: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

vendredi 29 novembre 2013

Les chrétiens avec Gaza

   

  "Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !"

Évangile de Mathieu 





vendredi 22 novembre 2013

Stefan Hrusca - Isus s-a nascut in seara de Craciun (Colinde-Chanson de Noël) - Roumanie




Depuis quelques jours, nous sommes entrés dans la période de "carême de Noël" (40 jours avant la fête de la nativité) (1) chez les chrétiens orthodoxes roumains, bulgares, ou encore (parmi d'autres) chez ceux, qui en France, sont rattachés à la Métropole (Mitropolia) Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale, diocèse de l’Église orthodoxe roumaine (le patriarcat de Roumanie). Pour déterminer les dates fixes de l'année liturgique, c'est le calendrier grégorien qui est utilisé, en ce qui concerne la date de la fête de Pâques, on utilise le calendrier julien. En somme, Roumains, Bulgares, Grecs et d'autres croyants résidant dans des États où l'orthodoxie n'est pas majoritaire comme en Pologne, Turquie, Égypte etc. fêtent Noël le 25 décembre contrairement à d'autres orthodoxes comme les Russes ou les Serbes qui célébreront la naissance de Jésus-Christ le 7 janvier.

(1) Diffère de l'Avent (c'est-à-dire la "venue") des catholiques romains qui débute 4 semaines  avant Noël, le premier dimanche du mois de décembre.

lundi 18 novembre 2013

Plus-de-jouir et néo-capitalisme. Dressage à la consommation ludique, libidinale, marginale. Narcissisme et capitalisme. Marché du désir.

La partie de l'œuvre de Clouscard, consacrée au Mai 68 libertaire -révolte petite-bourgeoise- expliquée à partir de l'évolution du mode de production (répression du producteur/permissivité pour le consommateur) est incompréhensible, irrecevable  pour le "gauchiste", dispensé de l'impératif de production, qui hurle au fascisme, à la "Réaction", à un  retour à un prétendu ordre moral ante-1968 (1) à chaque évocation du surmoi et à chaque critique des injonctions au plus-de-jouir dictées par un "marché du désir" qu'il prend comme étant une somme de "libertés authentiques". Libertés qui ne sont, la plupart du temps (cf. infra) pas autres choses, qu'aliénations, qu'un impitoyable conditionnement et une soumission aux codes de ce système  néo-capitaliste qui émerge dans les années 1960. 


 "Pour une consommation ultra-rapide, immédiate, brutale. Il faut en prendre pour la semaine. Une bonne et grosse soupe pour les rustauds du mondain. Dressage sommaire : boum-boum et pam-pam. Le rythme et la "violence" et allez vous coucher. Les deux animations essentielles de la mondanité capitaliste, la bande et le rythme, sont réduites à leur plus simple expression. (...) C'est qu'on n'a plus besoin de raffiner [on s'adresse] au tout venant, aux incultes du mondain. (...) Il faut enrégimenter la populace, les troupiers du mondain, ses bidasses. On doit les amener (...) à un gestuel si élémentaire qu'à côté le salut militaire peut paraître un raffinement. [Ce ne sont] que les restes du festin de la consommation mondaine, du néo-capitalisme. (...)
Cette consommation mondaine, la part du vulgaire, doit permettre trois opérations idéologiques. D'abord fixer les sensibilités aux symboles de la consommation mondaine du capitalisme. Et selon les figures les plus pauvres. Pour empêcher ces jeunes d'accéder à une conscience politique. Pour fabriquer des abrutis. Verrouiller les âmes et les cœurs. La sono et les coups. Ensuite créer le besoin, du ludique, du marginal. Sans le satisfaire réellement. Exaspérer l'envie et ne pas laisser accéder au festin. (...) Exciter la concupiscence et ne laisser que les miettes. Ainsi conditionner une immense clientèle au marché du désir. Et préparer une certaine intégration des masses à la social-démocratie libertaire du loisir et du plaisir."

Michel Clouscard, 1981/Ed. sociales, rééd. 2012, Le capitalisme de la séduction : critique de la social-démocratie libertaire, Delga, pages 291-293 (Chapitre "Le prosaïsme du mondain : les nouvelles coutumes de masse et la cascade des snobismes")






Passage intéressant sur le paganisme. Où on lit (mais Clouscard n'est pas le seul à écrire cela, nous l'écrivons à peine différemment) que le paganisme, contrairement à ce qu'avancent les benêts béats chantres de la (post-)modernité "festive", n'a rien à voir avec cette désinhibition libertaire mais bien avec une "civilisation du sacré", interdisant le "permissif" libéral. C'est donc uniquement la dégénérescence du monde païen antique (gréco-romain a priori) qui entraîne le déchainement du libidinal et du permissif que l'on retrouve dans notre société désacralisée du "capitalisme total". La levée de tous les interdits est la condition du triomphe de ce dernier.

A noter que Clouscard -même s'il est évidemment rationaliste et matérialiste- fait partie de ces rares penseurs marxistes de haut niveau qui ne tient pas de propos caricaturaux de crétin gauchisant quand il évoque les religions (sans les idéaliser, essentiellement le christianisme/les références sont du début des années 1980 concernant ce livre). Il ne défend pas un système métaphysique, ni bien sûr un "clergé", ni un "c'était mieux avant" réactionnaire, mais une conception du temps, de l'espace (sur ce plan, un penseur comme Eliade aux antipodes de la pensée clouscardienne  ne dit pas autre chose au final) et des valeurs particulières incompatibles avec le capitalisme. Les sociétés pré-capitalistes (ou celles qui en étaient les héritières, jusqu'aux années 50 et 60 en France) païennes et/ou chrétiennes étaient construites sur des temporalités, des "rythmes" particuliers, cycliques, des réseaux de solidarités, des "valeurs", des "garde-fous"  qui protégeaient les personnes, les communautés de l’émergence d'un capitalisme total et du rythme pathologique de la modernité. Dans ces sociétés pré-industrielles ou celles qui en présentaient encore certaines caractéristiques, pas de superpositions ou juxtapositions des temporalités/des rythmes, pas d'arythmie sociale. 

La modernité d'après-guerre puis la contre-révolution capitaliste que constitue "Mai 68" entraînent la disparition définitive de ces conceptions du temps et de l'espace en France. Ces bouleversements spatio-temporels d'une brutalité incroyable génèrent alors des pathologies mentales à une échelle encore inédite dans l'histoire de l'humanité. Ce constat rejoint celui de Pier Paolo Pasolini, par exemple, quand il affirme que cette modernité ou plutôt post-modernité (il ne dit pas autre chose quand il  pointe  du doigt le néo-fascisme démocrate-chrétien) transforme l'individu (contre la personne) jusqu'au plus profond de son âme.

 Seuls des abrutis finis (prétendument anti-capitalistes, d'ailleurs, c'est l'histoire du mai 68 sociétal, des naïfs conduits par des agents parfaitement conscients de la perversité de la "manipulation") peuvent se féliciter de la disparition de ces structures et modes de vie. Ajoutons que la planification gaullienne, l'urbanisme de grands ensembles -habitat concentrationnaire- la désertification/modernisation des campagnes qui l'accompagne considérés comme des progrès (contexte de reconstruction, migrations vers  la ville des années 50 à 70, ruraux partant travailler à l'usine, etc.) jouent un rôle fondamental dans cette disparition de ces façons d'être au monde en France (2) A décharge pour les gaullo-communistes, les choix concernant les questions d’aménagement du territoire dans l'immédiat après-guerre ont été guidés par un impératif d'urgence.

De plus, contrairement à Baudrillard ou Pasolini,  Clouscard ne produit pas une critique de la "société de consommation" en général, mais fustige uniquement la part cette société de consommation (ou soi-disant telle) qui relève du "ludique", du "libidinal", i.e. le "marché du désir". Il établit une distinction entre accession à des "biens d'équipements" et "consommation mondaine", "culture de l'incivisme", "rebellitude" qui ne sont que respects et adhésions aux principes du néo-capitalisme. Les classes moyennes récupèrent les surplus, les signes de la consommation mondaine et bourgeoise (cf. premier extrait).
Enfin, ajoutons que cette critique clouscardienne du "marché du désir" et... du "gauchisme", est -culture politique/économique déficiente généralisée aidant- souvent perçue comme étant de droite ou d'extrême-droite. Rien de plus faux et pourtant terrible récupération actuelle de Clouscard dans certains milieux droitiers ! Les premiers à parler du "gauchisme" comme maladie infantile du communisme sont les... communistes eux-mêmes (Lénine) et la pensée clouscardienne (non ou anti-stalinienne d'ailleurs) c'est le remède radical aux prurits populistes. Seulement, Mai 68 et son "tas de chair libertaire qui sert de présentoir au marché du désir, Cohn-Bendit" sont passés par là, brouillant les cartes idéologiques... 
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(1)  un ordre moral qui n'a jamais réellement existé autre part  que dans l'imaginaire d'une certaine gauche mais aussi dans celui de certains dextristes, d'ailleurs...Le Mai sociétal n'a "libéré" que ceux qui étaient déjà "libérés" et le laxisme post-68 n'est en rien une émancipation vis-à-vis de mœurs rigoristes, mais une hystérie individualiste à l'échelle de la société française, "occidentale" plus généralement, accompagnant la mutation du capitalisme. Régression anale et coprolalie...

(2) lire dans ce même ouvrage, le passage sur la "maison de campagne" et les modalités de son acquisition par les parvenus de la nouvelle bourgeoisie -hippies inclus- s'installant dans la misère rurale et profitant de la désertification des campagnes post-1945...Trois étapes : le départ vers la ville des néo-prolétaires, l'acquisition pour trois fois rien du bâti et des terrains "abandonnés", puis spéculation, entre-soi choisi et mise à distance d'autres (trop tard) parvenus, pour les empêcher d'accéder au "festin" ("ségrégation" par le prix du foncier)...

Testament Powerslave (reprise)


TESTAMENT-POWERSLAVE à 2m36s : Interlude, le chant n'ayant pas grand intérêt

IRON MAIDEN-POWERSLAVE Interlude, à 2m36s (VERSION ORIGINALE)

samedi 2 novembre 2013

How Insensitive - Pat Metheny & Steve Rodby solos





"Il y a plus de mauvaise musique dans le jazz que dans tout autre genre. C'est peut-être parce que le public ne sait pas vraiment ce qui se passe."

Pat Metheny, in International Herald Tribune à Paris, le 7 juillet 1992





dimanche 27 octobre 2013

Croix de saint Michel-de Belenos en Bretagne

La présence du dieu solaire Belenos -et de celle de son équivalent chrétien l'archange saint Michel-  est très forte en Bretagne. En effet, on trouve dans cette région et province historique un grand nombre de chapelles consacrées à l'archange Michel. Au fil des siècles après l'arrivée des premiers chrétiens, ces dernières se substituèrent à des lieux de culte dédiés au dieu gaulois Belenos, dieu médecin, dieu de la Lumière, fils de Taranis.

Selon un axe nord-est sud-ouest, du Mont-Saint-Michel-Tombelaine (A) en passant par le Mont-Dol, les Monts d'Arrée (Menez Are) et Saint-Michel de Brasparts (Menez Mikael) jusqu'à la baie d'Audierne on observe un alignement des lieux consacrés à Belenos et Michel.  Il en est de même selon une direction nord-sud : de la baie de Lannion à Carnac traçant un axe sur lequel se situent des chapelles consacrées au chef des archanges et... à Belenos. On obtient donc une croix de saint Michel ou croix de Belenos.



Carte (très) schématique réalisée par nos soins (2002) d'après les indications relevées dans "Bretagne, terre sacrée. Un ésotérisme celtique", 1977, G. Le Scouëzec, Ed. Albatros, Paris

Ceux -i.e. les matérialistes grossiers- qui ne pourront que relever que le Mt-St-Michel n'est pas administrativement en Bretagne (1) n'ont même pas à lire ce billet. Les moins atteints par cette modernité catagogique qui rend ridicule toute évocation du sacré entendront que, d'une part, nous sommes ici face à une "géographie du sacré" et que, d'autre part, il faut accepter de considérer l’irrationalité comme une composante à part entière de l'être humain et des sociétés. On peut alors comprendre la "logique" de ces êtres humains et des sociétés auxquelles ils appartiennent, violentées récemment (depuis l'avènement d'une bourgeoisie marchande et urbaine durant le bas Moyen Âge jusqu'à notre époque post-moderne en passant par la révolution française bourgeoise) par les forces "anti-traditionalistes". Il faut bien sûr se soumettre à un long et pénible travail de définition des termes et expressions employés (que nous éluderons) pour éviter tout contresens. Nous dirons simplement que concernant le mot "Tradition", par exemple, il ne fait, ni référence à la frange dissidente de l’Église catholique romaine, ni aux détestables et méprisables mouvements néo-païens racialistes européens. Le christianisme breton (ou ce qu'il en reste) est fondamentalement un christianisme cosmique et populaire. Ici ni repli sur soi, ni fascination pour la "race".  Ce christianisme là n'est pas un christianisme moral, mais allez faire comprendre cela à la fois à des chrétiens traditionalistes et à des gauchistes athées (2). Outre le fait qu'il soit imprégné d'éléments pré-chrétiens, il présente un bon nombre d’éléments relevant de la pensée mythique.  Sans nier l'historicité du Christ, la dimension trans-historique du personnage de Jésus-Christ imprègne le caractère populaire et cosmique de ce christianisme rural. Une forme de christianisme que nous retrouvons partout à travers le monde et, par exemple, dans cette Roumanie encore rurale (n'en déplaise aux géographes propagandistes post-marxistes "fascinés par la ville", il existe encore en Europe un "rural isolé", un "berceau civilisationnel" en partie préservé, matrice des peuples ou "vagina gentium"), en Transylvanie, en Moldavie ou dans les Maramures.

Or donc, pourquoi l'ange psychostase qui pèsera l'âme des morts lors du jugement dernier est-il si présent sur cette partie de l'écorce terrestre ?  Des prophéties (Marie-Julie Jahenny) et la tradition populaire indiquent que la Bretagne sera épargnée des "derniers événements" à la fin des temps. On comprend le pourquoi de cette protection par Belenos et saint Michel si l'on sait que c'est cette terre qui a vu naître la grand-mère de Jésus (origine bretonne de Jésus-Christ). Enceinte de Marie avant son départ de Plonévez-Porzay en Finistère elle débarque en Galilée (proximité étymologique avec le mot Gaule ?) pour mettre au monde la mère du sauveur de l'humanité. La Bretagne est, ainsi, véritablement à la fois centre du monde et centre de l'univers (pas d'ethnocentrisme ici, il faut comprendre qu'il existe une multiplicité de "centres"). On peut dire que la Bretagne est marquée par la croix de l'archange et du dieu gaulois et se trouve être sous  le signe d'un dieu de lumière. Par cette croix c'est l'intégralité du territoire breton qui est sacré. Et les habitants passés, présents et futurs, plus généralement ceux qui trouvent "refuge" en Bretagne, sont sanctifiés par la présence éternelle de sainte Anne (qui finira ses jours en Bretagne (3)) et de son petit-fils -dieu incarné dans la chair- venu lui rendre visite. 
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(1) Le Mont fut breton par le Traité de Compiègne de 867 sous le règne de Salomon (Salaün en breton), roi de Bretagne, assassin d'Erispoé fils de Nominoë. Avec ce traité, le royaume de Bretagne atteint son expansion territoriale maximale. Outre le précieux Mont-Saint-Michel, c'est tout l'Avranchin, le Cotentin et les îles anglo-normandes qui passent sous domination bretonne. Quelques années auparavant Salaün obtient un territoire compris entre les rivières de la Sarthe et de la Mayenne.


Ajoutons. Il y a beaucoup trop  à dire sur la manipulation actuelle des identités régionales fortes par les forces mondialistes dont l'Europe communautaire est un des vecteurs. Cette manipulation s'exprime aussi à travers la promotion de la création des "métropoles" et la réforme des collectivités territoriales en France. Cette volonté de court-circuiter, in fine, l'échelon étatique français ne rappelle que trop le jeu des Anglais en Bretagne il y a des siècles, voire des Allemands durant la seconde guerre mondiale. Rien qui puisse annoncer une "renaissance" bretonne ou celtique car il s'agit bien d'un asservissement complet et définitif de ces régions à des forces qui leur sont, en réalité parfaitement hostiles. Autrement dit euro-régions, pièges à cons !
Deux cartes à comparer : celle de l'Europe des SS avec celle du "projet européen post-1945"...Vers une Europe des ethnies sous contrôle germano-étasunien...

(2) Nous prenons simplement l'exemple de deux types de populations aux antipodes l'une de l'autre. Nous ne sommes ni de ces "dominicains" chrétiens bourgeois dénaturant le message du Christ par leur sectarisme ni de ces "staliniens" rejetant le religieux par "principes" tout aussi sectaires (en termes d'intolérance, ils se valent autant) décrétant le vrai et le faux, l'acceptable et le méprisable ou encore ce qui est doit être politiquement classé à "droite" ou à "gauche" en termes de valeurs....à la manière des curetons d'autrefois ou de certains évangéliques de nos jours, faisant la part entre les œuvres de Dieu et celles du diable...Souvent, des obsessionnels laïcards, dans le second cas, manipulant et adaptant la laïcité pour (mal) dissimuler leur haine du religieux, du spirituel et par incidence de l'histoire des peuples européens. Très et trop Français.

(3) La Bretagne est la seule terre  sur laquelle est apparue la grand-mère du Christ. Anne apparut au paysan-cultivateur Nicolazic en 1625. Depuis lors la commune de Sainte-Anne-d'Auray est un lieu de pèlerinage pour les chrétiens, catholiques romains essentiellement. 

(A) NB : l'hypothèse attribuant une filiation étymologique entre le nom du l’ilot Tombelaine situé à proximité du Mont et le dieu Belenos semble avoir été abandonnée (tombe de Belenos...)...Qu'on nous explique alors cette croix de Belenos qui signe le territoire breton en tenant compte des éléments présentés ci-avant...