l'inhumation du défunt, avant que toutes n'appartiennent plus aux catégories du...vécu (si je puis dire...) et ne finissent par devenir que souvenirs d'une époque définitivement révolue. J'ai, par ailleurs, le sentiment que ce moment où les hommes et femmes de Roumanie (c'est déjà le cas en partie avec la concurrence d'autres modes d'"honorer" ses morts comme la crémation, mais aussi à cause du mépris que ces coutumes inspirent de plus en plus au sein de la société roumaine) auront oublié pour toujours ces cérémonies relevant d'une religiosité populaire qui se perd dans la nuit des temps, est très proche...

Il faut, en outre, rattacher cette coutume du chant à la croyance en des entités non-mortes et non-vivantes ou mi-mortes, mi-vivantes, les strigoii susceptibles d'écouter les chants qui leur sont consacrés. Les strigoii sont des êtres décédés qui ne trouvent pas le repos. Ils se trouvent entre deux états d'être, entre deux mondes, celui des morts et celui des vivants. Ce sont ceux qui sont mal morts, qui exigent réparations d'un préjudice qui les empêchent de rejoindre définitivement le monde des morts. De ces croyances en le retour possible d'un être décédé parmi la communauté des vivants, on comprend le soin apporté à l'exécution des pratiques rituelles.  Il ne sont pas rares les récits dans ces pays roumains de Moldavie historique, de Transylvanie ou des Maramures qui narrent le retour d'un défunt revenu de l'Au-delà ("dincolo") hanter la communauté des vivants. Ces rites funéraires d'origine païenne  qui se perdent dans la préhistoire de l'humanité se conjugent avec ceux de la tradition ecclésiale doivent donc être exécutés avec la plus grande minutie, notamment à cause de la possibilité qu'un mort se "fâche" et ne se fasse justice. Les rites funéraires sont des rites de passage avec leurs règles strictes car la mort est initiation, nouvelle naissance. A la mort du corps biologique succède la naissance au Ciel dans un corps de lumière. L'Autre monde, celui des trépassés, est ainsi inclus dans le monde des vivants. L'Au-Delà et l'Ici ne sont séparés que par une mince frontière. Ces deux espaces cohabitent dans une sorte de promiscuité. 
LIEN Constantin Brǎiloiu : http://www.ville-ge.ch/meg/musinfo_public_ph.php?id=HR1123-3/4

VOIR ICI SUR CE BLOGUE : Saint-Andre, 30 novembre : ouverture de la saison des strigoi (et non pas strigoii car stigoi est non articulé : des strigoi) : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/11/saint-andre-30-novembre-la-saison-des.html





jeudi 21 mai 2015

Constantin le Grand et sa mère Hélène, saints protecteurs de la chrétienté et égaux aux apôtres - 21 mai 2015

La vénération de Constantin le Grand, "Apôtre du seigneur parmi les rois" et de sa mère Hélène, est très grande dans l'Eglise chrétienne orthodoxe. Elle confirme la dimension eschatologique de l'Eglise, soit, le Temps venu, le second avènement de Jésus-Christ, le jugement dernier et le Salut. Le symbole de la gloire de l'Empire romain-constantinien (par Constantin, Byzance devient la "nouvelle Rome")  est la promesse de la gloire prochaine du Royaume de Dieu. L’apôtre Paul écrit : « Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint» (Rom. 14:17). Il ne s'agit donc pas, à travers la vénération de ces saints, Constantin et Hélène, personnes centrales dans l'histoire de la chrétienté, du développement du christianisme (la conversion de Constantin païen monothéiste au christianisme est fondamentale, cf. le récit mythistorique de sa conversion en 312, son baptême se fera, sans doute, sur son lit de mort) d'espérer un retour d'un l'empire terrestre mais d'être dans l'attente de la gloire du Royaume de Dieu, par la contemplation, la méditation, autrement dit la prière. 
Précisons que l'idée répandue selon laquelle les "morts", parmi eux les saints (morts physiquement) "dormiraient" dans l'attente du jugement dernier a peu de sens. Ils sont bien vivants mais dans une autre dimension, dans le monde suprahumain, au-delà du monde sensible. En effet, s'ils dormaient comment pourraient-ils "intercéder", porter assistance aux vivants (terrestres). Leur vie sur terre est achevée mais ils naissent au Ciel. 
Ajoutons que la mort, dans les sociétés traditionnelles (chrétiennes ou non) est considérée comme l'initiation suprême.


libre de droits

Liens :
Sfintii Constantin si Elena
SFANTUL CONSTANTIN CEL MARE si SFANTA SA MAMA, ELENA, Imparatii “de Dumnezeu incununati”. Predici audio si video. Viata si politica religioasa a Sfantului Imparat. CE RAMANE ASTAZI DIN MOSTENIREA CONSTANTINIANA?
Constantin cel Mare si crestinismul

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Roumanie : Le 23 avril, jour de la Saint-Georges, la saison des strigoi -qui débute à la Saint-André le 30 novembre- s'est achevée...
VOIR ICI sur ce blogue : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/11/saint-andre-30-novembre-la-saison-des.html
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Le mois de mai est le mois de Marie. Ci-dessous, icöne très rare de la Théotokos portant son fils dans son ventre :


source non identifiée

dimanche 30 novembre 2014

Saint-André, 30 novembre - La saison des strigoi...

André, saint fondateur de l'Eglise byzantine et saint patron de la Roumanie est fêté le 30 novembre. Saint André est appelé le "plus grand des loups" par les Roumains, une manière d'autochtoniser ce personnage central du christianisme venu évangéliiser la région, accompagné d'un loup blanc ? Les Roumains ne sont-ils pas descendants des Daces, c'est-à-dire de ceux qui sont "semblables aux loups", selon la tradition mythistorique ? Il aurait, par ailleurs, existé une divinité dace nommée sântandrei, personnification du loup. Mais les preuves à ce sujet ne sont guère plus consistantes, que celle permettant d'affrimer la réalité du long périple d'André de Terre sainte jusqu'en Europe orientale. 
Or donc, d'après la croyance populaire pagano-chrétienne qui survit encore de nos jours sur l'espace capartho-danubien, la Saint-André est aussi le jour (disons la nuit du 29 au 30) où les strigoii (1) cherchent à se faire pardonner auprès de Dieu. Mais Satan qui se prétend le maître de ces créatures tourmentées qui n'ont pas encore trouvé le repos éternel, veille et refuse que ces dernières se tournent vers le Tout-Puissant pour qu'il les libére de leur condition d'êtres ni morts, ni vivants, mi-morts, mi-vivants...La nuit du 29 au 30 est la nuit où l'activité des strigoi, tout comme celle des loups, est à son paroxysme. Elle est donc particulièrement agitée et le peuple doit se protéger par différents moyens : gestes sacrés donc seuls véritables, rituels ancestraux transmis à travers les époques par les ancêtres ou un ancêtre mythique qui a effectué ces gestes ab origine. Il s'agit dans tous les cas d'un de ces moments de l'année durant lequel le monde suprahumain se manifeste et qui est propice aux pratiques divinatoires.
En outre, en dehors des explications matérialistes, à vrai dire peu intéressantes (et très peu convaincantes d'ailleurs) à propos de ce peuple des ténèbres et des croyances dans le vampirisme, grâce au folklore roumain (folklore au sens de tradition du peuple), on sait que la mort noire, la mauvaise mort, résultat de la subversion d'un ordre naturel, culturel et cosmique fournit ses légions de "mal-morts". Décrire la complexité des rites et rituels mortuaires nécessaires au maintien de cet ordre, permetttant d'éviter un retour du mort après son décès prendrait des pages. J'en parle ici assez longuement : La Roumanie : mythes et identitésUn autre ouvrage de référence sur la Roumanie et consacré exclusivement au thème de la Mort  chez les Roumains (et qui montre, par ailleurs, l'évolution sinon la dégradation des mythes et croyances religieuses à notre époque en Roumanie - le livre est publié en 1986) est celui d'Andreesco et Bacou : Mourir à l'ombre des Carpathes.

(1) il en existe plusieurs types...(des strigoi=non articulé, les strigoii=articulé)


Crédit photo. : http://www.apologeticum.ro/


Mihai Eminescu - Strigoii



mercredi 21 août 2013

Vlad III de Valachie et Louis XI de France. L'empaleur et l'araignée



 Vlad III Basarab (1431-1476 ou 1430-1477) de la famille des Drăculea ou lignée des  Drăculeşti, ou Vlad Ţepeş  soit en français Vlad 
 l’Empaleur (Ţeapă=pal en roumain, d’où son surnom), voïvode (1) de Valachie, fils de Vlad II et petit-fils de Mircea Ier l’ancien (Mircea cel batrân), est considéré comme un des seigneurs de guerre des pays roumains les plus fameux qui lutta contre les invasions turcomanes pour préserver son royaume et la chrétienté, mais aussi contre ses "ennemis de l'intérieur" (Boyards saxons, moines capucins, etc.), relations particulières avec Matei Corvin roi de Hongrie ami-ennemi
Il cherchera à venger son père Vlad II (membre de l'ordre du dragon d'où son surnom Vlad Dracul (2)) et son frère ainé Mircea II le jeune, assassinés sur ordre de Jean Hunyade (Iancu de Hunedoara) avec  la complicité des boyards de Transylvanie, des commerçants des villes saxonnes de Sibiu et de Brasov. 

Les Saxons de Transylvanie, ennemis du voïvode, le présentent dans les contes allemands (1488), abondamment illustrés de gravures, comme un cannibale buveur de sang, prenant ses repas au beau milieu d’une forêt de pals où agonisent ses ennemis...d'où son doux surnom d'empaleur et sa réputation désastreuse, bien que n'ayant jamais hésité à châtier avec la plus grande fermeté ses opposants, ses ennemis ottomans (la "forêt des 20000 pals" décrite par Victor Hugo a-t-elle jamais réellement existé?)
En outre, le surnom d'empaleur ne semble apparaître que très tardivement, en 1550, dans une chronique valaque... 

De nombreux épisodes de la vie de ce seigneur ont été portés à la connaissance du grand public cultivé.

Moins connu est ce rapprochement des "attitudes politiques" du Valaque avec celles du roi de France Louis XI :
 Florin Constantiniu (1933-2012) établit un parallèle entre Vlad III et Louis XI roi de France de 1461 à 1483, contemporain du voïvode de Valachie : "L'un et l'autre ont du tenir tête -évidemment dans des conditions différentes- à l'anarchie féodale ; l'un et l'autre ont poursuivi la consolidation du pouvoir central ; l'un et l'autre ont eu recours -afin d'atteindre leur objectif- à des moyens qui ont frappé la sensibilité et l'imagination des contemporains : Louis XI est devenu 'l'araignée' qui tisse sa toile afin d'y attraper ses victimes, Vlad est devenu le sanglant empaleur". (in Bulei I., 2013, "Brève histoire de la Roumanie, Ed. Meronia, p. 55)


"



Le portrait du voivode exposé à Bucarest lors d'une exposition en 2010.  Le portrait fort connu du prince valaque est conservé depuis 400 ans à Vienne au musée du Château d'Ambras (Autriche)


Louis XI revêtant l'ordre de Saint-Michel, plus précisément « Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel » (3) sur un portrait anonyme du XVe siècle. L'ordre est créé par Louis XI pour s'assurer de la fidélité d'une poignée de chevaliers, à un moment où comme nous l'avons déjà évoqué, le roi n'accorde plus sa confiance à ces seigneurs vassaux, ces féodaux qui menacent son autorité, sa légitimité de souverain. Louis eut à lutter contre une coalition de princes (la Ligue du Bien Public) et notamment les Bourguignons et Charles le Téméraire défiant le pouvoir royal.  Quand il succède à son père Charles VII en 1461, il est à la tête d'un royaume en ruine, dévasté et amputé par les conquêtes des Bourguignons et les Anglais lors de la guerre de Cent ans. A sa mort, en 1483, il a, notamment, récupéré le duché et le comté de Bourgogne, la Picardie, la Cerdagne et  le Roussillon. 
Louis XI fait embastiller les intrigants et installe une "chambre de la question" dans la prison royale (la Bastille, donc). L'évêque de Verdun, par exemple, fera l'expérience de l'emprisonnement dans une de ces"cages de fer" (ou en bois?) suspendues et souvent nommées "fillettes". Mais si ces cages ont réellement existé, les "fillettes" n'auraient jamais été que le nom donné à de "simples" chaînes en fer munies d'un boulet immobilisant le prisonnier... Néanmoins, il est certain que Louis XI n'a jamais été plus violent ou cruel que la moyenne des rois. "L'universelle araigne" a surtout retissé la toile royale grâce à la ruse et une certaine diplomatie pour réorganiser l’État royal et redonner une cohésion à cette France affaiblie qu'il avait trouvée en montant sur le trône.


 Vlad III lui aussi sut s’entourer de fidèles pour empêcher toute contestation de son pouvoir mais semble, contrairement à Louis XI, n'avoir jamais hésité à utiliser la manière forte (et il l'a même privilégiée) pour assoir son voïvodat, en réprimant dans la violence toute rébellion sur ses terres.  Écarté du pouvoir à plusieurs reprises, après avoir été prince de Valachie en 1448 puis de 1456 à 1462, il revient une dernière fois sur le trône de Valachie en 1476 ou 1477 grâce au soutien de son cousin Etienne le Grand (Stefan cel Mare), avant de mourir dans d'"étranges" conditions, trahi une fois de plus...

Voir "La Roumanie : mythes et identités" ici par exemple : http://www.priceminister.com/offer/buy/152933464/la-roumanie-mythes-et-identites-de-jean-michel-lemonnier.html pour, notamment, une enquête approfondie sur les liens entre Dracula le Valaque (le personnage historique) et Dracula l'Anglais (le personnage de fiction) créature issue de l'imagination  de la française Marie Nivet bien plus que de celle de Bram Stocker (qui serait donc un plagiaire?), selon Matei Cazacu, et qui introduit un sujet plus vaste : celui la conception de l'au-delà, de la vie après mort chez les Roumains, la croyance en des êtres ni-morts ni-vivants (strigoi vii, strigoi morti ) et la résurrection des morts... Dans ce livre, sans outre mesure, un autre parallèle est fait entre le Conducător communiste Ceaușescu et Vlad III...

(1) Prince, souverain d'une principauté ou officier de rang princier (voievod en langue roumaine)
(2) Drac= diable en roumain, dracul= le diable, draco= dragon en latin, et drákôn. en grec
(3) Ordre dont le siège se situait dans l'abbaye du Mont-Saint-Michel