: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

lundi 29 septembre 2014

Déconstructions mortelles - Mort de l'homme

A travers la philosophie du refus du "binarisme" (homme/femme, masculin/féminin, majeur/mineur, professeur/élève, coupable/victime, etc.) des penseurs déconstructionnistes (Derrida-Deleuze-Foucault...) et de tous leurs épigones, il y a cette volonté de destruction de la famille, des villes et des campagnes, de la nation, de l'Etat, de l'Ecole, du langage, de la justice et un désir...de disparition des adultes et...des enfants, implictement de mort/meurtre du "père". 
"On ne sait plus rien..." Il s'agit ni plus ni moins d'une entreprise hautement perverse et criminogène ayant pour résultat autant la catastrophe anthropologique actuelle (il n'y a plus d'adultes, mais des ados attardés narcissiques, bloqués au stade pré-oedipien, névrosés, dépressifs, dénués de surmoi et "accessoirement" dépolitisés) que la liquidation de l'Etat social (et non pas "Etat-providence" car il n'est pas tombé du ciel, et l'expression sert à dissimuler l'histoire des luttes sociales) au profit d'instances supranationales et de puissants réseaux d'acteurs privés (le fonctionnement horizontal, en réseaux...). En somme, la philosophie "pratique" (ou foir'fouille philosophique) deleuzophrénique -le confusionnisme- c'est celle du néo-capitalisme. 

Le corollaire de cette situation, c'est évidemment toutes les impostures "novlangagières", l'ésotérisme socio-philosophique parfaitement abscons, logomachique (l'intellectuel incompris qui ne trouve pas d'interlocuteur à sa hauteur "vous êtes des cons, vous ne comprenez pas ce que je dis", soit la posture du rebelle institutionnalisé) (1), la spontanéité jaillie des profondeurs ("littérature", "peinture"...) (2), le raisonnement par l'absurde, l'illogisme mais aussi par extension "l'esprit d'équipe" (le patron-copain, collaborateur et non plus extorqueur de la "plus-value"), les techniques de management, avec comme objectifs : empêcher le retour au réel (le retour du réel se fera, pourtant, par la force des choses...), la re-politisation des masses (l'accès à une conscience politique), par suite dissimuler des faits fondamentaux : les véritables dominations, la violence des rapports de classes...Enfin, on sait, par contre, combien ces intellectuels penseurs-caméléons (nombreux parmi les universitaires de gauche) peuvent redevenir très terre-à-terre, laisser de côté leur verbiage déconstructeur (et leur "boîte à outils" foucaldienne), surchargé et indifférent au réel, et se faire très concret quand il s'agit de gravir les échelons académiques et "soigner" leur carrière. Là, il n'est, évidemment plus question de "déconstruire", d'analyser, de réévaluer, rééxaminer  son propre rapport à "l'instinct de puissance"... En définitive, ces maquisards d'amphithéâtres ne sont que des trissotins des cabinets d'aisance de tous les pouvoirs.

(1) Cette domination des logorrhées derrido-deuleuziennes dans les discours universitaro-culturo-mondains  est d'autant plus totale qu'elle a trouvée peu de téméraires (en dehors des Clouscard, Quine, Michéa, Bricmont-Sokal dans une certaine mesure...) en mesure d'en effectuer la critique radicale (Ai-je bien compris?). En effet, l'opacité de ces écrits "postmodernes" décourage rapidement toute initiative de...déconstructions de ces déconstructions ; celui qui s'attellerait à une telle tâche courant le risque de passer pour un imbécile "non-sachant" s'exposant aux sarcasmes de sophistes pleins de morgue, conspédants aux raisonnements vicieuxés ("ceci n'est ni un mot, ni un concept, ni un jeu de mots", Derrida...)...Au coeur de la théorie du langage de Derrida on dit : on ne peut saisir immédiatement  le sens d'un discours ou ce que nous sommes sans passer par des médiations, je ne suis pas ce que je pense être "je est un autre" en somme (même si "je" n'existe pas selon Deleuze...). Bien pratique pour tous ces imposteurs puisque je n'assume plus ce que j'écris, ni ce que je suis... Nous ne parlons pas ici de personnes atteintes de certaines pathologies qui se manifestent entre autres par des idées et un discours délirants, mais bien de ces "intellectuels" pour qui l'incohérence des paroles et des écrits sert à dissimuler une absence d'idées et à dire à peu près n'importe quoi (vacuité intellectuelle), en somme l'intellectuel simplement névrosé -et conscient de l'être- qui se prend pour un schizophrène : POSTURE ET IMPOSTURE. Ainsi, plus c'est illisible, plus la mystification peut durer...et l'inintelligibilité du discours présenté comme subversion pour échapper à la "normativité langagière" est évidemment pure escroquerie...

(2) On est évidemment bien loin des mouvements du style "surréalisme" avec des précurseurs comme Baudelaire ou Mallarmé. Dans ce cas, le rejet de la rationalité, le détricotage du langage, le "cassage des codes" étaient sérieux et sincères puisque d'une part, ces artistes possédaient une culture classique, avaient "fait leurs Humanités" et bien sûr, cause première de cette rébellion, ils avaient vécu l'abomination d'une période historique à laquelle ils ne trouvaient aucun sens, aucune raison d'être, aucune justification d'où leur rejet d'un monde soi-disant rationnel.  D'autre part, ils étaient les premiers à s'engager sur cette voie de l'affranchissement d'avec la raison. Cependant, cette approche a montré ces limites et est, rapidement, devenue caduque. Pourtant, c'est sur cette voie sans issue créatrice, désormais pure imposture (l'art contemporain et le chaos créateur qui n'aboutit après des décennies à aucun renouveau) que s'engagent encore aujourd'hui toutes ces légions d'artistes improvisés qui ne possèdent aucun des repères culturels de leurs aînés (le faux "délire créateur"...)...

Voir : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/09/notre-epoque.html



samedi 27 septembre 2014

Elections présidentielles en Roumanie (2014), Victor Ponta-Klaus Iohannis : un programme commun en matière de politique étrangère

Aux pages 19 et 20 du programme de Victor Ponta, candidat pour le PSD (Partidul Social Democrat), le mieux placé, à cette date, pour remporter la présidentielle roumaine, on lit que ce dernier prolongera la politique de soumission de la Roumanie à l'Euro-atlantisme. En effet, Ponta, s'il est élu continuera, si on s'en tient à la lecture de son programme, d'une part à consolider l'axe Bucarest-Londres-Washington privilégié par Basescu et d'autre part, à approfondir le processus d'intégration communautaire (entrée dans la zone euro sous 5 ans) de l'autre.
L'Union européenne donc, pour les fonds de développement, l'OTAN pour la sécurité nationale. A l'est, rien de nouveau... Ponta, le premier ministre, si critique à l'égard de Basescu maintiendra donc, à l'instar de son faux-ennemi, la Roumanie sous tutelle euro-mondialiste. 
Dans ce même programme, on lit que la Roumanie privilégiera les relations avec la Pologne au sein de l'Union (et implicitement avec les Pays baltes). Quoi d'étonnant ? La Pologne est sans doute l'élève le plus obéissant au sein du système germano-étasuno-bruxellois. Pareillement, le sous-axe géostratégique  Baltique-mer Noire qui passe par...l'Ukraine, nécessaire au renforcement de l'espace tampon Union europénne-Russie sera également une priorité, avec au sud un nécessaire partenariat renforcé avec la Turquie.
Le programme de Ponta :
http://victorponta.ro/materiale/program-prezidential-victor-ponta.pdf

L'adversaire (1) direct de Ponta, c'est Klaus Iohannis, maire très apprécié de la ville de Sibiu, ex-président du FDGR (Forumul democrat al Germanilor din România-Forum démocrate des Allemands de Roumanie), candidat pour le PNL (Partidul National Liberal)...Et là, pas de surpise, pour Iohannis, la ligne à suivre est la même que celle de Ponta : privilégier le partenariat, ou plutôt, disons-le, la domination étasunienne sur la Roumanie. Rien ne distingue les deux candidats en matière de politique étrangère : les Etats-Unis d'Amérique sont le grand allié de la Roumanie. Dans chacun des programmes des deux candidats, cet état de  fait est mentionné en gras. Aucune ambigüté. En résumé, l'est-europééen et la Roumanie, ont besoin d'un message ferme de la part des Etats-Unis d'Amérique pour faire face -c'est écrit en termes à peine voilés- au "péril russe"...
Le programme de Iohannis :
http://www.pnl.ro/pagina/programul-politic-al-presedintelui-pnl-klaus-iohannis

A l'issue de cette présidentielle, quel que soit le résultat, la feuille de route des anglo-étasuniens concernant la consolidation du protectorat est-européen post-1989, sera respectée. La crise russo-ukrainienne, loin d'être un contretemps, n'est rien d'autre qu'une des modalités possibles pour la mise en place de ce nouvel espace géopolitique postcommuniste pro-étasunien et finalement de ce plan de domination de l'anglosphere sur l'Europe tout entière (Russie incluse...).


(1) Un bien grand mot... Adversaire pour le poste de gouverneur de cette province du global state, certes, mais nullement adversaire idéologique...

Voir aussi :





mercredi 24 septembre 2014

Karl Marx, Michel Clouscard et Jean-Claude Michéa contre la gauche

Marx et Clouscard ne s'attaquent pas aux réactionnaires de leur époque, mais à la gauche qui leur est contemporaine. Ainsi, Marx ne fustige pas Bonald ou de Maistre, tout comme Clouscard ne fait pas une fixation sur Le Pen. Pour Marx, "être de gauche", c'est appartenir au "camp des bourgeois". Pour Clouscard, qui produit évidemment une analyse réactualisée des rapports de classes et de productions, mais également des clivages politiques, le problème (entendre l'adversaire du prolétariat -de fait du socialisme- dont il donne une définition élargie par rapport à celle des marxistes-idéologues) depuis 1945 et surtout depuis 1968, ce n'est pas la vieille bourgeoise gaulliste, bonapartiste ou le "nationalisme intégral" maurrasien dont il ne reste plus rien, mais le freudo-marxisme (la gauche sociétale-libérale) avec Deleuze, Foucault, Derrida...(des "néo-fascistes" ou "pré-fascistes"...on pourra toujours discuter de l'apppelation...) et par incidence les pseudo-clivages et catégories d'analyses créés par la "nouvelle gauche" : homme/femme (le féminisme), les "jeunes", les minorités sexuelles, ethniques, religieuses qui taisent et nient donc la lutte des classes. De même, le travail de Jean-Claude Michéa s'attache à démonter, avec des références différentes (Mauss, Orwell, Debord, Lasch, Caillé...) de celles du précédent cité,  l'imposture freudo-marxiste autrement dit le triomphe du libéralisme libertaire soit du néo-capitalisme né de la collusion entre la droite patronale, des affaires, et la gauche dite libertaire, qui s'incarne sur le plan intellectuel à travers l'alliance de l'économiste de droite et du sociologue (ou tout autre chercheur en sciences sociales) de gauche.
Par ailleurs, ajoutons que les belles âmes de gauche ont, visiblement, grand mal à comprendre que critiquer la gauche ne veut absolument pas dire être de droite, si cette distinction a un sens...Et, c'est tout le travail, finalement, des deux sus-cités que de confirmer l'obsolescence de cette distinction, voire sa facticité. 

El dia de la bestia, 1995


samedi 20 septembre 2014

La vision du monde d'un pubard de gauche...


Le film "la vie est un long fleuve tranquille", résume à lui seul, la vision de la société française des  gauchistes-pubards (ex-?)mitterrandiens, néo-sarkhollandais. Nous aurions donc d'un côté les beaufs avinés "allocataires" qui croupissent dans leur HLM et de l'autre une bourgeoisie française catholique conservatrice et, implicitement, au-desssus de cette "lie", une néo-bourgeoisie post-68arde éclairée, essentiellement composée de cadres sup' du tertiaire...

Lors d'un entretien donné à la sortie du film sur support DVD, le publicitaire Chatilliez affirme s'être inspiré de ses observations sur la bourgeoisie catholique lilloise pour écrire son scénario. Il nous présente alors ses conclusions de sociologue de caniveau en affirmant que les  bourgeois catholiques n'ont pas de "tradition culinaire" que tout ce qui ce rapporte au "plaisir" leur est odieux.  L'ethnologue improvisé dont les analyses sont à peu près du même niveau que celles du tonton Albert quand il se met à causer "politique et société" en fin de repas, poursuit en affirmant s'être rendu à la messe avec la co-scénariste du film et surprise : le rite catholique a évolué ou du moins n'a-t-il rien à voir avec la réprésentation qu'il en avait...Eh oui, depuis Vatican II, c'est-à-dire depuis les années 60,  autrement dit la préhistoire pour un bo-beauf , sans racines, sans passé, sans patrie, autrement dit sans qualités comme aurait dit Robert Musil, la messe catholique romaine a considérablement évolué. Chatilliez semble avoir découvert avec stupeur "qu'on se sert la main" durant l'office  (la paix du Christ...).

Ce qui ressort de cet entretien, c'est l'image d'un réalisateur inculte, arc-bouté sur des préjugés monstres, en retard d'une critique de la vieille bourgeoisie française réduite à une bande de "peines à jouir". 

Chatiliez, avec "La vie est...", produit donc une œuvre complaisante et faussement subversive (caricaturer des cathos et des chômeurs dans quel but sinon encourager les rires gras ?) pour satisfaire un public qui a la même analyse méprisante et réductrice d'une société française fantasmée.
  
Il est bien évident qu'au moment où le film est tourné -à la fin des années 80- cette bourgeoisie là, n'est plus dominante. Lui, ce pubard fait, par contre, sans nul doute, partie de cette nouvelle bourgeoisie libérale libertaire gagnante sur tous les plans (social, politique, culturel...)...qui regarde ces deux mondes -à savoir celui des pauvres et de ce reliquat de bourgeoisie conservatrice catholique- de  (très) haut et avec un  immense mépris propre à cette néo-bourgeoisie qui ne lit rien, pense tout savoir, totalement dénuée de toute curiosité intellectuelle, n'a rien compris au  monde dans lequel elle vit mais impose, pourtant, sa lecture du monde...et ses choix politiques (triomphe de la fausse conscience politique libérale libertaire depuis 40 ans)...