: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

vendredi 14 mars 2014

Marxisme-léninisme, marxisme clouscardien, socialisme anti-progressisme : filiations et ruptures radicales


Quelques notes inspirées, après être tombé sur un "nid de buses progressistes-productivistes" (1) niant l'existence des "classes moyennes" et focalisé sur le clivage classe ouvrière/bourgeoisie (et donc incompréhension de l'idée du travailleur collectif, ensemble organique réunissant le manuel et l'intellectuel). Il va sans dire que ce discours méprisant le "réel actuel" relève du crétinisme marxiste-léniniste dogmatique et poussiéreux (2). Les analyses de Clouscard -que ces idéologues ignorent royalement- ont bien montré l'existence de cette classe moyenne, certes hétérogène (il faut donc parler de classemoyennes, de couches moyennes), aujourd'hui hégémonique, clientèle du "marché du désir" selon la formule chère à l'auteur et qui, de par sa toute puissance, a entraîné un nouveau clivage centré sur la division production/consommation depuis des décennies (à partir de la date symbolique de 1968).  Clouscard est, certes, un progressiste-productiviste et de ce point de vue là, il reste fidèle au "marxisme prométhéen" (pléonasme?), mais tout son mérite est d'avoir montré que d'une part, le projet marxiste est compatible avec la démocratie et d'autre part d'avoir démontré qu'un certain nombre de positions sectaires lénino-staliniennes n'ont plus à rien à faire dans les mouvements politiques qui se réclament de Marx. 

Cependant, on a AUSSI le droit de douter d'un certain nombre de ses positions. A titre d'exemple significatif, les raisons avancées par Clouscard expliquant les raisons pour lesquelles on dégraisse dans les entreprises et on délocalise ne sont pas validées par les évolutions des politiques économiques actuelles. Ainsi, on ne délocalise pas, de plus en plus pour des raisons de destruction de l'environnement dues aux productions industrielles et la pollution générée par celles-ci (disons qu'elles peuvent constituer une excuse et il est vrai que le discours "écologiste" émerge politiquement et médiatiquement en pleine crise du capitalisme dans les années 60, l'idéologie 68arde viendra à son secours avec son discours "idéaliste" et "libérateur") mais bien plutôt et toujours exclusivement pour des raisons de coût de la main-d'oeuvre. Inutile de dire que Clouscard fustigeait tous les mouvements décroissantistes (qu'on ne confondra pas, comme prennent plaisir à le faire les économistes libéraux, keynésiens et les pseudo-écolos "durables" de gouvernements, avec l'absence de croissance actuelle ou la récession) et est resté sur cette ligne dure productiviste... Si l'industrialisation et la machine (sanctifiéés par les marxistes et les capitalistes) (3) ont permis à l'homme de le mettre à l'abri de la pénurie (c'est loin d'être vrai partout, cf. l'ex-bloc communiste), on peut douter que celles-ci continuent très longtemps à assurer cette "protection". Comment croire, aujourd'hui, à la croissance d'une production industrielle illimitée (pour produire quoi, d'ailleurs?) dans un monde aux ressources naturelles limitées, à une croissance infinie dans un monde fini ? Il reste que Clouscard est assurément un des rares penseurs marxistes qui nous soit contemporain à avoir produit une somme d'analyses parfaitement géniales et fulgurantes concernant la nature du néo-capitalisme dont l'origine est à rechercher dans l'imposition du  le Plan Marshall  et qui s'affirme de manière autoritaire  et sans fard par mutation dans la contre-révolution capitaliste de Mai 68. Nous connaissons la suite...

Il faut alors, à l'évidence, porter une attention particulière aux propos de Michéa qui défend le socialisme sans le "progrès" et qui remet à leur place les "progressistes" (sociaux-démocrates ou (néo-)marxistes révolutionnaires) en leur "demandant" de faire preuve de plus d'humilité, les considérant comme dogmatiques et figés, croyants fanatiques dans le "culte du progrès" et du demain sera toujours meilleur qu'aujourd'hui et des lendemains qui chantent... En effet, à l'épreuve de l'histoire, cette "religion du progrès" est loin d'avoir fait montre d'une réelle pertinence. Et là, il faut considérer avec intérêt les thèses des décroissants anti-productivistes qui ont, forcément, aussi à voir avec cette "décence commune" (cf. paragraphe 4). Autant dire que la figure du "producteur" au sens marxiste ne fait l'objet d'aucun culte parmi les décroissants. En tout cas, le  "producteur" pour les décroissants n'est pas de même nature que celui des progressistes. Certains hurlent à la réaction, au poujadisme à la lecture des thèses décroissantistes, pourtant Poujade le défenseur du petit commerçant parasitaire qui accumule du capital sans produire est bien loin de l'idéal prôné  par ceux qui refusent la croissance illimitée (et la croissance du capital, fait en effet partie de ces "croissances non désirables ou désirées"). Il y a beaucoup à dire à ce sujet...

Par ailleurs, les progressistes ont toujours fait comme si l'être humain était dénué de toute âme, de tout désir de transcendance ou d'attachements à des lieux, à des personnes à des traditions, des valeurs et on sait à quel point Marx, par exemple, méprisait ces paysans dont les "comportements conservateurs"  ne pouvaient s'expliquer que par l'abrutissement propre à une existence campagnarde. Finalement, sur ce point le discours libéral de droite ou de gauche est le même. que celui de Marx et de nombre de marxistes. Ces progressistes n'ont d'ailleurs toujours pas saisi que ce petit peuple (4) méprise et méprisait ces adorateurs du progrès du fait de leurs discours ethnocidaires. Il faut, ici, rappeler le rejet des thèses des révolutionnaires français chez une large part des paysans de l'ouest de la France...ou de celles des communistes est-européens par les petits paysans des Balkans ou des Carpates... 

Enfin, on dira que le militantisme à gauche (voire le militantisme tout court) a toujours séduit ceux que la "vie intérieure" terrifie...

Lisons donc Michéa, et ce passage tiré de son dernier livre qui illustre et synthétise fort bien sa pensée :
"S'il y a une chose qui devrait être universellement claire -après un siècle d'errements et d'échecs du mouvement révolutionnaire- c'est que le monde ne pourra véritablement changer en bien (et aucun "sens de l'histoire" ni aucune théorie du "progrès" ne peuvent garantir mécaniquement cette issue désirable) que s'il change simultanément par en bas et par en haut, et que si chacun, par conséquent, est disposé, dans sa vie quotidienne à y mettre un peu du sien. Les révolutionnaires "professionnels" qui ne rêvent quant à eux, que de 'saisie jacobine de l'Etat' (Guy Debord) devraient bien plutôt s'interroger sur leur propre rapport personnel à la volonté de puissance et à la common decency (décence ordinaire)" Michéa J-C, Les mystères de la gauche, De l'idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, Flammarion

Michéa nous dit -sans rejeter Marx, mais les marxistes certainement- l'intérêt qu'il y a à (re-)découvrir les  penseurs du socialisme, du syndicalisme révolutionnaire, de l'anarcho-socialisme, tels Georges Sorel ou Pierrre Joseph Proudhon et en général les socialistes pré-marxistes ou utopiques  en se réfèrant donc, en partie (car l'idée d'un progrès continu présent dans ces doctrines doit être remise en cause, plutôt Fourier que Cabet donc sur ce point) aux théoriciens pronant une révolution socialiste pacifique. Une des idées- forces de ces doctrines est que la création de communautés socialistes  au sein de la société capitaliste permettrait la disparition de cette dernière. Michéa ne considère pas, pour autant que ces "communautés intentionnelles" seraient suffisantes pour "renverser" le système capitaliste. Les expériences menées dans "communautés néo-rurales" et autres les "communautés hippies", par exemple, ont, en effet, largement montré leurs limites et, surtout, leur dimension "petite-bourgeoise" mais aussi "parasitaire" (installation dans la misère rurale grâce à l'exode post-1945). La sortie du capitalisme selon Michéa est donc bien un compromis entre deux "intentions" (cf. supra) et passe obligatoirement par une révolution anthropologique totale.

(1) Finalement, j'y ai retrouvé le discours bien trop fréquent du bon gros beauf bien con et d'autres frustrès (toutes étiquettes politiques confondues, soyons justes) qui méprisent le travail et les professions  intellectuels et... surtout les "humanités" et dans ce cas, avec pour seule "culture" celle du militant de gauche radicale (tout est dit). Et on sait à quel point cette engeance, si prompte à "fasciser" ce qui s'écarte seulement d'un iota de sa ligne idéologique, a toujours eu la mentalité policière... On n'insistera pas sur la dimension "bouffe-curé" du discours de ces personnes. Simplement, l'anticléricalisme (comprendre anti-catholique ; le catholicisme étant à peu  près la seule branche confessionnelle du christianisme dont ils aient entendu parler) en 2014 en France, c'est plus qu'une lutte de retard, cela relève, bien plus, de la pathologie, de la névrose obsessionnelle...disons même de la connerie la plus crasse.

(2) "La vérité est que les innombrables intellectuels anglais [NDA : français conviendrait très bien] qui baisent  le cul de Staline ne sont pas différents de la minorité qui  fait allégeance à Hitler ou Mussolini, ni des spécialistes de l'efficacité qui, dans les années vingt, prêchaient le "punch", le "nerf", la "personnalité" et le "soyez un loup!" Orwell, G.

(3) Quel que soit le mode de production l'abrutissement du travailleur reste le même. Collectivisation = fordisme=toyotisme=technicisme=aliénation. Ajoutons que les pays dits "socialistes" (Europe centrale et orientale + URSS)  n'ont jamais dépassé le stade de la "dictature du prolétariat", en réalité celle du Parti donc d'une clique de profiteurs-parasites

(4) On ne fera pas non plus de ce "petit peuple" une figure christique, lui aussi compte son lot de racistes, de crétins à préjugés et d'irrécupérables prêts à tendre le bras de manière à faire un angle de 45° avec l'horizon devant le premier chef vaguement charismatique qui se présentera à lui. Seulement, Orwell et Michéa considèrent que c'est parmi ce "petit peuple" que l'on trouve le plus fréquemment ces comportements de "décence ordinaire", d'authencité et d'adhésion à ce concept fondamental maussien du "donner, recevoir et rendre"...On sait également que Guy Debord était beaucoup moins optimiste que Michéa quant à la fréquence de l'adhésion de ce "petit peuple" à ces valeurs...

mardi 11 mars 2014

Chateaubriand, Haute-Bretagne, croix de saint Michel-Belenos...et autres sites sacrés (II) Chapelle Saint-Michel et autels tauroboliques du Mont-Dol, Mt-St-Michel...



A considérer la présence de deux autels consacrés aux sacrifices sanglants sur le Mont-Dol (1), le site fut assurément  un haut-lieu pour les cultes païens dans la région. A la religion propre aux hommes de la civilisation mégalithique (2) succéda, certainement, le culte druidique dédié au dieu Taranis (père de Belenos) et sans doute à Belenos lui-même, même si peu d'experts académiques font mention de son nom  (on a, pourtant, suffisamment montré l'équivalence des "qualités" entre le dieu solaire Belenos et l'Archange Michel) a laissé place à celui de Jupiter (Mont-Dol portait l'antique nom de Mont-Jovis, cf. (1)) lors de l'occupation romaine puis à celui de Cybèle réclamant des sacrifices équinoxiaux de taureaux. Mais, peut-être que le culte rendu à Mithra, dieu principal d'une religion proche-orientale importée en Europé par des légionnaires romains aux IIe et IIIe s. fut le seul à succéder à celui de Taranis-Belenos puis Jupiter.  De nombreux éléments du  mithraïsme ont, d'ailleurs, largement imprégné le christianisme.  Ces éléments sont suffisamment connus pour que nous soyons dispensés de les mentionner. En outre, l'analogie entre Mithra,  vainqueur du taureau et saint Michel Archange terrassant le Satan ou le dragon (ou Satan transformé en dragon) est asssez frappante...(la comparaison entre l'existence de Mithra, dieu solaire, né au moment du solstice d'hiver avec celle de Jésus-Christ l'est encore plus). C'est d'ailleurs suite à ce combat mythique, cosmique que fut bâtie l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Sur ce dernier, deux menhirs ou un dolmen aujourd'hui, évidemment, disparus attestent d'une présence humaine très ancienne (néolithique, et même palétolithique avant les bâtisseurs de mégalithes, donc ).  Quand au VIIIe s., Aubert, l'évêque d'Avranches est appelé par l'archange pour bâtir un lieu de culte consacré à saint Michel (3), il lui est donné l'ordre d'abattre les pierres païennes, il découvre en même temps un taureau. D'ailleurs, ces pierres du néolithique ont-elles été ensuite consacrées au Dieu Lug, autre Dieu solaire gaulois, équivalent du Mercure romain, tous deux des êtres divins ailés...comme saint Michel ? Ajoutons que Mercure est un dieu médecin comme Taranis...confondu plus tard avec... Jupiter...

Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que là où saint Michel passe, les taureaux et les dolmens trépassent...On sait, à quel point le christianisme eut du mal à s'imposer dans les campagnes, bretonnes notamment. Le récit faisant intervenir l'archange venu sur terre combattre le satan (les paganismes) a donc largement servi pour l'évangélisation des peuples attachés aux anciennes croyances. 
Sans doute que les parallèles, en termes de qualités archétypales, faits entre créatures païennes et chrétiennes ont évolué au fil des siècles, selon les besoins et donc selon le dégré d'enracinement des croyances antiques ou d'attachement à tel ou tel dieu chez le bas-peuple. C'est-à-dire qu'à chaque fois que les chrétiens rencontraient une divinité païenne, ils l'incluaient au sein  des légions de saints, d'anges ou de démons et/ou transposaient les attributs de certains de ces dieux dans le  système chrétien de croyances et de valeurs, pour faciliter l'éviction des cultes anciens les plus tenaces. En somme, une ligne à suivre pour enraciner le christianisme dans les campagnes : éliminer la concurrence...païenne...

(1) Il faut sans doute également reconnaître dans Mont-Dol, le mot breton "dol", signifiant table comme dans dolmen (dol et men, table de pierre), le Mont-Dol serait, en acceptant cette filiation étymologique, le "Mont Table". Il faudra revenir sur un certain nombre de toponymes  : Mt-St-Michel/tombelaine->mont tombe/tombe de Belenos (hypothèse étymo. abandonnée rappelons-le), le petit Bé, le grand Bé (îles malouines)->Bé pour Bélénos...Mais aussi, sachons que le nom du  Mont dédié à l'archange portait le nom de Mont Gargan avant le XIIIes. Cette appelation fait évidemment référence au légendaire Gargantua dont la tombe est...sinon le Mt-St-Michel, sur le Mont. Le géant est un être psychopompe (un guide) comme Michel peut l'être en même temps que ce dernier est psychostase. 
Le culte de saint Michel apparaît, d'ailleurs, en Europe au Mont-Gargan (Monte Sant'Angelo) en Italie au Ve siècle. Tous les lieux dédiés à Gargantua semblent avoir été conscacrés ensuite à saint Michel...Sachons aussi que, parfois, Gargantua est confondu avec un dragon...Le même que saint Michel Archange aurait terrassé ?
Ce que nous avons là, c'est au moins, la preuve que certains dieux et personnages des panthéons païens sont susbstituables à d'autres...

(2) Les pays de Bretagne portent le plus riche témoignage de celle-ci. Localement, en Ille et Vilaine : présence de ruines d'un cromlech sur le Mont-Dol, menhir du champ Dolent, allée couverté de Tressé... tel est le décors de l'arrière-pays du Mont-Saint-Michel, dont l'ensemble forme vraisemblablement un complexe religieux très sophistiqué dont la signification oubliée laisse le champ libre à toutes sortes de théories ("système zodiacal", "géométrie mégalithique", etc.). 
Nous concernant, nous nous sommes contentés, pour le moment, de d'écrire que l'ensemble Mt-St-Michel-Tombelaine/Mont-Dol est la partie de la grande croix de St Michel et Belenos orientée selon un axe sud ouest/ nord est.

(3) La ferveur païenne sur le Mont avait vraisemblablement diminué, peut-être disparu depuis deux siècles car saint Etienne était honoré en ce lieu avant la révélation d'Aubert...

à suivre... 

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samedi 8 mars 2014

Chateaubriand, Haute-Bretagne, croix de saint Michel-Belenos...et autres sites sacrés (I)

François-René de Chateaubriand et sa description romantique de ses promenades en ce lieu mythique qu'est le Mont-Dol, au moment où il est pensionnaire au collège de Dol-de-Bretagne.

Chateaubriand évoque ici, un pan de l'histoire des pays du nord de la Haute-Bretagne, méprisée par les Jacobins. L'écrivain situe, par ailleurs, la forêt de Brocéliande sur un territoire s'étendant du nord de l'actuelle Ille et Vilaine  à partir du pays de Saint-Malo jusqu'à  Rennes au sud en passant par Dol et Combourg, et délimitée à l'est par la forêt de Fougères et à l'ouest par un "axe" reliant Dinan à Bécherel (la question de la localisation de la forêt de Brocéliande fait toujours débat). Chateaubriand raconte qu'au XIIe s., cette forêt servit de champ de bataille aux Bretons de Domnonée luttant contre les Francs. La Domnonée est cette zone qui vit débarquer au VIe des Bretons insulaires fuyant les invasions anglo-saxonnes. C'est cet espace qui s'étend du Trégor au pays de Dol, traversant le Goëlo et le Penthièvre, autrement-dit l'essentiel de la côte nord de la Bretagne qui constitua un royaume fondé par le Breton Riwal au VIe s.

(Scans : Mémoires d'outre-tombe (Tome I), 1849, de François-René de Chateaubriand)


A quel autre écrivain faudrait-il faire appel pour trouver plus beau tableau de ces pays du nord-est de Haute-Bretagne ? Ecriture, manifestation d'un inconscient bouillonnant projeté sur le réel, plus qu'une description froide d'un paysage élaborée par un géographe prosaïque, ces pages parlent, en tout cas, certainement bien plus à l'autochtone sensible aux lieux, dont les ancêtres s'installèrent sur ces terres il y a des siècles et des siècles de cela qu'à une personne étrangère aux endroits dépeints...même si cette dernière aura peu de mal à s'immerger dans cette géo-histoire, cette nature bretonne (anthropisée depuis des millénaires mais violentée comme jamais depuis l'après-guerre) et à l'investir étant donné l'inimitable façon, propre à ce génie né à saint-malo en 1768, de (d-)écrire et de nous faire voyager avec lui. 
Enfin, celui pour qui un territoire n'est que le support matériel de son existence n'entendra, évidemment, rien à toutes ces considérations...


Ci-dessous, un extrait de l'ouvrage  de P. Bézier  "Inventaire des monuments historiques du département d'Ille et Vilaine" édité en 1883 dans lequel est mentionné l'antique chapelle dédiée à saint Michel Archange située au sommet de Mont-Dol. Le Mont-Dol (1)est un de ces 
sites remarquables, à l'histoire oubliée, constituant un des points formant la grande croix de saint Michel qui est également la croix de Belenos signant la terre bretonne (Voir notre article du 27/10/2013)




Au sommet du Mont, une pierre attire l'attention du visiteur. Elle a la particularité de porter une marque suffisamment atypique  pour se voir attribuer une origine suprahumaine. "Griffe du Diable", "patte du Diable", "pied du Diable" étant les dénominations les plus fréquentes pour la qualifier. Plus rarement, le stigmate porté par le rocher est attribuée à l'action de l'Archange Michel. 
Dans tous les cas, ce que nous dit l'attention portée à ce rocher et à cette signature, c'est que chaque fois que l'être humain rencontre un "objet" ou un "sujet" remarquable disons singulier, il l'inclut dans un récit mythique pour expliquer sa "venue au monde". Et dès que ce récit perd son caractère acceptable, il devient légende (cf. Infra).
C'est bien le cas ici, au Mont-Dol et de fait au Mont Saint-Michel (l'histoire des deux monts étant liée) avec ce récit mythique narrant le combat entre le chef des milices célestes Michel et Satan qui explique l'état de la pierre. Un combat mythique, c'est-à-dire toujours renouvelé (éternel), toujours d'actualité...pour le croyant en tout cas.
 A travers, ce mythe -tardivement devenu légende face au recul du paganisme et de l'acceptation des croyances chrétiennes parmi le peuple- c'est bien sûr,  la christianisation des monts (voir le récit chrétien de la fondation du Mont St-Michel par l'évêque d'Avranche) et la volonté de diaboliser des croyances païennnes qui nous sont présentées. 


(1) Il y a 7500 ans, à la fin de la dernière glaciation, le Mont-Dol était un île et il y a 30000 ans le Mont-Saint-Michel, très au sud dans les terres par rapport à la mer,  était parfaitement émergé.

à suivre...

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vendredi 28 février 2014

Victoire euro-atlantiste en Ukraine ?! Pas si sûr...


Il serait bien prématuré de présenter des conclusions définitives sur la situation en Ukraine. Cependant, à suivre le déroulement des événements de ces derniers mois jusqu'à  ce jour, nous avons au moins la confirmation d'un certain nombre de faits sur la nature profonde de l'Union européenne et des Etats-Unis de fait (mais c'est loin d'être une révélation) ET des objectifs de ces derniers en Ukraine.  Ensuite, on ne peut qu'élaborer des scénarios. Le premier, s'il venait à devenir réalité, verrait le recul de l'influence de la Russie en Ukraine, ce qui ne serait guère à l'avantage des Européens de l'Ouest et de l'Ukraine (chantage économique). Le second part du principe que la Russie ne laissera pas les factions séditieuses de l'Etranger étasunoccidentales prendre le contrôle total de l'Ukraine. La "stratégie mondialiste" anti-russe échouerait alors lamentablement


I- Ce qui est désormais certain (ou confirmé)

- L'Union Européenne est bien une structure fantoche,  pseudo-démocratique et pseudo-humaniste téléguidée par Washington. Les "démocrates" euroétasuniens s'accommodent, en effet, fort bien avec la pire racaille nazie, antisémite quand cela arrange leurs affaires. "Sieg heil salutes and the Nazi Wolfsangel symbol have become an increasingly common site in Maidan Square, and neo-Nazi forces have established “autonomous zones” in and around Kiev." Et ces groupes ou sympathisants nazis constitueraient près de 30% de l'ensemble des protestataires d'Euromaidan (A). Nous pouvons en conclure que cette lutte à l'interne contre l'antisémitisme et les partis souverainistes (même groupusculaires et de gauche), en France par exemple, ne sont que des postures visant à discréditer toute idée d'émancipation vis-à-vis de la tutelle atlanto-germano-bruxelloise.
-Les Etats-Unis -"plus grande démocratie du monde"- soutiennent les coups d'Etat et le terrorisme qu'il soit de nature fasciste (Ukraine) ou islamiste (Tchétchénie...avec l'aide des Saoudiens). Et à ce propos, nos humanistes larmoyants traitant Poutine de "tyran" ou de "dictateur" se taisent...
-La "conquête de l'Est" par les Allemands est une vieille histoire et qui n'est toujours pas terminée. La construction européenne ne serait qu'une revanche du IIIe Reich, par procuration...Soulignons aussi que la construction européenne, présentée par ses défenseurs comme remède aux "nationalismes exacerbés" (du catéchisme pour benêts) s'est largement compromise avec "l'idéal fasciste" (l'Europe aryenne d'Hitler, voire la timide dénazification de l'administration allemande après-guerre)...
-Les Etasuniens, les Allemands, les Polonais (on parle des gouvernements ici), les nationalistes et les néo-nazis ukrainiens communient dans une même haine anti-russes (B) Pour ces pantins néo-nazis de l'impérialisme euroccidental, le peuple russe est impur car  il contient des éléments "asiatiques"
.

II- La situation à ce jour en Ukraine dévoile encore un peu mieux le complot euro-étasunien et de 
la "Banque" ayant engendré cette nouvelle (contre-)"révolution"

- Arsenyi Yatsenyuk, membre du "parti Orange" de la corrompue Iulia Timochenko et ancien ministre (2005-2007) et ancien employé de Goldman Sachs a été nommé premier ministre de l'Ukraine.
-John Kerry a promis un milliard de dollars à l'Ukraine par le biais des institutions financières habituelles. Le "sauvetage" de l'Ukraine par la mise sous tutelle de l'Ukraine par le F.M.I. et la Finance. La ruine du pays suivra pourtant même avec cet argent (une "carotte"), à n'en pas douter...
-Outre les catholiques, et gréco-catholiques nationalistes ukrainiens, la minorité Tatare de Crimée (10% de la population péninsulaire) est utilisée par l'union des "complotistes" de l'intérieur et de l'extérieur pour s'opposer à la populations russe (60% de la population criméenne) de la région. Les oligarques euro-atlantistes pratiquent là un de leurs jeux préférés : manipuler et opposer les différents groupes ethniques et/ou religieux au sein des Etats constitués. (voir les guerres yougoslaves des années 1990)


III- Ce qui pourrait survenir en cas de non-réaction de la Russie ( peu probable ?)

Si les forces russophiles et démocratiques de la partie Est et Sud-Est de l'Ukraine et la Russie ne réagissent pas à ce coup d'Etat. Si une coalition (sans doute hétéroclite-> union nationale : des libéraux aux éléments nationalistes et fascistes (C) ) anti-Russes s'installe durablement à Kiev, parmi les conséquences on peut craindre :
-La perte catastrophique pour la Russie de la Crimée, des bases navales de la mer Noire de la Flotte de la Fédération de Russie. Par suite, la mise en place de bases de l'OTAN dans cette zone. La Flotte de la mer Noire est basée dans le port de Sébastopol qui appartient en partie à la Russie (14 000 militaires et 380 bâtiments de guerre). Mais on voit mal les Russes déguerpir avec leurs sous-marins sous le bras. De toutes façons, il existe un accord entre l'Ukraine et la Russie concernant la gestion d'une partie du port de Sébastopol...Les Russes sont, en réalité, chez eux à Sébastopol, mais, sait-on jamais...
-La création de centres de formation pour les terroristes (la Crimée a déjà son lot d'islamistes) basés en Ukraine et financés par l'administration étasunienne, l'Arabie Saoudite et les Emirats pour gangréner un peu plus le Caucase et  le bassin de la Volga, donc la Russie...   
-Un naufrage économique de l'Ukraine déjà lourdement endettée et en quasi-faillite. La Russie refusant désormais de venir en aide à Kiev suite au changement de gouvernement (seul 3 des 15 milliards de dollars d'aides prévus avant la crise ont été versés). Développement exponentielle de "mafias", malgré l'intervention d'un F.M.I. (cf. partie 2) qui a "fait ses preuves" en Grèce par exemple...
Un scénario à la "yougoslave" en somme :  une Ukraine toujours divisée socialement, ethniquement et sur l'appartenance religieuse. A la faveur du chaos déjà réel dans l'ouest du pays,  une épuration ethnique et l' élimination physique des populations russophones dans l'est et le sud de l'Ukraine, provoquant des déplacements massifs de populations. Soit une ukrainisation forcée de la partie orientale et sud du pays. La destruction progressive de toute empreinte de la religion chrétienne orthodoxe en Ukraine orientale notamment. Autrement dit : la guerre.


IV- Ce qui pourrait arriver si la Russie réagit en coordination avec les forces légalistes pro-russes

-Prise de pouvoir en Crimée (République autonome d'Ukraine) par les forces d'auto-défense pro-Russes (les Russes y sont majoritaires). Ce jeudi 27 février 2014, le parlement a un nouveau président pro-russe du parti des Régions de Ianoukovitch. Le drapeau russe flotte sur le parlement de Crimée à Simferopol. Le parlement s'est réuni le 27 février pour fixer la date d'un référendum à propos du statut de la Crimée. Et le pouvoir central provisoire de Kiev ne semble, donc, pas maîtriser la situation dans la péninsule à ce jour. La population pro-russe s'organise de manière autonome et défie le pouvoir central. Plus qu'une autonomie accrue de la péninsule, va-t-on vers une sécession de celle-ci avec le reste de l'Ukraine ?
-La Russie et les Ukrainiens(-Russes) hostiles aux formations qui souhaitent diriger l'Ukraine s'accordent donc  pour sauver la Crimée des mains du nouveau pouvoir à Kiev. Intervention directe de l'armée russe pour protéger la zone (Sébastopol...). Dans ce cas, il est à peu près certain que ni les Etatsuniens ni l'Union européenne ne se permettront de contrer militairement la Russie ; une troisième guerre mondiale étant quasiment assurée dans le cas contraire. Mais, déjà ces insupportables donneurs de leçons américains mettent en garde, sans aucune honte : "Toute intervention militaire qui violerait la souveraineté, l'intégrité territoriale de l'Ukraine, serait une grave erreur" (John Kerry, février 2014). Alors que ce sont les Etats-Unis qui sont largement impliqués dans ce coup d'Etat en Ukraine...
-Des mouvements de troupes russes à l'ouest et au centre de la Russie sont, par ailleurs, en cours (27/02). Cela n'a rien d'exceptionnel. Mais dans ce contexte de crise, ce qui s'apparente pour l'instant à une démonstration de force, mènera-t-il à une invasion d'une partie du territoire ukrainien par l'armée russe (autant dire entrée en guerre contre l'Ukraine et les forces de l'OTAN). Mais, sans doute, que la dramatisation n'est pas de mise ?!...
-A court terme : création de deux entités. La première : L'Ukraine ukrainienne de l'Ouest formée sur la base d'une légitimité vaguement historique (influence lituano-polonaise), la seconde passerait définitivement sous protection russe, sous la forme d'un Etat indépendant pro-russe (ou annexion-> peu probable) qui correspondrait donc à la partie est et sud-est du pays. Concernant, la deuxième entité territoriale, peut-être correspondrait-elle uniquement à l'actuelle Crimée. 
-Sur le moyen à long terme : Indirectement, les fauteurs de guerres euro-atlantistes et leurs pantins "orange" et  néo-nazis pourraient donner corps à une grande Russie : la partie orientale (et sud-est) ukrainienne rattachée à la Russie permettrait de faire la jonction jusqu'à la Transnistrie pro-Russe. Renforcement de l'axe ou de la ligne de front eurasiste : Moscou-Minsk-Simferopol-Tiraspol.
La  Russie serait alors plus forte que jamais depuis la dislocation de l'Union soviétique. Cela constituerait un véritable camouflet pour les forces impérialistes euroccidentales. On peut même imaginer que la création cette nouvelle fédération russe (tout au moins cette union pan-russe) porterait un coup d'arrêt aux manipulations eurotanesques en Europe centrale et orientale et à la stratégie d'encerclement de la Russie.







Carte front pionnier eurasien/eurasiatique, février 2014. Le front pionnier de l’Eurasie à la date du 27 février 2014 

En conclusion : Nous avons confirmation que la véritable Europe se trouve bien plus à Moscou qu'à Bruxelles. La "Troisième Rome" est un des centres de cette Europe charnelle et spirituelle (comme peut l'être la Roumanie malheureusement bien trop russophobe et fascinée par "l'Amérique") aux antipodes de cette Europe américaine pilotée par les techno-gestionnaires bruxellois aux ordres des guerriers de Washington aux mains pleines de sang. Les nations d'Europe occidentale autant que celles des ex-démocraties populaires n'ont rien à gagner à rester sous la domination matérialiste impéraliste molocho-mammonite actuelle....
Enfin, être dans le "camp russe" (puisqu'il faut désormais raisonner en ces termes et sans donner de blanc-seing à Poutine) c'est s'opposer aux "marchands", c'est se positionner pour une Europe des nations souveraines qui veulent rompre leurs chaines imposées par leurs maîtres banquiers et européotanesques.

(A) source : Blumenthal (M.) "Is the US backing neo-nazis in Ukraine?", 24/02/2014,  http://www.alternet.org/tea-party-and-right/us-backing-neo-nazis-ukraine)
 (B) On signalera également, encore une fois, la bêtise crasse de certains nationalistes européens, notamment Français, qui ont applaudi au déboulonnage des statues de Lénine en Ukraine (ce vieux fond anti-communiste pathologique) par les insurgés anti-Ianoukovitch. Ces "natios" toujours à s'extasier devant n'importe quels ahuris sous prétexte qu'ils défient l'Union européenne (Aube Dorée en Grèce, le Jobbik ou l'irrédentiste Orban en Hongrie...) et qui appellent à "l'union de patriotes européens" sans même se poser la question si ces "patriotes" (au passage le terme patriote n'appartient sûrement pas à ces formations clairement néo-fascistes ou néo-nazies) partagent les mêmes intérêts.
 En effet, à titre d'exemple Orban et le Jobbik réclament les territoires perdus par la Hongrie, notamment la Transylvanie et s'opposent par incidence aux mouvements nationalistes roumains (Parti de la Grande Roumanie, Noua Dreapta/Nouvelle Droite) qui portent une haine atavique à l'égard des Magyars de "l'intérieur" et de "l'extérieur". Pareillement, quelle entente possible entre les néo-oustachis croates, les partisans d'une Grande Albanie incluant le Kosovo et les nationalistes serbes ?
Il n'y a évidemment pas de possibilité d'union de TOUS les "patriotes", ou alors de manière tout à fait ponctuelle. Dans tous les cas, cette "union des patriotes européens" ne peut se faire qu'une fois débarrassée de ses stupides éléments racistes et irrédentistes et devrait nécessairement être un "front" créé sur  une base socialiste et religieuse (le projet communiste athée, plus grand monde n'en veut d'ailleurs) et non crétinement ethnique. Il faudrait aller vers la construction d'une "théologie de la libération européenne ou eurasiatique" en somme...
(C) Les libéraux finiront-ils par marginaliser, au moins, les éléments extrémistes qui ont participé au coup d'Etat ? Rien n'est moins sûr...

mercredi 26 février 2014

La Lumière s'est éteinte...

Paco de Lucia*, le virtuose, rénovateur de la guitare flamenca est mort. Inutile de se perdre en éloges dithyrambiques, il suffit de l'écouter...

...par exemple, sur ce titre (et l'album Friday Night in San Francisco, 1981) enregistré en public en 1980  qui déplait tant aux critiques "pisse-vinaigre".
Quelques titres de ce guitariste révolutionnaire, ainsi que deux documentaires :
Rio ancho, 1976 (Le thème est repris sur Mediterranean sundance version "Friday...")
Là, un enregistrement studio avec Al di Meola : Mediterranean sundance sur l'album "Elegant Gypsy", 1977



Lien :
 Al di Meola sur la mort de Paco de Lucia

* On en parle un peu  ici. Comme quoi son influence est immense et traverse tous les courants musicaux... 

samedi 1 février 2014

Ukraine : nouvelle agression impérialio-messianique au coeur de l'Europe



I-L'administration étasunienne et les ONG manipulent les "Euro-maïdan"



Les barbares de Washington-Bruxelles(-Berlin) sont une nouvelle fois complices, sinon les fomenteurs, d'une guerre civile, cette fois en Ukraine. Ils propagent encore le choléra "orange-brun", nouvelle tentative, cette fois-ci plus musclée de faire tomber, un régime dorénavant favorable à la Russie. 


Qu'ont à voir les Etasuniens dans cette histoire ? C'est simple. Ils ont "partout". Relisons d'abord ce qu'écrivait Zbigniew Brzezinski dans son ouvrage "Le Grand Echiquier" (1997) : " Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire, mais elle le devient automatiquement avec une Ukraine subornée, puis subordonnée ". Mais aussi "l'Eurasie reste l'échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale (...) quiconque contrôle ce continent contrôle la planète". L'objectif des Etasuniens est avoué et parfaitement clair. Encercler la Russie, contrôler le Rimland. Tels sont les buts de la puissance thalassocratique étatsunienne. Un "bloc eurasiatique" uni porterait un coup d'arrêt à la politique impérialiste etasunoccidentale. En décembre, le sénateur républicain et ancien candidat à la présidentielle américaine John McCain était en Kiev et a déclaré aux insurgés pro-euro-atlantistes (1) qu'ils avaient "le soutien des Etats-Unis"C'est ce même cow-boy qui, en Lybie en 2011, avait appelé les Russes "à s’armer et à tuer Poutine comme l’avait été Kadhafi"...Cela ne fait que confirmer les buts de dominations avoués par Brzezinski.
L'Association Project on Transitional Democraties qui a financé toutes les "révolutions colorées'" (Ukraine, Georgie, Kirghizstan) s'appuie sur l'USAID ( Agence des Etats-Unis pour le développement international), et des ONG (Fondation Soros, Freedom House) pour "arroser" de millions de dollars les activistes anti-russes favorables aux intérêts atlantistes, mais aussi la "presse d'opposition indépendante" (sic), et les instituts de sondages lors des échéances électorales...Ces organisations sont évidemment toujours actives en Ukraine. 
II-Une Ukraine indispensable à la Russie et aux Etats-Unis...




Sans l'Ukraine (pour les Russes le peuple ukrainien est un peuple frère), la Russie perd un accès à la Mer Mediterranée et aux "mers du sud" via la Mer Noire (importance de la Crimée). Plus de 60% des échanges commerciaux ukrainiens se font avec la Russie. La question énergétique est aussi centrale dans la relation entre les deux Etats. Si on change d'échelle, on sait que la Russie essaie de créer une entente, en partie réalisée, avec d'anciennes républiques socialistes soviétiques : l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan. En somme, les enjeux géopolitiques ou géostratégiques sont énormes pour la Russie et l'Ukraine orthodoxe russophone. 

L'Ukraine est donc bien au cœur de ce "nouvel" affrontement Est-Ouest (avait-il seulement cessé depuis 1991 ?). Les élections de 2010 ayant été un échec pour les nervis "orange-brun" suppôts de l'union euro-atlantiste, ces guerriers impérialistes appellent désormais à l'insurrection en Ukraine. Les EUA et l'Union européenne ont, en effet, perdu leur agent en 2010 : le président atlanto-européiste Viktor Iouchtchenko qui, au passage, a réhabilité durant son mandat la figure du nazi ukrainien Bandera (2). Les oligarques qui ont soutenu le président Ianukovitch tant qu'il allait dans le sens de leurs intérêts (tournés vers l'Euroccident) l'ont désormais lâché face à la volonté du chef d'Etat de défier Bruxelles et se tourner vers Moscou. Cette clique oligarchique soutient désormais les opposants au régime en place, et Vitali Klitchko est le nouveau poulain des barbares euro-mondialistes. 

III-Une géographie électorale reflet des clivages ethnico-religieux ukrainiens sur lesquels s'appuient les forces atlantistes

La géographie électorale de l'Ukraine atteste d'une division du pays.... sur laquelle les fauteurs de guerre habituels vont s'appuyer et... manipuler. Cette géographie électorale reflète assez bien les clivages socio-ethnico-religieux du pays. Les opposants à Ianukovicth résident majoritairement dans la partie ouest de l'Ukraine nationaliste, catholique qui est la plus occidentalophile. Dans la partie orientale chrétienne orthodoxe, la plus russophone et russophile, on trouve les meilleurs soutiens au chef d'Etat actuellement en place. Une zone orientale à la culture ouvrière fortement enracinée et plutôt nostalgique de l'Union soviétique. Le centre de l'Ukraine est quant à lui peuplé de populations de religion grecque-catholique ou uniate. 


Document 3 : carte ethnolinguistique de l'Ukraine
  

La stratégie du nation building pourrait fonctionner encore une fois dans ce contexte ukrainien.

Et, même si Poutine semble mépriser le président actuel le trouvant bien trop affairiste et manipulateur à son goût, la Russie a bien compris le danger de laisser-faire ces factions séditieuses téléguidées par Washington et leurs sous fifres d'Europe occidentale. 

IV-Le monde chrétien orthodoxe est une des cibles privilégiées du bloc euro-germano-étasunien 


Des contre-révolutions de la fin des années 80 dans les démocraties populaires et URSS à la crise ukrainienne actuelle en passant par l'agression militaire contre la Serbie ("une agression du plus pur style hitlérien " selon Zinoviev) par le bloc euro-germano-étasunien, les mêmes acteurs sont à la manoeuvre.

Alors pourquoi cet acharnement de la part des barbares anglo-saxons, germains et de leurs sous-fifres ?
Parce que les valeurs de l’orthodoxie chrétienne sont incompatibles avec le projet messianique de "nouvel ordre mondial". Zbigniew Brezinski, élément majeur de l’Etat profond étasunien affirmait, par exemple, en 2007 que : "Le principal ennemi de l’Amérique est désormais l’Eglise orthodoxe russe".

N'en déplaise aux matérialistes (marxistes ou bourgeois) purs et durs, l'orthodoxie chrétienne est le ciment de nombreuses nations est-européennes. C'est bien l'appartenance religieuse et donc ce vieux fond pagano-chrétien orthodoxe propre aux civilisations rurales d'Europe centrale et orientale qui prime sur la conscience de classe, malgré l'arrogance des nouvelles aristocraties d'argent qui ont émergé dans ces pays dans les années 1990 et malgré toutes les humiliations subies par ces populations du fait de l'avènement du capitalisme sauvage. Ce sont peut-être les valeurs de l'orthodoxie chrétienne qui seront le fer de lance des révolutions anti-capitalistes futures dans ces ex-démocraties populaires et en Russie...et qui gênent, de fait, les matérialistes bourgeois euroccidentaux.

Ici, l'analyse marxiste montre donc toutes ses limites. Les attaques de natures diverses (par la guerre civile larvée ou la séduction/protection de l'OTAN-UE) à l'encontre d'Etats de culture chrétienne orthodoxe sont une constante. Que nous le souhaitions ou non, nous sommes face à un conflit civilisationnel et nos médias et politiciens euro-étasuniens veulent d'ailleurs absolument nous convaincre de sa réalité. Certains en ont décidé ainsi. Lire la situation actuelle en Ukraine à la lumière de cette grille de lecture ne signifie pas souhaiter ou adhérer à ce "choc". Force est d'admettre, pourtant, que c'est bien cette vision géopolitique qui guide la politique étrangère étasunienne aujourd'hui (3). Plus que des sytèmes économiques ou des "modes de production" antagonistes qui s'affronteraient, c'est bien un impérialisme matérialiste euroccidental (on incluera les Etats matérialistes arabo-wahabites) qui a pour projet de détruire un monde spiritualiste (malgré l'imprégnation de l'occidentisme capitalo-communiste dans l'aire civilisationnelle est-orthodoxe) de type chrétien orthodoxe (et en partie mulsulman).

En conclusion : des questions.

 Jusqu'où iront ces agents subversifs américains, leurs amis nazis manipulant bon nombre de ces manifestants pro-UE ? Comment réagira la Russie si le président actuel est destitué au profit de Klichtko ou tout autre nervi euro-atlantiste ? Se dirige-t-on vers un scénario à la Yougloslave ? Plus encore. Les Etats-Unis ruinés, au bord de l'implosion et du chaos social veulent-ils porter -avec la complicité des l"Europe communautaire- la "guerre civile" en Europe qui leur permettrait de sauver leur système militaro-totalitaire et le culte du veau d'or ?


(1) Qui se pose la question de savoir pourquoi des Ukrainiens auraient massivement le désir de rejoindre une Europe communautaire à l'agonie ?
(2) Bandera est la figure tutélaire du parti Svoboda, parti national-socialiste qui fait partie de la coalition hétéroclite hostile au pouvoir actuel.
(3) Précisons, toutefois, qu'Huntington ne mentionne pas originellement la "civilisation orthodoxe" et qu'il souhaitait une politique étrangère US pro-russe au début des années 90. En outre, la Grèce incluse dans le monde euro-étasunien selon ce même géopolitologue est fortement liée au monde chrétien héritier de Byzance. Ajoutons qu'Huntington réduit le "monde musulman" à un bloc uni, ce qui ne correspond pas à la réalité objective. En somme, on ne peut pas dire que les administrations américaines (et l'Etat profond) aient suivi à la lettre ce que le politologue préconisait.

Out of Time - Barren Cross (Album State of Control) 1989